Chapitre 9

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— Je t'attendrai ici, indique son père comme un ultimatum silencieux.

Sahar acquiesça, puis pénétra dans le bureau après en avoir obtenu l'autorisation.

— Mademoiselle Jain, que puis-je pour vous ? S'éleva la voix d'Akash, le directeur de l'hôpital.

— Je suis malheureusement venue vous remettre ma lettre de démission, répliqua la jeune femme d'une voix enrouée.

— Tout va bien Sahar? Demanda le docteur, inquiet pour cette jeune femme qu'il considérait comme sa propre fille.

Elle baissa les yeux, puis agita la tête pour lui dire non alors que les larmes jonchaient déjà sur ses joues. Le bureau du directeur était baigné d'une douce lueur, soulignant les traits fatigués de la jeune femme. Elle sentit son cœur se serrer douloureusement à l'idée de devoir abandonner sa passion, son engagement envers les enfants malades qui avaient toujours trouvé en elle un soutien infaillible.

Sahar prit une profonde inspiration pour contrôler ses sanglots avant de répondre d'une voix faible :

— Mon père est assis devant votre bureau, c'est lui qui m'oblige à abandonner mon travail ainsi que les enfants. . . Les mots se perdirent dans un murmure souffrant.

— Je dois me marier contre mon gré à mon cousin, continua Sahar en déposant la lettre de démission sur le bureau, une preuve tangible de la tragédie qui se jouait sous leurs yeux.

La jeune femme était comme une fleur fanée, condamnée à se plier à la volonté de son père, à abandonner ses rêves pour suivre un chemin tracé par d'autres.

Les mots résonnaient dans le bureau comme un coup de tonnerre. Akash sentit son cœur se serrer devant cette nouvelle qu'il redoutait. Il savait combien Sahar était dévouée à son travail, aux enfants dont elle prenait soin avec tant d'amour et de compétence.

— Oh mon enfant, dit-il en s'approchant d'elle. Cela fut si compliqué pour toi d'obtenir l'autorisation de ton père pour faire tes études, maintenant, il te condamne ainsi ? Ce ne sera pas simple de le convaincre afin qu'il change d'avis.

— Je n'ai pas vraiment le choix docteur, répondit-elle en sanglotant. Merci pour tout ce que vous m'avez transmis durant ces dernières années. Je vous en supplie, prenez soin des enfants, prenez soin d'eux, supplia-t-elle en joignant ses mains.

Il la couvrit d'un regard plein de compassion, sa gorge nouée par l'injustice de la situation. Il percevait la détresse dans les yeux de la jeune femme, une détresse qui faisait écho à sa propre révolte face à ces traditions ancestrales qui broyaient les rêves et les aspirations des femmes.

Il posa une main réconfortante sur son épaule, cherchant des mots pour la consoler, mais se sentant impuissant devant la tyrannie de la tradition.

Le bureau était plongé dans une semi-pénombre, seulement éclairé par la douce lumière du soleil filtrant à travers les rideaux en soie. Des ombres dansaient sur les murs, symbolisant la lutte intérieure de Sahar entre son devoir filial et son désir de liberté. Un parfum de jasmin et d'encens flottait dans l'air, créant une atmosphère pesante et imprégnée de désespoir.

Sahar se mordit la lèvre, retenant difficilement un sanglot déchirant. Elle savait que son père avait déjà tracé son destin, scellant son avenir dans les chaînes d'un mariage forcé. Son regard se tourna vers la silhouette de son père assis stoïquement sur une chaise, les yeux durs derrière ses lunettes épaisses. Son père, assis en silence sur sa chaise, semblait figé dans une immobilité glaciale, insensible à la douleur de sa fille.

Son cœur se brisait lentement sous le poids des conventions et des attentes familiales qui étouffaient ses rêves. Au loin, le soleil déclinait progressivement, comme le symbole poignant de la fin d'un rêve, d'une tragédie silencieuse.

— Je suis désolé pour ce qui t'arrive, commença le docteur. Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi, sur nous tous ici, à l'hôpital. Tu as toujours été une infirmière extraordinaire, et ton dévouement envers tes patients ne sera jamais oublié, dit-il d'une voix empreinte de délicatesse.

Les larmes coulaient sur ses joues, trahissant la tempête d'émotions qui faisait rage en elle.

— Je vous en prie, docteur. Prenez soin des enfants, prenez ma place là où je ne pourrai plus être. C'est tout ce que je vous demande, murmura-t-elle, les yeux embués de larmes.

Le directeur hocha gravement la tête, comprenant le sacrifice silencieux que Sahar était sur le point de faire. Il prit la lettre de démission et la rangea soigneusement dans un tiroir, scellant ainsi le destin de cette infirmière au cœur brisé.

— Je garderai un espace pour toi dans mon cœur, où que tu ailles, lui promit-il.

Sahar hocha la tête en signe de remerciement, ses épaules secouées par les sanglots. Elle n'avait jamais imaginé que sa vie prendrait un tel tournant, qu'elle devrait renoncer à cette carrière pour laquelle elle s'était tant battue.

— Merci pour tout, vous avez toujours été le père que mon cœur convoitait, confessa-t-elle en brisant l'espace qui les séparait pour étreindre ce vieillard qui avait persisté auprès de son père afin qu'elle puisse faire des études.

Akash posa une main compatissante sur son épaule.

— Mon enfant, je comprends ta douleur. Mais ne laisse pas ton avenir entre les mains de ceux qui ne voient pas ton bonheur.

Les mots du directeur résonnaient dans l'esprit tourmenté de Sahar. Elle savait qu'il avait raison, mais la pression familiale était écrasante.

— Tu sais que je ne peux pas aller à l'encontre de la volonté de ton père, murmura Akash avec tristesse en se détachant de la jeune fille.

Sahar baissa la tête, incapable de regarder celui qui avait été son mentor et son soutien pendant toutes ces années. Les larmes continuaient de couler, emportant avec elles ses rêves et ses espoirs.

— Je suis désolée, docteur. Je ne sais pas quoi faire. Mon père est obstiné, il ne laissera pas ma décision passer. Il a déjà tout arrangé, il n'y a rien à faire..., murmura-t-elle, le regard empli de tristesse.

— Tu as été une lumière pour tant d'âmes ici, malheureusement parfois, la vie nous impose des choix cruels.

Akash prit délicatement les mains de Sahar dans les siennes, les serrant doucement comme pour lui transmettre un peu de réconfort.

Elle acquiesça et le remercia une dernière fois tout en extrayant ses mains des siennes.

— Merci d'avoir cru en moi, je ne pourrai jamais vous oublier. Je vous écrirai, vérifiez votre messagerie de temps en temps, dit-elle en forçant un sourire.

Il acquiesça tandis que la jeune femme s'éloignait déjà de lui.

Elle lui jeta un dernier regard empli de tristesse et de résignation avant de quitter le bureau, emportant avec elle le poids insoutenable de sa nouvelle vie qui se dessinait déjà devant elle, sombre et froide comme une nuit sans étoiles.

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant