Chapitre 45

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L'appartement de Sahar et Mééra baignait dans la lueur douce et tamisée du crépuscule. Les ombres s'étiraient paresseusement sur les murs, tandis qu'une brise légère passait à travers la fenêtre entrouverte, faisant frémir les rideaux comme un murmure. Les deux amies étaient assises sur le canapé, un silence lourd planait entre elles, pesant et palpable. Une semaine s'était écoulée depuis le départ du roi de l'hôpital, mais dans l'air, une tension semblait encore persister, comme si l'histoire n'était pas encore arrivée à son terme.

Mééra, assise , les mains enroulées autour d'une tasse de thé chaud, fixait la fenêtre d'un regard pensif. Son visage, habituellement détendu et plein de douceur, était aujourd'hui marqué par l'inquiétude. Ses yeux suivaient le mouvement des ombres dans la rue en contrebas, cherchant peut-être des réponses que le silence de la nuit ne pouvait offrir.

— Je ne sais pas comment il a pu tenir aussi longtemps avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, murmura-t-elle finalement, brisant le silence étouffant de la pièce.

Sahar, assise à côté d'elle, hocha lentement la tête, ses yeux perdus dans le vide. Elle avait passé la journée dans une torpeur étrange, presque comme si elle flottait entre deux mondes : celui de l'hôpital, où elle avait passé ces derniers jours à veiller sur le roi , et celui de sa propre vie, qui lui paraissait désormais bien lointain, presque irréel.

— C'est une décision terrible qu'il a dû prendre, répondit-elle doucement, sa voix à peine plus qu'un murmure. Je ne peux même pas imaginer le poids qu'il porte en ce moment.

Elle posa sa tasse sur la petite table devant elle, ses doigts tremblants légèrement. Le souvenir du roi, de ses yeux assombris par l'incertitude, de ses paroles empreintes de doute et de tourments, ne cessait de la hanter. Elle savait que la sentence devait tomber, qu'il n'y aurait pas d'échappatoire. Mais quelque part, elle avait espéré que l'issue serait différente, qu'une solution miraculeuse viendrait alléger ce fardeau. 

Pourtant, le royaume exigeait justice, et cette justice allait avoir un prix.

Soudain, un bruit sourd retentit dans l'appartement, brisant l'intimité du moment. Le son résonna comme un coup de tonnerre dans l'atmosphère feutrée. Les deux femmes se levèrent d'un bond, les regards alertes, leurs cœurs battant à tout rompre. Elles échangèrent un regard rapide avant de se précipiter vers la télévision .

Mééra saisit la télécommande, augmentant le volume, et la voix grave et solennelle du présentateur envahit la pièce, glaciale et implacable.

— «Nous vous informons que Sa Majesté le Roi Édrei Shapour, a prononcé sa sentence. Khaled Al-Nassir est condamné à mort. Que cette justice serve d'exemple et rassure chacun d'entre vous. »

Ces quelques mots retentirent comme un coup de massue dans la tête de Sahar. Le souffle lui manqua un instant, et une boule douloureuse se forma dans sa gorge. Elle savait que cette annonce allait venir, elle l'avait anticipée. Mais entendre les mots de manière si officielle, si froide, lui donna l'impression d'être emportée par une vague sombre et dévastatrice.

Mééra posa une main réconfortante sur l'épaule de son amie, la serrant doucement.

— C'était inévitable, je suppose, dit-elle d'une voix douce, mais résignée.

Sahar resta un instant sans bouger, les mots résonnant encore dans sa tête comme un écho lointain. Puis, lentement, elle hocha la tête, les yeux perdus dans le vide, comme si elle cherchait un sens à tout cela.

— Oui, murmura-t-elle enfin, mais cela ne rend pas les choses plus faciles à accepter.

Elle sentait dans chaque fibre de son être le poids de cette sentence. La mort de Khaled Al-Nassir serait une libération pour tant de familles endeuillées par ses crimes. Mais pour Édrei, c'était une victoire amère, teintée de culpabilité. Il avait agi en roi, mais dans son cœur, Sahar savait qu'il était en proie à un combat intérieur bien plus profond. Comment un homme, animé par des convictions chrétiennes de pardon et de miséricorde, pouvait-il concilier cela avec les exigences impitoyables de la justice royale ?

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant