Chapitre 16

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Les paroles glaciales de son père résonnèrent encore dans l'air, mais la douleur qui s'était profondément ancrée dans le cœur de la jeune fille était désormais accompagnée d'une nouvelle angoisse. En face d'elle, le roi s'agenouillant avec une grâce qui aurait pu être charmante dans d'autres circonstances, lui adressa des mots qui la glacèrent jusqu'au plus profond de son être.

Comment pouvait-il lui demander une telle chose après tout ce qu'elle venait de vivre ?

Son esprit tourbillonnait, oscillant entre la douleur de sa perte et le trouble de cette proposition inattendue. Était-ce là le destin qui lui était réservé après avoir perdu sa famille ?

Les larmes continuaient de rouler sur ses joues pâles et ses yeux emplis d'une détresse indicible rencontrèrent le regard énigmatique du monarque. Le refus se dessina rapidement sur ses traits alors que sa voix tremblante s'élevait dans la pièce chargée d'une atmosphère oppressante.

— Non, je ne veux pas devenir votre reine. Balbutia-t-elle entre deux sanglots.

Le roi inclina légèrement la tête, toujours ce sourire ambigu accroché à ses lèvres.

Le regard énigmatique du monarque la transperçait, donnant à ses yeux une lueur indéchiffrable. Il ne répondit pas immédiatement, laissant planer un silence pesant dans la pièce richement décorée.

 Finalement, il se releva lentement, sans jamais cesser de fixer la jeune fille. Son sourire ambigu s'effaça pour laisser place à une expression plus sérieuse.

— Réfléchissez-y, mademoiselle Jain. Je vous ai fait une offre à laquelle vous ne pouvez pas vous octroyer le luxe de refuser, maintenant que vous n'avez nulle part où aller. Lança-t-il d'une voix calme malgré la tension ambiante.

— Je suis sensée vous épousez par dépit, monsieur ?

— C'est votre majesté, et non monsieur, mademoiselle Jain, rectifia-t-il avec calme. Et je suis convaincu que vous comprendrez bientôt l'importance de ma proposition.

— Votre majesté, je suis reconnaissante de votre sollicitude, mais je ne saurais accepter une union qui ne repose que sur le désespoir et la nécessité.

Sahar sentait la panique monter en elle. Se marier avec ce roi odieux par dépit ? Jamais elle ne sacrifierait sa liberté de cette manière. Sa fierté la poussait à résister, même si son cœur restait meurtri par la perte de sa famille.

Le roi observa la jeune fille avec un éclat énigmatique dans les yeux, avant de répondre d'une voix feutrée :

 — Vous parlez avec une noblesse de cœur qui force l'admiration, mais la réalité demeure implacable, mademoiselle Jain. La vie ne nous offre pas toujours les choix que nous désirons. Réfléchissez-y, car tôt ou tard, vous comprendrez que ma proposition est la seule voie qui s'offre à vous. 

La jeune fille sentit une colère sourde montée en elle face à cette arrogance déguisée en bienveillance. Mais elle ravala ses mots, se retenant de répondre avec la même hauteur.

— Votre majesté, je ne suis pas un pion que l'on peut manipuler à sa guise, s'exclama-t-elle d'une voix ferme malgré l'émotion qui l'étreignait. Je refuse de me plier à votre volonté, même si je suis démunie de tout. Mon honneur et ma dignité ne sont pas à vendre. Est-ce ainsi que vous traitez vos sujets ? Comme de simples pions sur un échiquier royal ?

La proposition du roi lui semblait plus insensée que jamais, mais elle savait qu'il avait raison sur un point : elle était désormais sans famille. Mais Jésus était à ses côtés, n'est-ce pas ? Elle avait eu l'audace de défier toute sa famille pour lui. Était-ce là tout ce qu'elle récolterait après avoir tourné le dos à toutes ces idoles ?

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant