Il y a de ceux qui ont vécu l'enfer, sans parent ni repaire. Qu'on vend pour sauver sa peau ou qu'on cache pour éviter la potence. Pas de famille, de patrie. Il y a de ceux qui ont connu le bonheur, le foyer chaleureux, l'amour d'une famille aimante et protectrice. Ceux dont le poids du rang, des responsabilités étouffaient les rêves, les envies personnelles, la liberté d'un choix qu'on avait arraché. Et il y avait ceux qui n'avait rien. Rien de bien ou de mal. Une routine sans accrocs, des parents travailleurs, simples, sans rang mais qui n'avaient pas à craindre les lendemains difficiles. Une jolie scène qui aurait de quoi réjouir n'importe qui, pourtant tout sonnait faux. Montée de toute pièce.
Seungmin avait toujours eu la sensation qu'il manquait quelque chose à son existence, une pièce manquante dans son puzzle monochrome, c'était bancale et il ne comprend pas pourquoi.
Ça le démangeait sans pouvoir aller chercher de réponse, comme si peu à peu, son esprit observateur, intelligent, son besoin de tout savoir avait trouvé son plafond de verre. Le visage serein de sa mère, les mots bien choisis de son père mais si creux à son oreille. Le tableau se fissurait et la frustration lui donnait bientôt des insomnies au point qu'il passait le plus clair de son temps à l'école d'Eminence. Seungmin avait intégré la prestigieuse école agorienne à l'âge de treize ans, ce qui était un exploit mais pour un surdoué comme lui, il n'y avait rien d'étonnant en réalité. Ni pour lui, ni pour ses proches. Seungmin était fils unique, sa mère s'occupait d'une boutique de tissus et son père était souffleur de verre. Un travailleur aux mains noires et au regard parfois vide, qui lorsqu'il était enfant, le mettait mal à l'aise mais il avait mis cela sur le compte de sa personnalité parfois trop mature pour son âge. Son père n'avait jamais été méchant avec lui, ni ne l'ignorait sciemment. Il y avait seulement ce mur invisible, cette résistance de leur interaction qui le maintenait à distance.
Sa mère était douce, elle était attentive à ses besoins mais en grandissait il comprit que jamais elle n'avait eu de discussion plus profonde avec lui.
Leur vie de famille était une peinture de surface. Un cache misère et il n'arrivait même pas à voir ce qu'il y avait dessous.
Il n'y avait pas de partage, pas de lien.
En sortant de l'école, ses livres dans les bras et marchant sur les pavés de la ville basse, il remontait les grandes marches qui menaient à la ville haute, les yeux dans le vague et l'esprit ailleurs, il ne faisait pas attention aux passants ni aux bruits environnement. Il se demandait encore une fois s'il ne devenait pas fou, si ce n'était pas une maladie qui lui donnait ces idées noires, cet écran de fumée sur son quotidien. On lui avait toujours dit qu'il était particulier, c'était peut-être lui la fausse note, pas ses parents. C'était peut-être lui qui ne pouvait rien ressentir.
« T'as pas encore compris que t'avais rien à foutre dans la ville haute ? T'es qu'un pauvre chiard d'une famille de pécore de l'autre côté du rempart, pas plus utile qu'un chien errant. Dégage de ma vue avant que je t'embroche ! »
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LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]
Fanfic⟪ On raconte que le Geai Bleu était un groupe de Mages particulièrement redoutables, originaires de la forêt des Quatre Cent Dieux. Une forêt enchantée, maudite pour certains, où vivent créatures légendaires, monstres mythiques où seuls des hommes à...