⨁ INTERLUDE XIX ⨁

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« Au nom de sa Majesté le Roi Fenrir, souverain du Royaume d'Haendel et protecteur de la terre de glace, vous êtes condamné à mort

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« Au nom de sa Majesté le Roi Fenrir, souverain du Royaume d'Haendel et protecteur de la terre de glace, vous êtes condamné à mort. »

« Ne regarde pas, Hannie. Ce n'est qu'une histoire qu'on raconte pour se faire peur le soir. Oublie cette vie et souviens toi seulement des mots. Vocavi, Aucellus Azul. Un jour tu attendras l'appel et tu devras y répondre. Un jour tu pourras les rejoindre. »

« Avez-vous quelque chose à dire, avant l'exécution de votre sentence ? »

L'adolescent relevait ses yeux bleus sur l'assemblée. La foule grouillante, venue plus par habitude que par réelle curiosité morbide, couverte de tissus épais et de fourrures pour braver le vent glacial de l'hiver qui s'engouffrait dans la cité. Tous le regardaient comme on observe une étrange créature pour laquelle on avait de la pitié mais qu'ils oublieraient tous une fois que la hache du bourreau aurait fendu l'air et trancher sa tête. Il ne semblait pourtant pas le moins du monde effrayé, il fermait les yeux et laissait cette petite brise venir secouer sa chevelure sombre. Le temps s'arrêtait, il humait une dernière fois l'odeur de la neige, du bois fumé et de la forge.

Il ouvrit à nouveau les yeux, ses grandes iris bleues se plantaient sur un seul au milieu de la masse populaire. Caché derrière sa capuche, effaré, Jisung n'arrivait pas à pleurer au risque de voir ses larmes gelées sur ses joues. Il sentait son cœur battre à tout rompre, ses mains trembler et le reste de son corps se planter si bien dans le sol qu'il ne savait s'il était encore capable de bouger.

« Vocavi Ancellus Azul », chuchota alors le condamné et son ami était le seul à l'entendre.

Le vieil homme à la longue barbe, qui tenait le parchemin royal le replia à nouveau et d'un signe de tête en direction du bourreau, il fit exécuter la sentence.

La hache remontait, soulevée par des bras puissants, au plus haut dans les airs et retenait le souffle des spectateurs comme s'ils attendaient tous qu'elle s'arrête, qu'une intervention divine, inexpliquée donne du crédit à toutes ces superstitions.

Si c'était bien un descendant de ce peuple mystique, s'il avait bien des pouvoirs, alors la hache ne pourrait rien lui faire. Elle s'arrêtera, disparaîtra comme un nuage de cendre et tous pourraient se jeter à genou devant l'impensable. Tous se prosterneraient devant le retour des puissants mages, en dépit de la peur de leur Roi et des conséquences qu'elle entrainait pour le peuple des terres glacées. Si seulement elle pouvait s'arrêter.

Mais la hache fendait déjà l'air, retombant dans un long et retentissant sifflement qui glaçait le sang de Jisung. Les yeux rivés sur son ami, son frère, ses yeux bleus, figés à jamais et son léger sourire. La douceur de ses traits. Il ne les reverrait plus jamais.

La hache tomba lourdement sur le rondin de bois et les quelques murmures cessèrent totalement. Ne restait que le vent. Le battement d'ailes d'un oiseau et la vie reprenait. La foule se dispersait ne laissant derrière elle que la silhouette inerte de Jisung. Débout, seul sur la place alors que l'annonceur de la condamnation repartait déjà avec les soldats d'Haendel, le bourreau lui, nettoyait sa hache tandis que deux hommes récupéraient le corps du condamné.

« Il était jeune. »

Jisung ne sursauta même pas à l'entente de la voix féminine dans son dos. Il ne pouvait tout simplement pas quitter des yeux de ce qui était jadis son frère, le seul à connaître son secret. Celui qui l'avait aidé à échapper à une mort de certaine, que ça soit sur l'île d'Oran ou depuis qu'ils avaient accostés sur Alfost. Celui qui lui avait permi de survivre jusque là et qu'il l'avait protégé, jusqu'à risquer sa vie et sortir de la forge tandis que Jisung s'était fait prendre à voler de la nourriture.

« Peut-être pourras tu empêcher que cela recommence ? »

Jisung pivota enfin dans la direction de la jeune femme qui se positionnait maintenant sur sa droite recrachant sa fumée d'une longue pipe, un Kiseru.

Elle portait une armure légère de cuir brun, des gants qui ne découvrait que ses annuaires. La cape doublée d'une fourrure dense et noires, recouvrant le haut de son front. Jisung avait repéré le manche d'une dague sur la ceinture, un manche doré et légèrement courbé, comme ceux qu'ils avaient déjà vu sur des mercenaires, des assassins décrits dans les histoires de Jinyoung, le peuple des assassins d'Insomia, les Ashin.

« Comment ? Demanda alors le plus jeune.

- Tu sais ce qu'on dit, soit proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis », lui souriait maintenait l'assassin en découvrant son sourire.

Une longue cicatrice traversait sa bouche, et son regard vert émeraude transparaissait dans l'ombre de sa capuche. Elle lui tendit son Kiseru et le garçon récupérait la pipe d'argent, observant les dessins sur le métal mais lorsqu'il releva la tête, l'assassin avait disparu.

Il entendit à nouveau un oiseau et ce dernier volait au-dessus de sa tête. Remontant plus haut dans le ciel couvert d'où il apercevait entre deux rangées de nuages, les tours du Palais royal d'Haendel.

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LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant