Chapitre 15

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Trois jours s'étaient écoulés depuis que Sahar avait discuté avec le roi. Elle recevait simplement la visite d'une femme qui prenait soin de ses plaies et qui s'efforçait de la persuader de manger. Mais, elle ne pouvait ingérer aucune nourriture. Elle craignait bien trop pour les desseins que ce roi formait à son sujet. Elle était bien consciente qu'elle ne sortirait pas indemne de ce pays.

La perspective de devoir expliquer son absence à sa famille la terrorisait, car elle savait que son père n'épargnerait pas sa colère à celle qui avait osé ternir l'honneur familial. Sahar se sentait comme une naufragée en plein océan, ballotée par les vagues impétueuses de la vie et craignant de sombrer à tout moment.

Elle ne pourrait sans doute pas retourner chez elle sans que la foudre de son père ne s'abatte sur elle à nouveau. Elle était convaincue d'avoir couvert d'opprobre toute sa famille. Elle se sentait démunie, piégée dans un monde dans lequel elle ne connaissait personne. La femme qui venait la voir lui offrait des soins délicats, mais ses paroles réconfortantes ne parvenaient pas à apaiser l'angoisse qui lui nouait l'estomac.

Les plaies de son corps guérissaient lentement, mais celles de son esprit semblaient insurmontables. Elle était seule, isolée du monde, et chaque battement de son cœur résonnait comme le compte à rebours de sa liberté perdue.

— C'est de la myrrhe que j'applique sur tes jambes, lui indiqua la femme dont elle n'avait pas pris la peine de lui demander son prénom.

Sahar acquiesça sans jamais quitter du regard la lueur vacillante d'une bougie qui tremblait sur les murs de la chambre, peignant des ombres dansantes qui paraissaient se moquer de la douleur de la jeune femme. Elle écoutait à peine les paroles réconfortantes de la femme qui prenait soin d'elle. Son esprit était plongé dans un abîme de tourments, ses pensées tournaient en boucle autour de sa situation désespérée. La myrrhe apaisante que la femme appliquait sur ses plaies semblait avoir un effet apaisant sur son corps meurtri, mais son cœur restait lourd de chagrin et de peur.

La myrrhe embaumait l'air tiède de la pièce, mêlant ses effluves apaisants au parfum âpre de la peur qui imprégnait Sahar. La jeune femme laissait courir son regard vague vers le plafond, cherchant des réponses dans les volutes de fumée qui tournoyaient au-dessus de sa tête. Les mots de la femme résonnaient en elle, comme un écho lointain provenant d'un monde oublié.

Pourquoi Jésus était-il devenu si silencieux après s'être révélé à elle de cette manière ?

— Laissez-moi seule avec mademoiselle Jain, Aïn. Exigea le roi qui venait de faire irruption dans la pièce, sans qu'elles ne s'y attendent.

Sahar sentit son cœur battre la chamade à la vue du roi, dont la prestance la terrifiait. Elle se redressa autant que sa faiblesse le lui permettait, cherchant à dissimuler sa peur sous un masque d'indifférence. Aïn, la regarda avec inquiétude avant de s'incliner respectueusement et de quitter la pièce, laissant Sahar seule avec lui.

Le roi s'approcha d'elle avec une lenteur calculée, ses yeux scrutant chaque parcelle de son visage avec une intensité qui la fit frissonner. Sahar sentit que sa voix risquait de la trahir si elle lâchait un mot, alors elle se contenta de soutenir son regard avec détermination.

— Votre père tien à vous parler, prononça-t-il en tendant un téléphone à la jeune fille.

Les yeux de Sahar s'emplirent de terreur lorsqu'elle comprit que le roi avait contacté son père.

Sahar tremblait de tous ses membres en voyant le roi s'approcher d'elle avec ce téléphone, comme si c'était un objet maudit. Elle fixa l'appareil, oscillant entre la terreur de l'entendre et la crainte de refuser l'ordre du souverain. Elle prit finalement le téléphone d'une main tremblante, sentant le regard scrutateur du roi peser sur elle.

Sahar sentit ses mains trembler, luttant pour contenir ses émotions. Elle entendit la voix autoritaire de son père résonner à l'autre bout du fil, son ton glacial n'augurant rien de bon.

— Papa ? murmura-t-elle d'une voix à peine audible.

— Tu ne te lasses pas de me faire honte Sahar, prononça-t-il d'une voix glaciale qui lui fit froid dans le dos. Comment as-tu pu ?

— Je... je suis désolée, papa. Je suis retenu contre mon gré dans un endroit dont je ne peux pas m'échapper, balbutia-t-elle, en rivant ses yeux hazel sur le roi.

Son père resta silencieux un instant, puis reprit d'une voix plus dure :

— Tu es parti avec cet homme que tu prétends ne pas connaître, j'en suis certain. Ton comportement déshonore notre famille encore une fois, et je ne tolérerai pas un tel affront. Tu es une honte pour nous. Comment as-tu pu agir de la sorte ?

Tandis que son père déversait sur elle sa colère et sa déception, Sahar sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle voulait se justifier, lui expliquer comment elle était arrivée dans ce pays, mais elle savait qu'il n'avalerait pas de telles explications si facilement.

Le roi observait la scène avec un regard impassible, comme s'il se délectait du tourment de Sahar. Il resta debout à côté d'elle, observant silencieusement la scène se dérouler. Sahar sentait son regard peser sur elle comme un fardeau insupportable, ajoutant à sa détresse.

— Je t'assure que tu te trompes papa, bredouilla-t-elle. Je t'en supplie, crois-moi. Je ne saurai mentir sur une telle chose.

— Si jamais tu remets les pieds en Inde, je te tuerai de mes propres mains, la menaça-t-il. Tout cela, c'est à cause de ce fameux Jésus qui t'obsède. Tu n'es plus la bienvenue chez nous, continua son père, sa voix emplie de colère et de désapprobation. Tu n'es plus ma fille !

Les paroles de son père résonnèrent comme des coups de poignard dans le cœur de la jeune fille. Les larmes montèrent à ses yeux, les mots de son père la terrassant de douleur. Elle avait l'impression que son monde s'effondrait autour d'elle. Elle venait de perdre sa famille !

Finalement, incapable de supporter davantage cette pression, elle laissa tomber le téléphone sur le sol, éclatant en sanglots.

Le roi s'agenouilla devant elle, posant une main compatissante sur son épaule tremblante.

— Que voulez-vous de moi ? demanda-t-elle d'une voix brisée, les larmes coulant sur ses joues.

Le roi esquissa un sourire énigmatique, ses yeux brillant d'une lueur étrange. 

Se réjouissait-il de son sort ?

— Je veux que vous deveniez ma reine, répondit-il d'une voix suave, laissant planer un étrange mystère autour de ses paroles.

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant