Au lever du jour, criblé de courbatures, je sentais la fraîcheur caresser lentement la peau nue de mon dos alors que les voiles du lit se mettaient à lentement onduler, laissant passer l'air et les quelques rayons de soleil d'une journée mitigée.
Je me suis mis aussi tôt trembler, cherchant à tâtons un morceau de drap pour me couvrir. Gardant les yeux fermés, je glisse puis je me retrouve à remonter une petite dune au grain piqueté de frissons. Puis redescendre la ligne d'une vague, jusqu'au creux de ses reins, suivant la houle. La sensation douce de la peau, de la fraîcheur sous la pointe de mes doigts qui éveillait ses sens et les miens. Enfin, j'entends un léger grognement, presque un soupire.
J'ouvre alors les yeux, agressé par la lumière, je les referme aussi tôt. La bouche pâteuse et toutes les sensations qui petites à petites font surface. Mes lèvres gercées, ma peau sensible, une tension dans les muscles dorsaux et sur les articulations de mes genoux. A chaque signal, je me revois, dans la baignoire, attrapant les jambes du Prince. J'entends chacun de ses murmures, chacune de ses demandes. Puis l'entrainant hors de l'eau, au milieu de ses draps, recouvrant son corps, me laissant emporter par le chemin traversé de ses mains grandes ouvertes, crispées sur mes bras, mon buste, mes épaules, mes cheveux. Le regard doucereux, implorant, brumeux. Ses lèvres palpitantes, sa langue, ses baisers. Je sens encore l'odeur de sa peau, le goût, le picotement de ses cheveux sur mes yeux.
Je sens ma poitrine compresser, mon souffle devenir de plus en plus en court alors que je me souviens de tout. C'est comme de les revivre en accélérer, de sentir à nouveau mon cœur s'affoler et mon corps se raviver. Pourtant un autre sentiment commence à pointer le bout de son nez, celui de l'angoisse, la peur. La peur d'avoir été trop loin. La peur du regret et la blessure que cela pourrait engendrer. J'étais pleinement conscient de mes actes et lui aussi – en tout cas il en avait l'air – mais peut-on être réellement conscient quand on est autant aspiré par un désir aussi latent qu'incontrôlable ?
Je me retourne appréhensif et je porte enfin mon regard de l'autre côté du lit. Je reste sur le ventre, la main toujours posée sur le flan de son dos. Aussi tôt, ma respiration se coupe. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien, le poing serré contre l'oreiller, appuyé contre ses lèvres. Il parait si paisible que je sens mon cœur se serré. Ses cheveux éparpillés en cascade, laissant filtrer par endroit la volupté de ses cils chatouillant ses pommettes. Son visage gracile, énervant tant il est parfait, me laisse toujours sans voix. Je n'arrive même pas à détourner mes yeux, compléter hypnotiser par la texture de ses lèvres, légèrement détachées l'une de l'autre par l'appui du haut de son poing, plus rose et dont la texture pourrait s'apparenter à celle d'une pèche juteuse au crépuscule d'un été brûlant.
La peau claire de ses joues et la finesse de son nez. Une légère marque se détache sur le haut de sa mâchoire, une petite griffure et si je redescends encore, je vois qu'il y en a trois autres sur la naissance de ses cheveux. Un échange un peu trop fougueux qui me fait rougir sans en être gêné pour autant. Alors que je continue ma contemplation respectueuse, sans me rendre compte du temps qui s'écoule, je le sens s'agiter. Je recule instinctivement, craignant de le réveiller mais ce n'est pas ce qu'il cherche, au contraire. Il bouge, remue, puis se presse un peu plus jusqu'à m'obliger à ouvrir les bras et l'accueillir contre mon torse. Le plus amusant est que ces épaules sont plus larges que les miennes, mais recroqueviller sur lui-même, il me parait si fragile. Je souris sentant mon cœur fondre devant une telle vision. Et n'y tenant plus, je l'enlace pour le garder tout contre moi, la tête posée sur le coin de la sienne.
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LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]
Fanfiction⟪ On raconte que le Geai Bleu était un groupe de Mages particulièrement redoutables, originaires de la forêt des Quatre Cent Dieux. Une forêt enchantée, maudite pour certains, où vivent créatures légendaires, monstres mythiques où seuls des hommes à...