⨁ INTERLUDE XVII ⨁

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La plaie qu'il avait gagné sur son bras mettait du temps à se soigner. Sur un bateau, l'humidité et le sel rendait les guérisons de petites blessures parfois si lentes qu'elles finissaient par s'infecter. Le Capitaine Alios en faisait rarement les frais, même s'il était un pirate, il était un pirate prudent, laissant son équipage prendre les balles à sa place. Certain pourrait le traiter de lâche, mais qu'importe les quolibets, ne comptait que sa fortune et son plaisir. Ses matelots le suivaient parce qu'il savait comment s'enrichir, un pirate ne suit que le plus offrant.

Dès lors, quand il décida de garder l'enfant de l'île avec lui, l'étranger du peuple de la forêt, son équipage avait été surpris. Ils pensaient au départ que le Capitaine voulait simplement s'amuser, comme on s'amuse avec un petit animal blessé qu'on soigne avant de se lasser de sa compagnie. Ils pensaient même qu'il finirait par l'oublier dans un coin, mourant de faim, ou même sur un port, après un pillage. Mais Alios semblait s'être attaché au petit clandestin, sans lui témoigner pour autant plus d'attention ou d'affection. Toujours aussi maigrichon et parfaitement muet, le garçon restait dans sa cabine, obéissait au moindre de ses ordres silencieux, parfois d'un geste ou d'un claquement de doigts il l'appelait pour qu'il lui ramène une carte, sa longue vue ou encore son repas. Il ne lui avait même pas donné de nom, il l'appelait "gamin" et comme l'autre ne répondait jamais, l'équipage avait pris la même habitude.

Ils commençaient tous peu à peu à l'accepter dans le décor, comme on accepte les rats parfois cachés dans les cales.


« Gamin, donne moi cette bouteille. »

Lui ordonnant le Capitaine.


Le garçon refermait ses mains sur le pensement qu'il avait imbibé d'alcool pure sur la plaie avant de lui tendre la bouteille.

Cela faisait un an qu'il était maintenant sur le bateau, le garçon devait avoir six ans tout au plus. Le Capitaine buvait directement au goulot regardant maintenant ses cheveux - même si noircies par la poussière humide des calles - révélait une couleur étrange. Du bleu. En un an, si cette couleur était une teinture, elle aurait depuis longtemps disparue mais ce n'était pas le cas. Au contraire. Il lui semblait qu'elle devenait de plus en plus vive.

Le Capitaine n'aimait pas ça. Cette couleur. C'était loin d'être un bon signe.

En tant que marin, il était de son devoir de connaître les contes et légendes, qu'elles concernent la terre ou la mer. Elles alimentaient leur superstition, elles partaient parfois d'un fond de vrai, révélaient des emplacements de coffres, d'îles abandonnées. C'était son devoir de savoir ce qu'on raconte, de développer sa capacité à pouvoir distinguer ce qui était intéressant et ce qui était exagéré. Il avait un don pour ça.

Aucun pirate n'ignorait la légende des cinq mages de la forêt des Quatre Cent Dieux, d'autant qu'elles étaient à l'origine de la guerre qui se préparait sur le continent.

Le Roi Aden était mort il y a quelques mois maintenant, et son fils Kane avait été assassinée par son demi-frère, Konrad. Fenrir avait dès lors déclaré la guerre, entrainant ainsi Agora et Pandore dans son alliance. La chute de l'Empire de Vagari n'était qu'une question de temps et tous se demandait si les Mages allaient réapparaître. Ces derniers n'étaient pas intervenus depuis la proclamation de l'Empire, certains les pensaient mort, d'autres simplement disparus depuis l'extermination du peuple de la forêt.

Alios s'était forgé sa propre opinion et depuis qu'il avait ce garçon sur son bateau, il en était maintenant sûr.

On ne tue pas le Geai Bleu. On ne fait que retarder l'inévitable.


« CAPITAINE ! CAPITAINE ! »

Son second débarqua soudainement dans sa cabine, l'enfant n'eut même pas un sursaut.

« Des navires à trois lieux d'ici. Des pavillons noir et vert.

- Haendel, souffla alors Alios. Des dragons ?

- Rien à l'horizon.

- Combien de navires.

- Des dizaines Capitaine, je crois qu'il se dirige vers Vulci.

Alios se mordit les lèvres tout en se redressant ce qui fit reculer le garçon.

- Changeons de cap. Il faut sortir des eaux de Vagari. Nous partons en direction des îles de Sel d'Omaha. Ce sont des cités libres.

- Capitaine, si Fenrir décide d'attaquer Vulci, alors la guerre sera déclarée. Nous pourrions peut-être en profiter.

- Ce n'est pas une simple guerre. Attendons les premières batailles, nous pourrons toujours en profiter quand les défenses seront tombées.»


Alios devait garder la face mais en réalité il n'était pas rassuré. S'immiscer au milieu de ces nations, avec un enfant du peuple de la forêt à bord : autant se pendre soi-même pour faire gagner du temps à Fenrir.

Il fallait qu'il s'en débarrasse. A moins qu'il puisse l'utiliser comme monnaie d'échange pour gagner une protection ? Lequel des Rois proclamés paieraient le plus cher ?

Alios regardait l'enfant, ce dernier rangeait les bandages et les pansements avec sérieux.

Il soupira, contrarié mais soudainement gagner par un sentiment auquel il commençait à s'habituer : la pitié. 



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LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant