Chapitre 44

35 9 0
                                    




Sahar resta un long moment dans cette chambre d'hôpital, le cœur en ébullition, le regard fixé sur Édrei qui s'était assoupi. Les lueurs pâles du jour mourant perçaient à travers les rideaux, éclairant doucement le visage fatigué du roi. Son souffle, régulier, témoignait du répit que la guérison lui offrait peu à peu.

Elle sentit la chaleur réconfortante de sa main dans la sienne, et pour la première fois depuis des mois, elle se surprit à savourer cet instant fragile. Le temps semblait s'être arrêté, comme suspendu entre le passé douloureux et l'incertitude de ce que l'avenir leur réservait, laissant place à un calme inattendu.

Quand enfin, elle se décida à quitter la chambre, elle ouvrit lentement la porte et tomba nez à nez avec Mééra, qui l'attendait patiemment. Son amie, le regard plein de bienveillance et un sourire léger sur les lèvres, ne dit rien, mais son expression parlait pour elle.

— Comment va-t-il ? murmura Mééra, son regard se posant brièvement sur la porte derrière Sahar.

— Il va mieux, répondit Sahar en se redressant. Mais il est encore faible, et. . . il a beaucoup de choses à gérer.

Mééra hocha la tête. Elle savait que la situation était bien plus complexe que ce qu'elle aurait pu imaginer. Elle posa doucement une main sur l'épaule de son amie.

— Et toi, Sahar ? Comment tu vas ? demanda-t-elle avec cette douceur qui la caractérisait tant.

Sahar ferma les yeux un instant, cherchant les mots, mais aucun ne semblait à la hauteur de ce qu'elle ressentait. Elle se contenta de sourire faiblement.

— Je ne sais pas, Mééra. Il y a tellement de choses que je ne comprends pas encore.

Mééra soupira faiblement, mais son sourire persista.

— Tu comprendras avec le temps. Et quoi qu'il arrive, tu sauras ce qu'il faut faire. Je te connais assez pour savoir que tu es plus forte que tu ne le crois.

Sahar hocha lentement la tête, reconnaissante de la présence réconfortante de son amie. Mais une part d'elle restait profondément troublée par tout ce qu'elle venait de découvrir. L'amour qu'elle avait longtemps cherché à enterrer refaisait surface avec une intensité qu'elle n'avait pas anticipée.

— Repose-toi, Sahar. Tu en as besoin. Tu portes déjà tant de choses sur tes épaules.

Puis, elle disparut dans le couloir de l'hôpital, laissant Sahar seule avec ses pensées tourmentées, mais aussi cette douce certitude : malgré l'incertitude de l'avenir, quelque chose de profond venait de naître entre elle et Édrei, quelque chose de beau, de puissant, et de terriblement fragile à la fois.

Pendant les trois jours qui suivirent, Sahar prit soin d'Édrei avec une attention toute particulière, son cœur battant à chaque fois qu'elle franchissait le seuil de sa chambre.

La lumière douce des premières heures du soir baignait la pièce lorsqu'elle entrait, apportant avec elle une sérénité apaisante. Édrei, toujours affaibli, la regardait avec des yeux remplis de gratitude, et malgré ses forces retrouvées petit à petit, il semblait vouloir savourer chaque instant de cette intimité silencieuse.

Ils échangeaient peu de mots, mais chaque geste de Sahar . Qu'il s'agisse d'ajuster son oreiller ou de veiller à ce qu'il ait tout ce dont il avait besoin, était empreint d'une tendresse subtile. Parfois, leurs mains se frôlaient, et une douce chaleur envahissait la pièce, comme si, dans ces moments volés, une part de leurs âmes s'était reconnue.

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant