Chapitre 14

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Sahar était éreintée par cette courte aventure dans le désert torride d'Al-hazar, mais aussi par les courbatures liées aux coups infligés par son père. Elle était affamée, n'ayant pas mangé depuis le jour de ce confinement ordonné par ce dernier, durant lequel il avait mis Jésus au défi de libérer la jeune fille.

Jésus avait-il peut-être considéré ce défi avec sérieux ?

Maintenant qu'elle y songeait, les choses commençaient à devenir beaucoup plus limpides. Cette lumière. . . Cette voix, qui s'était présenté comme étant Jésus et à la fois Dieu. . .

Assurément, cela ne pouvait pas être un rêve. Elle était bel et bien en Al-hazar, emprisonnée dans une cellule répugnante, car elle ne pouvait pas prouver son identité.

Sans doute que Jésus avait vraiment pris son destin en main, sa vie semblait soudain prendre un tournant inattendu.

La chaleur écrasante du désert d'Al-hazar pénétrait même à travers les murs épais, exacerbant sa soif et sa faim, la conduisant à un nouvel évanouissement.

Dans son inconscience, Sahar revit en rêve le moment où Jésus était apparu devant elle dans sa chambre, revêtant une lumière dorée qui semblait l'entourer d'une aura de paix et de sainteté. Elle se sentait enveloppée d'un sentiment d'amour et de protection. Les mots qu'il lui avait adressés résonnaient dans son esprit comme si ses paroles venaient habiter l'entièreté de son être, de la tête jusqu'à la plante de ses pieds.

« Je suis Jésus, Je suis Dieu »

Sahar ouvrit les yeux lentement, l'éclat aveuglant du soleil la faisant plisser les paupières. Elle réalisa peu à peu qu'elle se trouvait allongée dans une chambre somptueuse, ornée de riches tapis et de dorures étincelantes. 

 Ses yeux se posèrent sur un visage connu : cet homme qui semblait être le tyran de ce royaume fermé aux étrangers. Il la dévisagea de ses yeux impérieux, scrutant chaque parcelle de son être avec une intensité glaçante. Sahar sentait son pouls s'accélérer tandis que son esprit tentait désespérément de trouver une échappatoire à cette situation.

— Vous vous êtes réveillée enfin, déclara-t-il d'une voix calme, mais autoritaire.

— Auriez-vous l'amabilité de me faire savoir qui vous êtes ? Lui demanda la jeune fille en essayant de s'asseoir, mais fut vite stoppée dans son élan par des menottes qui la retenaient captive dans ses bras ainsi que dans ses pieds.

Ce dernier parut réfléchir un instant, son expression impénétrable. Puis, contre toute attente, un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

Cet homme était définitivement imprévisible, pensa-t-elle en reposant sa tête endolorie sur l'oreiller.

— Seriez-vous également amnésique ?

— Qu'entendez-vous par là, monsieur ? Répliqua Sahar en fronçant les sourcils d'incompréhension.

Le roi la fixa longuement, son regard scrutateur semblant lire au plus profond de son âme.

— Je pensais que vous aviez eu le temps de deviner qui je suis.

— Je suis navrée de vous décevoir, monsieur, mais je ne suis pas une devineresse.

Sahar sentit une angoisse sourde montée en elle alors que le roi continuait de la fixer intensément. Son cœur battait la chamade, et elle se sentait comme une proie prise au piège, sans échappatoire.

Le roi parut réfléchir un instant, puis un sourire cruel étira ses lèvres.

— Je suis le roi d'Al-hazar, et vous êtes accusée d'espionnage envers mon royaume.

Sahar se sentit pâmer. Un roi ?

— Je vous assure que je ne suis point une espionne. Je vous prie de me croire, le supplia-t-elle, les yeux larmoyants, saisissant enfin l'ampleur de la situation. S'il était bien le roi de ce pays, sans une intervention divine, elle était condamnée à finir ses jours en prison.

Le roi, d'une voix calme, mais glaciale, reprit la parole :

— Vous aurez l'occasion de prouver votre innocence une fois que j'aurai toutes les informations dont j'ai besoin sur vous. Maintenant, j'ai besoin de votre nom de famille, veuillez me le faire savoir à l'instant.

— Jain, est mon patronyme, révéla-t-elle d'une voix enrouée.

— Sahar Jain, répéta-t-il dans une lenteur délibérée. Il me tarde de connaître vos secrets, mademoiselle Jain, prononça-t-il en se levant du siège sur lequel il était assis.

Sahar sentit la panique monter en elle à mesure que le roi la toisait avec froideur. Son nom était désormais entre ses mains, et elle sentait son destin basculer devant ses yeux. Que pourrait-il bien trouver sur elle ?

Sahar regarda le roi s'éloigner, se sentant à la fois soulagée d'être en vie et terrifiée de ce qui pouvait lui arriver. Elle avait entendu parler de la cruauté du roi d'Al-hazar et de sa capacité à écraser quiconque osait se mettre en travers de son chemin. Maintenant, elle se retrouvait au cœur de sa toile, prise au piège sans aucune issue évidente.

Elle se laissa choir sur le lit luxueux de cette chambre qui n'était qu'une prison dorée, la tête tourbillonnante de pensées et d'inquiétudes.

Comment avait-elle pu atterrir dans cette situation insensée ?

Les heures passèrent lentement, le temps s'étirant comme du caramel chaud. Sahar se perdit dans ses pensées, se demandant ce que l'avenir lui réservait.

Était-ce là la fin de son histoire, condamnée à pourrir dans un cachot sombre et sans espoir ?

Peut-être aurait-il mieux fallu accepter ce mariage ? Songea-t-elle en repensant aux évènements de ces dernières semaines. Ces souffrances endurées semblent avoir été en vain à présent qu'elle était menottée, elle qui désirait tant la liberté.

Alors que Sahar se laissait submerger par un tourbillon d'émotions, sa peur se mêlait à une lueur d'espoir. Existait-il une chance de prouver son innocence, de dévoiler la vérité derrière ces accusations infâmes ? Si Jésus était celui qui l'avait conduit dans ce pays, ce n'était pas pour la faire prisonnière ? Elle avait prié pour la liberté, non pour un nouvel enfermement.

Dans cette chambre richement décorée, où chaque objet semblait étinceler de luxure et de pouvoir, Sahar se sentait comme une intruse, une fugitive dans un monde qui n'était pas le sien. Les mots du roi résonnaient dans sa tête, sa voix calme, mais impérieuse réveillant en elle une profonde angoisse. Elle comprenait désormais la fragilité de sa position, l'effroyable poids de sa propre vulnérabilité.

Tandis qu'elle se laissait emporter par une rafale d'émotions dissemblables, son regard s'attarda sur les dorures qui ornaient les murs de la chambre. Les reflets chauds de la lumière du soir dansaient sur les étoffes chatoyantes des tapis, et pour un bref instant, elle put presque oublier la situation angoissante dans laquelle elle se trouvait.

Elle devait se montrer forte, résolue, prête à affronter tous les obstacles pour recouvrer sa liberté. Et même si les ombres de la nuit commençaient à envahir la chambre, elle savait qu'au fond d'elle-même, que ce mariage qu'elle redoutait tant ne verrait jamais le jour.

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant