Chapitre 6

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La jeune fille fut saisie d'effroi en apprenant qu'Adil venait aujourd'hui.

Son cœur s'emballa dans sa poitrine alors qu'elle sentait le poids de ce mariage qui semblait se concrétiser avec une vitesse fulgurante.

L'angoisse s'empara d'elle, telle une vague déferlante sur une plage déserte.

Elle acquiesça machinalement tandis que son père s'éloignait, ses yeux scrutant son visage avec une intensité glaciale. Sahar se sentait comme une poupée entre les mains de son destin, les fils invisibles de la tradition et de la famille tirant sur chaque fibre de son être.

 Elle avait toujours rêvé d'une vie différente, loin des traditions et des mariages arrangés. Elle ne voulait pas sacrifier sa liberté et son indépendance pour se plier aux attentes de sa famille.

Néanmoins, elle savait que son refus serait probablement au prix de sa vie. Les mariages arrangés ne faisaient pas partie de ses rêves, ils étaient une chaîne lourde qui pesait sur ses épaules délicates. Pourtant, elle se savait piégée, entre la tradition et sa propre rébellion.

Elle se résigna, sentant une tristesse indicible s'installer en elle comme une ombre pesante. Un soupir de résignation franchit ses lèvres alors qu'elle se parait d'un sari jaune, un mélange de douceur et de contraintes. Les marguerites roses brodées sur son sari semblaient se faner sur son étoffe lumineuse, symbolisant l'évanouissement de ses espoirs les plus fous.

Hésitant entre la résignation et la rébellion, Sahar sentait le poids des traditions peser sur ses épaules comme un fardeau insupportable. Les couleurs chatoyantes du sari jaune paraissaient ternes à ses yeux maintenant voilés par la tristesse.

Le miroir lui renvoya une image étrangère, une jeune fille aux yeux hazel assombris par le poids des conventions et des renoncements. Sa propre image lui parut lointaine, presque étrangère. La joie avait déserté son regard, remplacée par la mélancolie d'une liberté perdue.

  Alors qu'elle ajustait les plis de son vêtement, elle se rendit compte à quel point cette robe traditionnelle représentait l'emprisonnement de son esprit rebelle. Son reflet dans le miroir lui renvoya l'image d'une jeune femme résignée, condamnée à suivre la voie tracée par ses parents, loin de ses rêves.

Ses cheveux bruns encadraient son visage pâle, témoignant de ses nuits sans sommeil et de son anxiété grandissante. Les ombres sous ses yeux rappelaient les larmes qu'elle retenait, les épreuves auxquelles elle devait faire face.

Malgré sa résignation apparente, une lueur de détermination brûlait dans ses yeux affaiblis. Car tant que son cœur battrait, elle refuserait de se plier à un mariage imposé, préférant affronter la tempête que céder à la marée. Elle savait qu'elle devait trouver la force de se battre pour son droit à décider de sa propre vie, même si cela signifiait affronter sa famille et la société entière.

Tandis qu'elle essayait de cacher les bleus sur son cou, sa mère pénétra dans sa chambre sans s'annoncer comme à son habitude.

— Tu n'es toujours pas coiffée ? Demanda-t-elle à la jeune fille en saisissant un peigne sur la coiffeuse.

— Je ne vois pas l'intérêt de peigner mes cheveux pour un homme que je n'aime pas.

— Si tu ne veux pas avoir plus d'hématomes sur la peau, tu devrais obéir à ton père, au risque de finir comme cette Méera. La menaça-t-elle en frôlant le cou de la jeune fille en ramassant son épaisse chevelure dans ses mains pour la coiffer.

La jeune fille détourna son regard, sentant le poids des mots de sa mère pesé sur ses épaules déjà courbées. Ses yeux sombres se posèrent sur le miroir devant elle, reflétant une image brisée et résignée.

La jeune fille sentit les larmes monter, mais les refoula, ne voulant pas montrer sa faiblesse. Elle se laissa coiffer, ses cheveux glissant entre les doigts agiles de sa mère. Les gestes brusques de sa mère lui rappelaient trop ceux de son père, et elle se sentit submergée par un mélange de colère et de désespoir.

Dans le silence pesant de la chambre, le peigne semblait être le seul témoin de leur échange silencieux. Malgré ses efforts, elle ne pouvait empêcher les émotions la submerger. 

Chaque coup de peigne de sa mère faisait naître en elle un mélange bouillonnant de colère et de désespoir. Chaque mouvement de ses doigts agiles paraissait résonner dans le silence pesant de la chambre, amplifiant la tension qui régnait entre elles.

La jeune fille ferma les yeux un instant, cherchant une échappatoire à cette réalité étouffante. Seulement, même dans l'obscurité de ses paupières closes, elle pouvait visionner cet avenir lugubre qui lui était réservé.

Lorsque sa mère acheva de coiffer ses cheveux, Sahar leva les yeux vers le miroir, croisant son propre regard. Ce reflet, si familier et pourtant si étranger, lui renvoya une image qu'elle ne pouvait accepter. Même cette coiffure sophistiquée, censée masquer sa tristesse, ne pouvait dissimuler la douleur qui se lisait dans ses yeux.

Les larmes, désormais incontrôlables, commencèrent à couler, trahissant sa détresse face à ce reflet mensonger qui se tenait devant elle.

— Tais-toi Sahar! S'énerva sa mère en la secouant vigoureusement. Nous avons suffisamment supporté tes caprices, il est grand temps que tu deviennes une femme. Tu n'es plus une enfant que l'on doit bercer.

Les paroles de sa mère résonnèrent dans l'air, emplissant la pièce d'une tension palpable. Sahar sentit son cœur se serrer, étouffée par les attentes qui pesaient sur elle.

Sa mère la fixait d'un regard dur, ses yeux reflétant une détermination implacable. Sahar se sentait comme un agneau entre les mains de sa famille, destinée à être sacrifiée sur l'autel des traditions et des convenances.

Elle aurait aimé que sa mère comprenne sa détresse, qu'elle voie au-delà des apparences et des attentes sociales. Les larmes continuaient de couler sur les joues de Sahar, trahissant sa vulnérabilité face à cette réalité étouffante. Elle se sentait piégée, comme un oiseau aux ailes brisées, incapable de s'envoler vers la liberté qu'elle désirait ardemment.

Dans un dernier geste de résistance, Sahar se dégagea brusquement de l'emprise de sa mère, faisant voler les mèches de cheveux soigneusement coiffées. Elle fixa sa mère avec détermination, ses yeux reflétant une lueur de révolte.

— Je refuse d'être réduite à un objet, murmura-t-elle d'une voix tremblante, mais emplie de détermination. Je refuse de me plier à un mariage sans amour, à une vie qui ne me correspond pas.

Le silence s'installa dans la pièce, brisé seulement par les sanglots étouffés de Sahar. Sa mère la regarda, ahurie par cette soudaine résistance.

— Tu as le choix entre obéir ou renoncer à cette famille à jamais. Mais, aujourd'hui, je te conseille d'obéir au risque de subir la fureur de ton père à nouveau. Il ne supportera aucune humiliation si tu as l'audace de faire savoir à Adil que tu ne veux pas le prendre époux.

— Pourquoi est-ce que tu ne me soutiens pas ? Comment peux-tu condamner ta propre fille ?

— Maquille-toi, l'heure du déjeuner approche. Répliqua sa mère, ignorant volontairement les questions de la jeune fille.

— Comment peux-tu être si cruelle maman ? Je peine à te reconnaître.

— Sahar, c'est suffisant ! J'agis pour ton bien, afin que tu aies un bel avenir. Si tu ne le comprends pas maintenant, tu le comprendras plus tard, conclut-elle en quittant la chambre, laissant Sahar sous le choc.

Ainsi, dans un ultime acte de soumission, elle releva lentement la tête, chassant les larmes qui menaçaient de déborder à nouveau. Elle était prête à se sacrifier sur l'autel des conventions, à enterrer ses rêves sous le poids des traditions. Mais au fond d'elle-même, une étincelle de révolte slalomait encore, prête à s'embraser dans l'obscurité de la nuit qui s'annonçait.


𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant