⟪ On raconte que le Geai Bleu était un groupe de Mages particulièrement redoutables, originaires de la forêt des Quatre Cent Dieux. Une forêt enchantée, maudite pour certains, où vivent créatures légendaires, monstres mythiques où seuls des hommes à...
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Les deux hommes se tenaient aux abords de la forêt, Christopher aurait dû normalement s'y rendre depuis presque un an déjà mais le décès de son père l'avait conduit à revoir ses plans d'initiation en tant que Mage du Geai Bleu. Il se savait proche de son achèvement et il savait qui lui restait une étape avant de définitivement devenir Callum, cette étape se trouvait au cœur de la forêt des Quatre Cent Dieux.
Changbin l'accompagnait, il ne pouvait fouler les terres sacrées de l'ancien peuple avec lui mais il tenait à venir jusqu'au seuil. Jusqu'au pas qu'il ne pourrait pas franchir. Il ne savait pas combien de temps cela prendrait, personne ne le savait, bien que le Roi avait promis de revenir après quelques semaines, en tant que Mage-Guerrier. En tant que tel, il n'était pas si extraordinaire que ce dernier doive terminer son initiation loin de la ville de Mirin. Il était un jeune monarque, encore en plein apprentissage, cela n'inquiétait ni la cour ni son peuple. De plus, le Royaume était entre les mains du Commandant Seo Bohyun, le plus fidèle des chevaliers de feu Marius Bang, une famille ancestrale et loyal. Avec lui, la Reine consort Sunhee, veuve du Roi Marius et mère de l'héritier Hwang Hyunjin.
Il n'y avait que Changbin qui était inquiété de son départ, car c'était la première fois depuis que les deux garçons se connaissaient qu'ils allaient être séparés. Le noiraud avait du mal à cacher sa nervosité, il ne cessait de triturer la ficelle bleue de la garde de son épée, observant la cimes des grandes arbres de la forêt. Il lui semblait que ces derniers l'observaient, comme des géants qui gardaient le sanctuaire, prêt à le défendre s'il le fallait et Changbin se sentait si petit devant une terre aussi ancienne, gorgée de millénaires d'histoire et de magie. Il déglutit, le cœur palpitant alors que Chan se détacha et commençait doucement à s'avancer au pieds des grands arbres. Il les regardait avec appréhension sans pour autant en avoir peur, il avait la sensation même qu'on l'appelait. Seulement il hésitait, pour les mêmes raisons que son garde royale, parce qu'il avait peur de s'éloigner, peur de la distance et alors qu'il se retournait pour regarder son meilleur ami, il entendit le cri d'un oiseau.
Sur une branche, le plumage azuré. Un Geai Bleu.
Changbin le voyait de la même façon et sentit lentement sa mâchoire se décrocher, son cœur battait encore plus vite et le dos de Chan ne lui avait jamais paru aussi loin.
Non. Reste.
Une peur grandissante, le sentiment d'être laissé derrière. Des émotions aux quelles il préférait ne pas prêter attention jusque-là, parce qu'il ne les comprenait pas. Il se croyait simplement très attaché, comme à un frère mais c'était différent, c'était un autre lien et une autre angoisse qui lui tenaillait l'estomac.
« Chan...Tu-
- Je dois y aller, il lui dit alors sans quitter l'oiseau des yeux. Ne t'ennuie pas trop sans moi. »
Cette fois le monarque se tournait vers lui, un sourire mélancolique sur les lèvres.
Chan n'était qu'un adolescent qui avait grandi trop vite, un adolescent de quinze ans qui il avait partagé toute son existence et les deux garçons avaient été propulsés à des rangs qu'ils ne pensaient pas atteindre avant plusieurs années, ils avaient néanmoins jalonner leur chemin de vie, sans leur laisser la possibilité de profiter d'autre chose. D'eux, tout simplement. Profiter de ce qu'ils ressentaient au plus profond d'eux-mêmes.
« Tu...Répéta Changbin le souffle court. Reviens vite d'accord », il essaya de sourire à son tour mais les élévations de sa poitrine trahissaient la forte émotion qui l'envahissait.
L'inquiétude de ne pas pouvoir lui avouer. Chan le ressentait à son tour, comme un besoin, une nécessité qui ne pouvait en réalité pas attendre plus longtemps et qui l'éloignait alors de l'oiseau.
Il parcourut les quelques pas qui les séparaient et sans s'arrêter, se jeta au cou de son ami. Il l'embrassa. Avec une passion déchirante et Changbin l'accueillait avec la même ferveur, la même expiration qui soulageait son corps d'un poids trop lourd, tout en le martelant d'une réalité qui lui brisait la voix.
Il l'aimait. Il l'aimait tellement et il ne voulait pas le voir partir. Il avait si peur de le perdre, c'était infondé, il savait qu'il lui reviendrait mais il y a des sentiments qui ne s'expliquent pas, il y a des actions, des craintes qui nous gouvernent comme n'importe quel garçon qui vit son premier amour.
Son seul et unique amour.
Chan se détachait alors, essoufflé, essayant de le garder encore un peu près de lui. Puis il sourit, bêtement, heureux et Changbin l'imitait.