Chapitre 20

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— Pourquoi cherchez-vous à me donner envie de vivre? Demanda-t-elle, d'une voix remplie de détresse.

— Mademoiselle Jain, écoutez-moi attentivement, prononça le roi en la saisissant par les épaules. La vie, malgré ses épreuves et ses tourments, recèle en elle une beauté et une grâce infinies. Ce sont nos moments de faiblesse qui nous permettent de trouver en nous des forces insoupçonnées, de découvrir la véritable essence de ce qui nous anime. Je sais que vous traversez des ténèbres en ce moment, mais vous n'êtes pas seule. Les ténèbres qui nous entourent peuvent sembler écrasantes, insurmontables. Mais rappelez-vous que même la nuit la plus sombre laisse place à l'aube.

— Je n'en peux plus. sanglota-t-elle, ses mots emplis d'une amertume profonde.

— Vous ne pouvez pas abandonner, murmura-t-il avec tendresse. Je ne peux pas imaginer la souffrance que vous endurez en ce moment. Néanmoins, sachez que vous n'êtes pas seule, répéta-t-il d'une voix douce, presque brisée par l'émotion. Je suis là, à vos côtés.

Sahar leva vers lui ses yeux emplis de douleur, cherchant en lui un écho à sa souffrance.

Mais devant la réalité implacable de la maladie qui l'emportait inexorablement, le roi sentit son cœur se briser un peu plus. La pâleur du visage de la jeune fille était évidente, l'ombre de la mort planant déjà sur elle, ce qui la plongeait dans un abîme de tristesse sans fond.

— Je suis désolée de vous décevoir, murmura-t-elle, sa voix à peine plus qu'un souffle, avant de s'écrouler soudainement dans les bras du souverain.

— Sahar ! prononça-t-il en la secouant, vainement. Il sentit comme un halo de tristesse s'abattre sur lui, obscurcissant sa vision et pesant sur son cœur déjà lacéré par la douleur. Son état était si terrible qu'elle ressemblait à une poupée de chiffon. Ses bras, sa tête et ses jambes étaient molles.

Il la souleva délicatement dans ses bras et se hâta de la faire conduire vers l'hôpital le plus proche. Son cœur était oppressé par la tristesse et la détresse qui se dégageaient de la jeune indienne.

— Vous ne pouvez pas vous diriger à l'hôpital ainsi sans vous faire remarquer, votre majesté. Lui indiqua son secrétaire qui essayait de le persuader de le laisser accompagner Sahar à l'intérieur à sa place.

— Vous avez raison Ehsan, dit-il en remontant dans la voiture. Faites-moi savoir tout ce que le médecin aura dit.

Les heures s'écoulèrent, interminables, emplies d'une angoisse palpable. Il se sentait vidé de toute énergie, comme si la tristesse de Sahar s'était insinuée en lui. Comment pouvait-il s'attacher autant à quelqu'un qu'il venait à peine de rencontrer? La tristesse qu'il ressentait était si profonde qu'elle sembla lui couper le souffle. Il resta dans la voiture à prier pour un miracle, cette rencontre ne pouvait pas prendre fin d'une manière si tragique...

Alors, dans cette voiture qui lui semblait de plus en plus étroite, il posa sa tête contre la vitre froide et ferma les yeux. Il pria, non pas pour lui, mais pour Sahar. Il supplia Dieu de lui accorder un miracle, de lui redonner la vie, de lui donner une chance de vivre cette rencontre qui s'annonçait déjà comme la plus bouleversante de sa vie.

Les minutes s'écoulèrent, interminables. Chaque seconde paraissait être une éternité, comme si le temps s'était arrêté pour mieux le torturer. Cette rencontre qui aurait dû être une aube radieuse, se profilait comme un crépuscule sans espoir. Pourquoi avait-il ressenti ce lien si fort avec elle en si peu de temps ? Était-ce vraiment elle?

Enfin, son secrétaire revint auprès de lui, le visage attristé et la voix empreinte de compassion.

— Le docteur dit qu'elle est dans un état critique, que les chances de survie sont minces.

La nouvelle frappa le souverain comme un coup de massue. Son cœur se serra encore plus fort dans sa poitrine, déjà oppressée par la tristesse qui l'avait envahi depuis que Sahar s'était effondrée dans ses bras. Les larmes menaçaient de franchir ses paupières, mais il se refusa à les laisser couler. Il se surprit à espérer contre toute logique, contre toute raison.

— Demandez à Esdras de se rendre à l'hôpital afin de prier pour elle, murmura-t-il d'une voix brisée. Nous avons besoin d'un miracle de la part de Dieu.

Le souverain, le cœur lourd et l'esprit troublé, resta assis dans la pénombre de la nuit qui enveloppait Talayeh, la capitale. L'incertitude et le regret le rongeaient, la peur de perdre Sahar le consumait peu à peu. Il repensait à leur brève rencontre, à la douceur de sa voix, à l'éclat de ses yeux lorsqu'elle lui avait parlé. Comment une telle connexion avait-elle pu naître en un si court laps de temps?

Au petit matin, alors que les premières lueurs de l'aube effleuraient les toits de la ville étincelante, son secrétaire revint vers lui, le visage marqué par la nouvelle qu'il portait. Son regard en disait long, les mots étaient superflus. Le souverain sentit son cœur se serrer douloureusement, la tristesse l'envahir comme une vague déferlante.

— Parlez Eshan ! Pourquoi restez-vous silencieux?

— Elle a repris conscience.

— Je sais qu'il y a un mais. Je vous prie de ne pas faire durer le suspens.

— Les nouvelles radios ont décelé un grossissement de la tumeur au point qu'elle touche désormais le nerf optique, ce qui provoque une cécité. Les médecins ne lui donnent plus que quelques jours à vivre.

— Est-ce qu'elle soufre? demanda-t-il en espérant que le jeune fille ne se laisse pas sombrer dans les méandres de la dépression.

— Elle reçoit trois perfusions de morphine pour la soulager, tant que sa douleur est intense. Elle demande à vous parler une dernière fois.

— Que dites-vous Eshan ? Une dernière fois?

Ces mots résonnaient en lui comme un glas funeste, annonciateur d'une fin imminente.

— Oui, elle dit que son temps est compté. Elle souhaite vous remercier pour tout ce que vous avez fait, pour votre soutien inconditionnel. Elle veut vous dire adieu.

Le souverain sentit une boule se former dans sa gorge, une douleur lancinante transperça son cœur.

Il se leva d'un bond, déterminé à se rendre immédiatement à l'hôpital pour être auprès de Sahar. Ses pas résonnaient dans les couloirs vides du palais, son esprit tourmenté par une multitude d'émotions contradictoires.

Arrivé devant la chambre dans laquelle Sahar reposait, pâle et fragile, il hésita un instant avant de rentrer dans la pièce. Les machines bourdonnaient, rythmant la vie qui s'échappait lentement de son corps meurtri.

— Mademoiselle Jain. . . Je suis là. prononça-t-il en posant son regard sur la jeune fille. Elle regardait un peu partout, ne pouvant savoir où il se trouvait exactement.

Elle sourit faiblement, une lueur de reconnaissance dans ses yeux désormais éteints par la cécité.

— Je vous remercie d'être venu, murmura-t-elle faiblement. Je voulais vous dire merci de m'avoir tant donné faim de connaître Dieu comme vous le connaissez. Je suis vraiment ravie de vous avoir rencontré même si le début de notre rencontre fut quelque peu chaotique.

Les mots se bousculaient dans la gorge du monarque, sa voix était nouée par l'émotion. Il s'approcha du lit, prit délicatement la main de Sahar dans la sienne, sentant sa chaleur fragile contre sa peau.

— Ne parlez pas ainsi, murmura-t-il, sa voix frémissant d'émotion. Vous ne mourrez pas, croyez-le!

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant