Sa mère ne pleurait jamais. Cela a toujours été un mystère pour lui. De sa courte vie, Hwang Hyunjin n'avait jamais vu sa mère pleurer. Elle avait toujours ce regard inquiet, observant chaque espace qui l'entourait comme si elle s'attendait à en voir surgir n'importe quel monstre et qu'elle prête à saisir ce qui était important avant de s'enfuir. Savoir qu'il en faisait partie était la celle chose dont il pouvait être sûr. Bien qu'il n'ait jamais ressenti la chaleur et l'amour maternelle, il savait que sa mère tenait à lui et c'était suffisant pour rester prêt d'elle. Suffisant pour la regarder comme on regarde son seul et unique modèle. Tout du moins jusqu'à ses cinq ans. Date à laquelle il était arrivé à Mirin.
Après avoir voyagé des jours sur un bateau. Sa mère s'était présentée à la Cour du Seigneur Marius. C'était la première fois que Hyunjin voyait un Seigneur. Il était grand, assis sur son grand siège au milieu de la salle immense, drapée d'étendard et de symbole en forme de lion ailé. Il se sentait encore plus minuscule dans cet espace gigantesque, totalement perdu et s'accrochait au taffetas pourpre de la robe de sa mère comme s'il craignait à son tour qu'on l'emmène.
Le Seigneur avait parlé, il n'en avait entendu qu'un bourdonnement, trop occupé à scruter les ombres et soldats adossés aux murs. Intimidité, il ne l'avait même pas senti s'approcher et quand le monarque s'était finalement accroupit devant lui, il cru sentir son petit cœur sortir de sa cage thoracique. Ses yeux s'écarquillaient et alors qu'il désirait plus que se cacher littéralement sous les jupons de sa mère, cette dernière posa sa main sur son dos, comme pour l'inciter à ne pas bouger et lui répondre.
« Bonjour Hyunjin, je m'appelle Marius, je suis heureux de te rencontrer. »
Hyunjin ne mimait pas mot. Il regardait les traits de cet homme, un peu plus vieux que sa mère, en témoignait les quelques cheveux blancs qui apparaissaient sur ses tempes.
Il avait un grand sourire et des fossettes presque enfantines qui adoucissaient les traits de son visage. Etrangement, cela eut pour effet de le détendre presque instantanément. Il demeurait méfiant, en tout bon petit garçon devant un inconnu, mais il ne sentait plus autant en danger. L'intonation de sa voix, son sourire honnête qui faisait ralentir le rythme cardiaque effréné de son palpitant, l'homme osa porter sa main à son épaule et tout doucement il tirant sur sa petite chemise, simplement pour dévoiler un tout petit de bout de peau sur son le haut de son dos. L'espace d'une seconde, Hyunjin sentit à nouveau le malaise le gagner alors qu'une lueur triste traversa le regard du noble. Il reporta à nouveau son attention sur lui, et après lui avoir sourit une dernière fois, il se redressa sur ses jambes.
La seule chose qu'il avait compris à ce moment-là, c'était que sa mère avait obtenue ce qu'elle voulait. L'autorisation de rester à sa Cour. Plus encore, le monarque lui avait trouvé des domestiques et lui avait attribué une garde spéciale. Des militaires qui les suivaient partout.
Hyunjin était content dans sa nouvelle maison, dans la ville haute. Il était près des remparts et ils lui semblaient toucher le ciel, si bien qu'il se disait qu'aucun méchant aucun monstre ne pourrait jamais les franchir.
En grandissant à Mirin, protégé et éduqué par les précepteurs seigneuriaux, Hyunjin se faisait peu à peu l'idée qu'il n'était pas n'importe quel noble. Lui et sa mère était souvent invités au Palais et leur gouvernant leur rendait même visite. Sa gentille épouse également, elle venait discuter avec sa mère. Elle était belle, elle avait de grands cheveux blonds et bouclés, et parfois elle ne venait pas seul. Son fils l'accompagnait. La première fois que Hyunjin rencontra Chan, il cru voir une version plus jeune du Seigneur. Déjà à dix ans, il se tenait droit, les bras dans le dos et d'une allure princière il avançait avec grâce. Hyunjin était non seulement impressionné mais aussi fasciné. Sa mère l'avait toujours caché dans sa tour d'ivoire, que ça soit dans leur ancienne maison ou ici à Mirin, Hyunjin n'avait pas le droit de sortir du jardin de leur demeure, il ne pouvait ni se rendre sur la place ni rencontrer d'autres enfants. Il n'y avait que les remparts qui lui permettait de regarder au loin, car très vite il a appris à y grimper, n'en déplaise aux soldats qui le suivaient partout.
Chan avait le même sourire que son père et de la même façon, il avait acquis la confiance du petit étranger. Hyunjin se sentait bien avec lui, le considérait comme son seul et unique ami. Chan était le seul à avoir le droit de venir le voir, et parfois il emmenait avec lui son meilleur ami. Changbin. Suivait sa sœur, Ryunjin. Et ainsi, le petit quatuor se formait et Hyunjin songeait alors combien sa vie était agréable. Vivre ainsi pour toujours, c'était un souhait qui s'imprégnait dans son esprit peu à peu.
C'étaient les moments les plus insouciants dans son existence, de plaisir sans aucune inquiétude. Même la tâche de son dos, ne le démangeait plus autant.
Et puis le cadre se brisa. Au premier drame. La mère de Chan était morte. Elle avait succombé à une maladie aussi soudaine que foudroyante. La Guerre faisait rage, il semblait que l'issu était imminente, d'après Changbin qui s'intéressait de très près à ce qu'il se passaient à des milliers de kilomètres de la Capitale. Le Seigneur Marius était au front, et en apprenant le décès de son épouse, il s'était précipité au Palais.
Hyunjin n'avait jamais vu sa mère pleurer, il ne pleurait donc presque jamais également mais en voyant les larmes de Chan, réconforté par Changbin, il sentait son propre cœur se déchirer. Et ce fut d'autant plus difficile de voir le grand Seigneur, son modèle, celui qu'il appellera d'ici quelques mois père, à genoux devant l'autel. Lui arrachant alors pour la première fois, un sanglot.
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LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]
Fanfiction⟪ On raconte que le Geai Bleu était un groupe de Mages particulièrement redoutables, originaires de la forêt des Quatre Cent Dieux. Une forêt enchantée, maudite pour certains, où vivent créatures légendaires, monstres mythiques où seuls des hommes à...