Chapitre 5

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Sahar gémissait de douleurs, incapable d'accepter la mort de son amie. Elle ne connaissait pas les circonstances de sa mort et elle savait que cela resterait un mystère pour toujours. 

Les autorités de ce pays ont pour unique but d'éradiquer tous ceux qui ne pratiquent pas la religion hindoue.

La haine envers ceux qui ne partageaient pas la même religion était devenue la norme dans ce pays. Les autorités semblaient ignorantes des droits fondamentaux de l'homme, préférant se concentrer sur leur mission d'éradiquer toute différence

Elle sentait une profonde tristesse mêlée à une colère brûlante.

Son tour viendrait probablement. Et cela plutôt qu'elle ne le pensait, car elle n'aurait point osé envisager qu'une personne proche d'elle pourrait se faire tuer à cause de sa confession de foi qui est différente.

Sa tête la faisait terriblement souffrir à cause de la violence dont son père avait fait preuve envers elle.

Les larmes coulaient sans relâche sur ses joues alors qu'elle se remémorait les moments passés avec son amie. Elles avaient partagé tant de joies et de peines, tant de rires et de larmes. Elle ne pouvait pas accepter que tout cela puisse se terminer si brusquement.

Elle sentait un poids écrasant sur ses épaules, mais elle refusait de se laisser écraser.

Elle savait que la route serait longue et périlleuse, mais était prête à faire face aux obstacles qui se dresseront sur son chemin. Elle ne laisserait pas sa foi, ni la tragique perte de son amie, être en vain.

Éreintée, elle s'endormit sur le sol froid et cuisant de sa chambre, le visage mouillé de larmes et le cœur toujours lourd.

Tandis qu'elle était plongée dans un sommeil léger, un raclement à la fenêtre se fit entendre. Sahar se réveilla brusquement.

Elle se leva en titubant et se dirigea en direction de la fenêtre en bois, sévèrement endommagée. Le vent passait à travers les fendillements.

Elle replaça le rideau correctement afin d'empêcher le passage du vent. Elle alla s'installer sur son lit et replongea aussi tôt dans un profond sommeil.

Vers l'aube, une chose d'étrange se produisit, elle avait l'impression de dormir et d'être éveillée à la fois. Un frisson d'épouvante parcouru son corps, tous ses os tremblaient.

Elle sentit une main rugueuse effleurée son visage, hérissant tous les poils de son corps.

Elle ouvrit brusquement les yeux, ses pupilles dilatées cherchant la source de cette sensation. Mais la pièce était plongée dans l'obscurité, seules quelques faibles lueurs de la lune éclairaient faiblement son environnement.

Son cœur battait la chamade, sa respiration s'accéléra. Elle tenta de calmer ses nerfs à vif, persuadée que son imagination lui jouait des tours. Mais le contact squameux persistait, caressant doucement son visage avec une insistance effrayante.

Elle eut alors la sensation d'être observée, comme si une présence invisible la fixait intensément. Son instinct de survie la poussa à se lever et à chercher une explication rationnelle à ce qu'elle ressentait.

Dans une tentative désespérée de trouver une issue à cette situation, ses mains tremblantes se dirigèrent vers l'interrupteur. Mais la pièce resta plongée dans l'obscurité, l'électricité semblait avoir été coupée.

La panique l'envahit davantage.

Une voix murmura dans l'ombre, douce, mais glaciale, telle une caresse mortelle. Niellée d'une noirceur sinistre qui la glaçait jusqu'à l'os.

« Une créature si fragile, qui n'est que poussière et que l'on peut écraser tel un vermisseau, peut-elle servir Dieu ? »


Des frissons d'effroi se répandirent dans son corps, ses jambes flageolèrent devant cette menace invisible. Son esprit était envahi par une terreur indescriptible, mais au plus profond d'elle-même, une lueur de résistance persistait.

Elle rassembla toute la force qui lui restait et tenta de prendre le contrôle de la situation. D'une voix tremblante, mais déterminée, elle répliqua :

— Qui es-tu ? Montre-toi !

Le silence s'installa, comme si le monde retenait son souffle. Puis, elle vit une forme, une ombre qui se tenait debout devant son lit. Elle ne pouvait voir à quoi il ressemblait, mais cette apparition étrange dura devant ses yeux pendant un moment.

Après un instant, une brise glaciale envahit la pièce, emportant avec elle la présence oppressante. La main rugueuse disparut, laissant Sahar dans une solitude angoissante.

Elle se tint là, au milieu de cette pièce sombre, tremblante, mais résolue. Tandis que la voix de son père s'éleva, la faisant sortir de sa torpeur.

— Ne m'as-tu pas entendu toquer à ta porte ? Questionna-t-il en ouvrant la porte de la chambre de Sahar.

Elle se frotta les yeux avant de lui répondre, comprenant qu'elle n'avait pas rêvé.

— Je suis navrée, je n'avais pas entendu. S'empressa-t-elle de répondre tandis que son père se baissa pour ramasser la Bible de la jeune fille.

Elle le regarda impuissante. N'osant pas lui demander de la lui rendre, redoutant qu'il la violente comme hier soir.

— J'espère que tu as bien réfléchi à ta conduite, commença-t-il en s'approchant de sa fille.

— Qu'entends-tu par réfléchir ?

— Ne te fiche pas de moi Sahar! J'espère que tu as pris le temps de songer à tes actions et à tes choix, ta désobéissance coûte cher à toute la famille, répondit-il d'un ton sévère.

Sahar baissa les yeux, sentant la culpabilité l'envahir. Elle savait qu'elle avait créé des problèmes et des tensions au sein de sa famille à cause de ses décisions. Mais elle ne pouvait pas se résoudre à se conformer à ce que son père voulait d'elle.

— Je ne cherche pas à me moquer de toi, papa. Mais je ne peux pas être ce que tu veux que je sois. J'ai besoin de liberté, de pouvoir choisir ma propre voie, expliqua-t-elle d'une voix tremblante.

Son père se redressa, ses yeux lançant des éclairs de colère.

— Ta liberté se trouvera dans l'obéissance et l'acceptation de notre tradition, Sahar. Nous avons des responsabilités envers notre famille, notre communauté. Tu ne peux pas simplement les ignorer, rétorqua-t-il d'un ton accusateur.

Sahar sentit les larmes monter, mais elle les refoula, ne voulant montrer aucune faiblesse.

— Je sais que tu penses agir pour mon bien, papa, mais je ne peux pas vivre ma vie en étant constamment opprimée et étouffée. Je veux être moi-même, poursuivre mes rêves, prendre mes propres décisions, argumenta-t-elle avec détermination.

Son père la regarda d'un regard dur, bouillonnant de frustration.

— Tu ne peux pas comprendre, Sahar. Tu es trop jeune, trop naïve pour voir les conséquences de tes actions. Je ne peux pas te laisser te perdre dans un monde qui est étranger à nos valeurs, déclara-t-il avec amertume.

— Je suis chrétienne maintenant, prononça Sahar.

— Une hindoue qui change de religion et devient chrétienne, ça n'existe pas !

— Bien sûr que c'est possible, papa.

— Tais-toi ! Va te préparer, ton futur mari sera là pour le déjeuner. Je ne t'ai pas bien élevée, peut-être que ton mari saura rattraper mes erreurs.

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant