⨁ INTERLUDE XXVII ⨁

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Il faisait les cent pas. Son cœur tambourinait dans sa poitrine à mesure que les secondes, les minutes défilaient alors qu'il attendait à la lisière de la forêt. Il triturait la garde de son épée, essayait de ne pas profaner cette terre sacrée en hurlant le nom de l'homme qui hantait ses pensées depuis qu'il était parti au cœur de celle-ci.

Il soupira une nouvelle fois, se frottant les yeux alors que le soleil frappait fort en cette chaude journée estivale. Voilà deux mois que le monarque avait rejoint la forêt des Quatre Cent Dieux, dix mois qu'ils ne s'étaient plus vu et ce fut aussi long que de longues années pour le garde personnel de ce dernier. Changbin n'avait jamais été séparé de son meilleur ami aussi longtemps. Pire encore, il n'avait jamais perdu de vue l'homme qu'il aimait depuis cette fameuse rencontre. Dans cette allée du Palais, alors que le Roi Marius était rentré d'un conseil important, que lui-même suivait son père partout, il avait vu le Prince Christopher dans les bras du souverain. Son grand sourire, ses fossettes, la douceur de sa voix et la puissance de ses iris. Un feu. Il avait pourtant à peine cinq ans et déjà il avait une envie irrésistible de s'en approcher, de le toucher pour voir s'il pouvait se brûler mais cette sensation l'effraya tout autant. Le danger et bien trop timide pour oser exprimer ses pensées, lorsque son père lui demanda de le rejoindre pour les présenter, le petit Changbin s'était enfuis.

Après cette rencontre, ce n'était plus son père qu'il suivait partout, c'était le garçon semblable à un feu ardent.

Le temps avait bien changé. Le suivre, il le faisait toujours. Du temps où il était Prince, Changbin pouvait se promener à ses côtés, être son égal dans l'intimité des deux adolescents qui grandissaient ensemble. Apprenaient ensemble. Ils pouvaient ainsi profiter de ses sourires qui n'avaient pas changer, de la chaleur qui continuait de se dégager de ses iris, de son corps qui devenait peu à peu celui d'un homme. Il se sentait privilégier.

Et quand il devint Roi, en plus de la peine d'avoir perdu un grand souverain, il avait senti l'abrupte choc de leur rang. Du fossé qui émergea des entrailles d'une relation qu'ils avaient construit dans l'innocence, l'inconscience, sans se soucier de l'avenir. Le cadre de leur complicité se brisa. Il était devenu Roi. Et il n'était qu'un soldat.

A ce moment-là, Changbin comprit qu'il aimait son meilleur ami. Bien plus qu'il ne le devrait et sans pouvoir y mettre de mots, il essaya de se restreindre, d'être digne et honorable comme l'était son père car c'était précisément ce qu'il lui avait dit de faire.

« Maintenant, c'est à toi de le protéger, mon fils. Tu es son garde et tu seras son futur Commandant. Chan est ton Roi. »

Chan était parti depuis des mois déjà, Changbin était à l'aube de son quinzième anniversaire et il ne voulait qu'un cadeau. Il voulait le voir, l'entendre rire. Qu'importe qu'il partage ses sentiments inavoués, ceux qu'il avait fini par accepter alors que Chan disparaissait derrière les arbres de la forêt.

Le soldat releva alors ses yeux sur la végétation, il observait la lumière qui traversait les branches, faisait danser les ombres et finalement l'une d'entre elle se détacha, marchait, se rapprochait et Changbin sentit son cœur éclaté. Il expira un souffle retenu depuis trop longtemps, son corps se relâchait alors que son souverain apparaissait. Celui qui gouvernait sur le trône d'Agora comme dans son cœur.

Il ne put retenir un rire plein de joie et Chan lui répondait alors qu'il franchissait enfin du seuil de la forêt. Se trouvant maintenant à quelques pas du soldat. Il avait changé mais ce n'était pas tant son physique, même s'il avait les cheveux un peu plus longs, un corps un peu plus travaillé, c'était son aura. Il se dégageait une sensation de maturité nouvelle. Changbin l'observait, intrigué et finalement de plus en plus intimidé alors que le Roi se retrouvait si près de lui sans quitter son sourire. Il avait du mal à faire le tri, il ne savait même pas comment le saluer, s'il pouvait le prendre dans ses bras, s'il devait s'incliner. Il se sentait de plus en plus mal à l'aise et finalement il se racla la gorge avant de demander maladroitement : 


« Alors, comment je dois t'appeler maintenant ? »


Le sourire s'étira davantage dévoilant enfin les fossettes qu'il connaissait bien. Cela détendit Changbin, il riait avec lui mais encore une fois, il ne savait comment le féliciter. Ses joues s'empourpraient et décida de simplement poser une main sur son bras. Une tape amicale qui figea le souverain. Il avait perdu toute sa bonne humeur en un fragment de seconde.


« Je suis fier de toi !  il s'exclama en voyant bien son ami se décomposer.

- C'est quoi ça ? Demanda brutalement Chan. 

Changbin ne sut quoi répondre. Il regarda sa propre main, sentant le rouge lui monter aux joues. Sa vue se brouillait même alors que son cœur battait à tout rompre. Gêné, il détourna le regard en se frottant la nuque.

- Je suis désolé...Majesté. C'était déplacé. »


Est-ce qu'il avait franchi une ligne ? Ca faisait des mois et même s'il avait le même visage, la même voix, ce n'était peut-être pas le Chan qu'il avait laissé entrer dans la forêt. S'il avait eu l'achèvement, il était alors peut-être attaché à plus de rigueur, de salutations formelles ?

Chan jeta soudainement son sac au sol, le faisant redresser son visage dans sa direction mais il n'eut même pas le temps de comprendre qu'il le tira brusquement par le bras pour le plaquer contre son corps. Encore une fois, il essaya de parler mais il fut arrêter par les lèvres du nouvellement mage. Cette bouche qu'il avait déjà embrassé il y a des mois, qui obsédait parfois ses nuits depuis, lui dérobait un profond baiser.

Trop stupéfait pour réagir, Changbin restait immobile et finalement, quand ses lèvres commençaient à se mouvoir, il sentit son esprit basculé, aspiré littéralement et se hissa contre le garçon qui le serrait un peu plus dans son étreinte. 

Tout devenait blanc, insonore, il n'y avait qu'eux, coupé du reste du monde.


« Je te l'ai déjà dit, souffla le monarque contre les lèvres du soldat qui retrouvait à peine son souffle. Pour toi, je serai toujours Chan. Pas de Roi, pas de Callum...Juste Chan. 

- D'accord, acquiesça Changbin vivement, un peu dans le brouillard et passant sa langue sur ses lèvres.

- Bien, sourit le brun en suivant le passage humide. Encore une fois... »


Le noiraud expira un petit sourire, le regardant se pencher à nouveau.


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LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant