Chapitre 33

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Salut ! 

J'espère que vous allez bien. 

Je vous ai laissé l'image que je me fais d'Édrei comme je l'ai fait pour Sahar.  Dites-moi ce que vous en pensez. 

Est-ce ainsi que vous l'imaginiez?


Le lendemain matin, Sahar se réveilla avec une lourdeur dans le cœur, ses rêves perturbés par des souvenirs douloureux et des fragments de la soirée précédente. La conversation avec Ain lui avait apporté un peu de réconfort, mais elle ne pouvait se défaire de l'envie qui la rongeait, de la tristesse de ne jamais avoir connu l'amour inconditionnel que semblait offrir les gens qui habitaient ce lieu.

Après s'être habillée, elle se dirigea vers le bureau d'Édrei, espérant le trouver libre pour une discussion. En approchant de la porte, elle fut interceptée par un garde.

— Puis-je vous aider ?

— J'aimerais m'entretenir avec le roi, s'il vous plaît. dit-elle, tentant de cacher son anxiété.

Le garde secoua doucement la tête.

— Je suis navré, mademoiselle, mais personne n'est autorisé à se rendre dans le bureau du roi ce matin. Il a demandé à ne pas être dérangé.

Sahar sentit son cœur se serrer de déception. Elle hocha la tête en signe de compréhension et s'éloigna lentement.

Elle erra dans les couloirs du palais, ses pensées sombres l'envahissant.

Elle finit par se rendre dans les jardins, espérant trouver un semblant de paix parmi les fleurs et les fontaines. Le parfum des jasmins, qui lui avait semblé si apaisant la veille, semblait maintenant exacerber son sentiment de perte. Elle s'assit sur un banc, le regard perdu dans le vide.

Les souvenirs de son enfance, cette fois plus vifs et plus cruels, l'assaillirent sans relâche. Elle revit les moments où elle avait supplié sa mère pour une caresse, un sourire, et n'avait reçu en retour qu'indifférence et froideur. Le regard dur de son père, rempli de reproches et de dédain, la hantait encore. Elle se remémora les longues nuits passées à pleurer en silence, se demandant pourquoi elle n'était pas digne d'amour.

La comparaison avec la famille royale était inévitable et déchirante. Édrei avait grandi entouré d'amour et de soutien, chaque membre de sa famille jouant un rôle crucial dans son développement. Sahar, elle, n'avait connu que le rejet et la solitude. Les rares moments de bonheur qu'elle avait partagés avec ses sœurs semblaient pâles et insignifiants en comparaison.

Elle aurait dû se plaire dans ce splendide lieu, mais la tristesse envahissait son cœur; malgré sa beauté flagrante. Elle désirait tant quitter ce pays et ce lieu qui ravivait ses plus profondes blessures. Elle ferma les yeux, laissant les larmes couler librement. Le bruit apaisant de l'eau des fontaines ne parvenait pas à apaiser la tempête en elle.

Sahar se leva finalement, ses jambes lourdes de chagrin, et commença à errer sans but dans les jardins. Chaque fleur, chaque arbre lui rappelait le contraste entre ce qu'elle voyait et ce qu'elle ressentait. Elle traversa des allées bordées de roses, leurs couleurs vives et éclatantes semblant se moquer de sa douleur intérieure.

Elle finit par s'arrêter près d'un grand arbre, son tronc épais et solide offrant un semblant de refuge. Elle s'adossa contre lui, sentant la rugosité de l'écorce contre son dos. Elle ferma les yeux, essayant de trouver un semblant de calme, mais les souvenirs de son enfance continuaient de la hanter.

— Pourquoi est-ce si difficile ? murmura-t-elle, sa voix brisée par les sanglots. Pourquoi ne puis-je pas trouver la paix, même ici ?

Les jardins, aussi magnifiques soient-ils, ne pouvaient pas combler le vide laissé par des années d'absence d'amour familial. Elle ressentait une jalousie amère envers Édrei, envers cette vie qu'elle n'avait jamais eue et qu'elle ne pourrait jamais rattraper.

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant