⨁ INTERLUDE XXVIII ⨁

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La première fois qu'il vit les portes de Mirin il se demanda combien d'anciens monarques, d'anciens chamanes, guides spirituel, fidèles, combien d'hommes, d'esprits ou de tous ses représentants avaient pu franchir les deux grands pans de bois. Taillés et sculptés comme un bloc unique et massif, dont les moulures avaient ces courbes et arrondies, traçant les traits du lion ailé, si l'on se donnait la peine de faire quelques pas en arrière pour les observer.

Minho était encore un petit garçon, un Prince déjà depuis quelques temps, depuis la fin de la Guerre des Cinq mais un enfant qui même si ne le montrait en aucun cas, se sentait totalement écrasé par tant d'années d'histoire et de responsabilité.

A ses côtés se tenait sa mère, un port de tête fier, les écussons de la famille de Pandore, gravés sur les coutures de sa robe dont la traine apportait la poussière ocre de la cour à chacun de ses pas. Il faisait chaud à Mirin, mais ce n'était rien comparer à Calcano et ses volcans.

Minho était tout de rouge vêtu, ses cheveux presque au reflet cuivré, malgré un couleur plutôt clair en temps normal, faisait ressortir les éclats de ses yeux perçants, félins. Déjà à sept ans, il observait ce qui l'entourait avec intérêt, curiosité, sans jamais laisser transparaître une quelconque émotion vive, qui trahirait son admiration pour une citée alliée dont il n'avait qu'entendu le nom par ses précepteurs. Chaque recoin passé au crible, chaque pierre anguleuse du château dont le parfum du soleil chatouillait son nez, chaque petit courant d'air qui agitait les feuilles des végétations qui entouraient le Palais, le faisait se sentir dans une terre sacrée, à la lueur des rayons du soleil.

Contrairement à Calcano et au Palais de Pandore qui ne faisait qui lui donnait la sensation de s'être terré dans l'ombre : ici, tout était à la lumière et à la vue de tous.

Et à l'effigie de cette clarté, le Prince Christopher était tout aussi rayonnant.

Il se tenait fièrement à côté de sa mère, un grand sourire sur les lèvres, les mains dans le dos, il saluait l'enfant qu'il était comme s'ils allaient devenir les meilleurs amis du Monde. Minho se sentit aussi tôt intimidé par lui, alors même qu'il semblait si facile, si peu conscient de sa toute nouvelle importance. Car ils étaient devenus semblables, héritier d'un royaume, mais celui d'Agora était d'autant plus important qu'il était devenu la tête pensante de l'Alliance, son influence était telle que se retrouver sur son trône revenait à se retrouver sur le trône du Continent.

Seulement Christopher ne semblait nullement impacté. Il était heureux. Heureux de le rencontrer, choyer dans sa famille, sous le regard tendre de sa mère et fier de son père.

Il le jalousait. Du haut de ses sept ans, Minho enviait Christopher sans se douter une seconde qu'ils auraient des chemins parallèles, liés, des chemins semés de mort et de sombres secrets qui les rendraient plus proche que nul autre. Des frères d'une autre vie.


« Toi aussi alors..., avait murmuré Christopher alors qu'il regardait ses yeux lavande. Tu as le premier signe. »


Minho avait frissonné. Personne en dehors de ses parents ne lui avait un jour dit ces mots : le premier signe. C'était un mauvais présage, une honte que sa famille ne mentionnait jamais, priant secrètement pour que cette constatation s'arrête là. Il regardait le Prince d'Agora qui lui faisait simplement signe qu'il garderait le secret, verrouillant le coin de sa bouche pour jeter une clé imaginaire sur le côté.

Minho était encore plus mal à l'aise, perplexe serait plus juste, il n'écoutait même plus la conversation des deux souveraines.

Depuis ce jour, il avait souvent rendu visite au Prince d'Agora, son père lui répétait qu'il était dans son devoir d'héritier d'entretenir de bonnes relations avec le futur Roi allié. La vérité était qu'il était heureux de s'y rendre, heureux d'échapper aux yeux inquisiteurs de sa mère, qui inspectait la manifestation d'une autre trace. Heureux de pouvoir discuter avec Chan qui lui avait révélé son premier signe mais aussi le tatouage sur son épaule trois ans plus tard.

Lorsque son propre tatouage apparu dans son dos à l'aube de ses douze ans, il n'avait pu retenir un sanglot. Il était par chance en séjour au Palais de Mirin, Christopher l'avait vu débouler dans sa chambre au milieu de la nuit alors qu'il pleurait à chaudes larmes, paniqué, la voix bloquée dans la gorge sur des syllabes répétées qui n'avaient pas de suite.


« Je...Je...Ta..Le...Tatou...

- Calme toi Minho, je t'en prie. Qu'est-ce qu'il se passe ? » Lui avait demandé Chan d'une voix douce. Le laissant s'écraser contre son torse.


C'était encore un enfant mais Christopher avait déjà cette aura protectrice, depuis le premier jour. Que ça soit avec Minho, le fils du Commandant Seo ou encore sa jeune sœur.

Minho pleurait, s'étouffait alors qu'il se détachait enfin du Prince et qu'il remontait sa chemise de nuit pour le laisser entrevoir les traces de l'oiseau dessiné sur le haut de son dos. Il continuait de pleurer tandis que les reflets bleus de la marque magique se reflétaient sur les iris du Prince d'Agora.

Christopher avait envie de sauter de joie mais il savait que ce n'était pas le sentiment de son ami. Minho ne voulait pas être un Mage, il le redoutait plus que tout et il sentait sa souffrance comme si c'était la sienne. Il se pinça les lèvres sous l'impuissance, l'obligeant à baisser sa chemise de nuit, sans le brusquer pour autant.


« C'est rien Min'. Tu ne peux rien y changer. Mais quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe maintenant, tu sais que je serai toujours là pour toi, d'accord ?

- Qu'est-ce..., Minho ravala sa salive. Qu'est-ce que je vais dire à mes parents ?

- Tu vas simplement leur expliquer. Tu n'as pas encore eu l'achèvement, beaucoup de choses peuvent arriver.

- Mais j'ai la marque ! Il m'a choisi ! Fe...Le Nécromancien.

- Oui mais tu dois avoir l'achèvement pour devenir définitivement l'un d'entre eux alors respire. Ne fait pas de conclusions hâtives. Et puis, même si ça arrivait, alors nous serons quand même ensemble, lui sourit Christopher.

- Comment...Comment tu peux être aussi calme ? Aussi sûr de toi ?

- Je ne sais pas, continuait de sourire Chan. Je le sais c'est tout. »


Son sourire était doux bien qu'il avait un peu perdu de sa clarté depuis le décès de sa mère, Christopher était fidèle à lui-même et de cette certitude, Minho put s'en sentir soulagé, laissant sa douleur s'évaporer, parce qu'il savait que jamais il ne lui mentirait. 


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LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant