Chapitre 35

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— Où iras-tu? Les frontières sont toujours fermées.

— Je ne suis pas encore certaine de ma destination, répondit-elle en fixant le roi, cherchant dans ses propres pensées une réponse qui se refusait encore à elle.

Sahar le regarda, ses yeux dévoilant un mélange de détermination et de confusion. Elle savait qu'elle devait partir, mais la réalité de son choix se faisait de plus en plus pressante.

— Je pensais peut-être postuler pour l'hôpital royal et y travailler en tant qu'infirmière.

— Est-ce nécessaire de quitter le palais pour cela?

La voix d'Édrei, bien que douce, portait une tension cachée, une imploration silencieuse. Il voulait comprendre, peut-être même espérait-il trouver une raison qui la convaincrait de rester. Mais Sahar savait que sa décision allait bien au-delà d'un simple choix de carrière.

Elle releva les yeux pour rencontrer son regard, cherchant à y puiser la force de prononcer ce qu'elle s'apprêtait à dire. Mais dans les yeux d'Édrei, elle ne trouva que douleur et incompréhension. Cela lui serra encore plus le cœur. Comment expliquer à cet homme, qui avait tant fait pour elle, que rester au palais serait pour elle une forme de prison ?

— Oui, murmura-t-elle finalement, la voix vacillante. Oui, c'est nécessaire. Parce que ce palais, aussi magnifique et réconfortant soit-il, est aussi l'endroit où je me perds. Je ne sais plus qui je suis. . .

Elle sentit une larme trahir sa détermination et rouler sur sa joue, mais elle n'y prêta pas attention. Elle continua, sa voix se faisant plus forte, comme si elle essayait de se convaincre elle-même autant que lui.

 —Je dois partir pour me retrouver, pour trouver un sens à ma vie qui ne soit pas uniquement défini par mon passé ou par ce que je pourrais être ici. L'hôpital royal, c'est plus qu'un travail pour moi. C'est une chance de me reconstruire, de me sentir utile et de donner un nouveau sens à mon existence.

Édrei écoutait en silence, mais son cœur se brisait un peu plus à chaque mot. Il aurait voulu lui dire que le palais pouvait être ce refuge dont elle avait besoin, qu'il était prêt à tout pour la rendre heureuse ici, mais il savait que ce n'était pas aussi simple.

 La tristesse se peignit sur son visage, marquant les traits de son visage d'une douleur qu'il ne cherchait même plus à dissimuler.

— Je comprends, répondit-il enfin, sa voix rauque. Mais, cela ne rend pas cette décision moins difficile à accepter. Je. . . je ne peux m'empêcher de penser que peut-être, si je t'avais offert plus de liberté, si je n'avais pas été si odieux avec toi lors de notre première rencontre , si je t'avais laissé plus d'espace pour être toi-même, tu n'aurais pas ressenti le besoin de partir.

Sahar sentit une boule d'émotion monter dans sa gorge. Elle aurait voulu le rassurer, lui dire que ce n'était pas sa faute, que son besoin de partir n'était pas lié à lui, mais à elle-même. Mais les mots semblaient lui échapper, se dérobant sous le poids de sa propre culpabilité.

— Édrei . . . Elle prononça son nom avec une douceur infinie, posant sa main sur sa joue. Tu m'as offert plus que ce que j'aurais jamais pu espérer. Ce n'est pas contre toi, ce n'est pas un rejet.

Le roi posa sa main sur la sienne, cherchant à se raccrocher à ce dernier contact, à cette chaleur qui lui donnait encore un semblant d'espoir. Mais au fond de lui, il savait que rien ne pourrait la retenir.

— Je t'aime assez pour te laisser partir.

Sahar sentit son cœur se serrer en entendant ces mots. La sincérité dans la voix d'Édrei, cette déclaration d'amour qui contenait en elle un adieu, était comme une lame traversant son âme. Elle avait espéré que le moment serait moins douloureux, qu'elle pourrait partir sans laisser trop de blessures derrière elle, mais elle réalisait maintenant à quel point cette séparation serait déchirante pour eux deux.

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant