Chapitre 19

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Sahar acquiesça, les larmes aux yeux, la gorge nouée par l'émotion, luttant pour contenir l'ouragan émotionnel qui bouillonnait en elle, ne pouvant toujours pas comprendre comment cela pouvait être possible qu'on lui accorde autant d'importance. Plus que ceux qui étaient censés se rendre compte qu'elle ne se portait pas bien.

— Je ne dis pas que ce que vous traversez n'est pas effrayant, je vous rappelle juste que Dieu est avec vous dedans. Par ailleurs, je serais également rassuré qu'un spécialiste puisse refaire vos examens. Qu'en dites-vous? murmura-t-il avec compassion.

Les yeux de Sahar s'écarquillèrent d'étonnement. Refaire les examens ? Elle ferma les yeux un instant, sentant les larmes menacer de franchir ses paupières. Elle se sentait submergée par un mélange d'angoisse et de gratitude envers cet homme qui n'était qu'un simple inconnu. Ce type de cancer était rare, mais extrêmement agressif. Les symptômes incluaient des maux de tête persistants, des problèmes de vision et d'audition, ainsi que des douleurs faciales sévères. La maladie était souvent diagnostiquée à un stade avancé, ce qui rendait le traitement difficile.

Les yeux emplis de larmes, Sahar consentit à se soumettre à de nouveaux examens, sachant au fond d'elle-même que c'était peut-être sa dernière chance de prolonger son existence. Elle se sentait démunie, fragile face à l'implacable marche du temps qui lui échappait inexorablement. Et dans un murmure à peine audible, elle se résolut à dire les mots qu'elle redoutait depuis si longtemps :

— D'accord, je veux bien refaire les examens, le docteur que je voyais m'a déjà fait savoir que les cellules cancéreuses se sont propagés dans les nerfs crâniens tel un nuage. Il ne me reste que peu de temps à vivre...

Les paroles du médecin résonnaient encore dans sa tête, la condamnant à une fin inévitable. Malgré cette lueur d'espoir, la réalité de sa condition lui pesait lourdement sur les épaules. Les cellules cancéreuses qui se propageaient à travers son corps étaient comme des spectres menaçants, annonciateurs d'une fin inéluctable.

Les yeux du roi s'emplirent de tristesse et de compassion.

— Votre famille ne sait pas que vous êtes malade? N'est-ce pas?

— Non, murmura Sahar, les larmes coulant librement sur ses joues pâles. Je n'ai pas eu le courage de leur dire. Mais maintenant, je crains que le temps ne joue contre moi. Je vous raconterai peut-être une prochaine fois, je crois que nous avons abordé assez de sujets sensibles pour aujourd'hui.

— Vous avez raison, je vais vous reconduire à votre chambre, vous avez encore besoin de repos.

Les paroles réconfortantes du roi firent vibrer le cœur de Sahar, déjà lourd de chagrin et de secrets. Elle sentit son âme s'alourdir de ce fardeau qu'elle portait seule depuis trop longtemps. Alors qu'ils se dirigeaient silencieusement vers sa chambre, sa main tremblante en quête de soutien, Sahar sentit un poids se soulever de ses épaules.

Dans la douce lumière tamisée de la chambre, Sahar se laissa tomber sur le lit, laissant échapper un soupir de soulagement mêlé de tristesse. Le roi s'assit près d'elle, son regard empli de compréhension et d'empathie. C'était la première fois depuis bien longtemps que Sahar se sentait véritablement écoutée, comprise dans sa détresse.

— Je vous remercie de tout cœur, Votre Majesté, pour votre compassion et votre soutien inestimables, murmura-t-elle, ses yeux embués de larmes fixés sur le visage bienveillant du roi. Mais, je ne veux pas que vous soyez ainsi avec moi, lorsque je mourrai, je n'ai pas envie de peiner votre cœur également.

— Pourquoi reparlez-vous de la mort, mademoiselle Jain? Je crois qu'il vaut mieux que j'informe votre famille de votre état de santé.

— Je ne fais que regarder la réalité en face. Nous sommes tous appelés à cheminer dans le couloir de la mort. Personne ne peut y échapper, je désirais même mourir, il n'y a pas si longtemps que cela.

— Pourquoi ne pas désirer vivre maintenant, puisque d'une certaine manière, vous êtes libre à présent? Pourquoi laissez-vous les pronostic des médecins vous condamner?

Sahar leva les yeux vers lui, la tristesse et la peur dans son regard.

— Parce que parfois, la mort semble être la seule échappatoire à la souffrance insoutenable. Mais je vous en supplie, ne dites rien à ma famille. Aujourd'hui, je suis libre, mais cette liberté est cruelle, car elle me rappelle sans cesse que je suis condamnée à mourir. Je suis fatiguée, épuisée de me battre contre un ennemi invisible, implacable. Je n'ai plus la force de me battre, de lutter contre cette destinée cruelle qui semble m'attendre au bout du chemin.

— Mademoiselle Jain, la vie est un précieux cadeau, même dans les moments les plus sombres. Ne laissez pas la peur et la douleur vous aveugler, vous priver de l'espoir qui se trouve en Jésus-Christ.

— Malheureusement, je ne connais pas Jésus aussi bien que vous. Répondit-elle en baissant la tête.

— La connaissance n'a aucun rôle à jouer dans la guérison. Il suffit de croire que vous avez reçu ce que vous demandez à Dieu et la chose en question se manifestera. Dieu répond à notre foi, pas à nos connaissances intellectuelles et superficielles de sa personne.

— Quand vous parlez ainsi, cela me paraît si simple.

— Pourtant, c'est très simple, aussi simple que la fois où vous avez eu le courage et la foi pour vous adresser à lui.

— Êtes-vous réellement un roi?

— C'est la deuxième fois que vous me posez cette question.

— C'est parce que je n'en suis pas convaincue. Comment vous appelez-vous?

— Edréi, souverain du royaume d'Al-hazar. C'est une joie d'apprendre à vous connaître, mademoiselle Jain. répondit ce dernier en inclinant légèrement la tête.

Elle esquissa un faible sourire, qui illumina son visage un court instant. Elle savait au fond d'elle-même que sa rencontre avec Edréi n'était pas le fruit du hasard, mais le commencement d'une aventure aussi sombre que lumineuse, aussi tragique que miraculeuse.

— Vous me paraissez très jeune pour être un souverain. murmura-t-elle en relevant lentement les yeux vers le roi, ses pupilles baignées de larmes reflétant une lueur d'espoir vacillante.

— Un roi ne choisit pas le moment où il sera couronné, cela dépend de la mort de celui qui l'a précédé.

— J'aimerais tant pouvoir exprimer la même joie à l'idée de faire la rencontre d'un roi. Mais, je sais fort bien que cette rencontre sera aussi éphémère que le brouillard du matin. Je suis vraiment peinée concernant ce soudain intérêt que vous m'accordez. Ne pensez-vous pas que ce serait mieux de me ramener dans mon pays?

— Vous avez raison, mademoiselle Jain. La vie nous réserve parfois des destinées tragiques, des chemins que nous ne choisissons pas. Mais c'est dans ces moments de ténèbres que notre foi est mise à rude épreuve. Il suffit de croire, avec une foi aussi pure que celle d'un enfant, pour que des miracles se produisent. Et je ne pense pas que ce soit une bonne idée de vous faire retourner en Inde.

— Pardonnez ma curiosité, mais comment avez-vous su trouver votre chemin vers la lumière dans les moments sombres de votre propre vie? demanda-t-elle d'une voix à la fois fragile et curieuse.

— Je vous l'ai élucidé en peu de mots durant notre échange. Durant les moments ténébreux de ma vie, je ne regarde pas à ma faiblesse, mais je me focalise sur Dieu qui saura se glorifier dans ma faiblesse. Je sais que je sortirai de ces moments avec la louange et l'adoration sur mes lèvres, parce que lorsque ma foi est mise à l'épreuve, qui est plus précieuse que l'or, produira la persévérance afin que j'hérite des promesses de Dieu.

— En vous écoutant, j'ai envie de connaître Jésus comme vous. Pourquoi me donnez-vous envie de vivre?

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant