⨁ INTERLUDE XXXV ⨁

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Adieu


La douleur fut si brutale et si intense qu'elle lui fit perdre connaissance. Au milieu de la salle du trône, alors qu'il venait de congédier son chef de faction, Fenrir s'effondra. Sa tête heurta violemment le sol et le bruit résonna dans la grande salle jusqu'à alerter ses gardes, de l'autre côté de l'arche. Du reste, il n'avait aucun souvenir. Il s'était réveillé en sueur, fiévreux dans sa chambre. Au moins cinq physicien était présent, des maîtres spirituelles et son mage royal. Leurs voix étaient lointaines, brouillés et ressemblait par moment aux voix des esprits qu'il pouvait parfois percevoir dans ses méditations.


« Il l'a perdu. »


« Comment est-ce possible ? »


Ces quelques moments de lucidité étaient courts, à chaque fois qu'il commençait à revenir, la douleur devenait plus vive, la vision du monde, la lumière du soleil, tout était trop fort, trop brute et se tortillant alors que son cœur battait la chamade, manquant de sortir de sa cage thoracique, il s'étouffait, suffoquait du poids qu'il sentait lui écraser le corps entier, lui briser les os.

Au milieu des ombres des hommes de sa chambre, ce fut comme un déchirement de la réalité. Le monde se disloquait dans un craquement qu'il semblait être le seul à entendre. D'énormes fissures qu'il croyait halluciner apparaissait et rayonnait même dans son inconscient.

Il se demandait s'il était en train de mourir ? S'il avait subi une attaque sans s'en rendre compte ?

Son tatouage. La convergence de cette souffrance. Elle venait de là.


« Pourtant il a toujours le signe. Le symbole sur son bras, il n'est pas parti. »


Un rire vibrait dans les méandres de ses pensées. Un rire grave qui n'avait rien d'humain. Celui d'une créature. Un dragon.


« C'est le premier acte de ta punition, Fenrir. Je te l'ai dit, le monde est une énorme balance d'équilibre, si on prend, on doit donner et toi...Tu as trop pris. Il est temps de donner... »


Fenrir ouvrit brutalement les yeux. La douleur était toujours là mais plus tenu. Comme un battement de cœur pulsant, prisonnier d'une boîte tout au fond de son être. Il faisait noir dans sa chambre et il était seul. Son corps était si lourd, si engourdi qu'il ne savait combien de temps s'était écoulé. Des jours entiers ? Il transpirait encore, ses muscles lui faisaient un mal de chien et le moindre mouvement lui arrachait des gémissements de douleur.

Aucune lumière ne filtrait de ses grandes fenêtres mais il avait la sensation qu'il faisait nuit à l'extérieur. Dans le couloir, il n'entendait aucun bruit.

Il lui fallut encore de longues minutes avant de se décider à sortir de ses draps qui pesaient étrangement sur son corps endoloris. Le mouvement le faisait grimacer, il se leva néanmoins, maladroitement et reprenait la conscience de la faible capacité de ses jambes. Est-ce qu'il avait perdu du poids ? Il se sentait amaigri, nageant de sa robe de chambre qu'il refermait de ses doigts tremblants.

Il regardait ses mains, l'angoisse le prenait à la gorge lors qu'il voyait sa peau claire sur des os anguleux. Le manque de chair le fit déglutir et manqua de l'obliger à s'asseoir à nouveau sous la brusque chute de tension.

Il voulu parler, ma sa voix était comme morte. Tut depuis trop longtemps.

Il s'avança jusqu'à sa porte et tourna la poignée pour sortir. Dehors il n'y avait personne. Pas de garde mais il devinait à la chaise posée de l'autre côté du couloir qu'il devait en avoir un. Un surveillant qui faisait bien son travail, de toute évidence. Il claqua la langue avant de sortir un peu plus, se soutenant grâce au mur.

Ses pieds se levaient à peine du sol, ses pas étaient lent, difficiles et après seulement quelques mètres, il perdait déjà son souffle.

Etait il malade ? Quelqu'un l'avait empoisonné ?

Il se souvient des physiciens dans sa chambre, du mage. Est-ce que c'était un sort ? D'instinct il regarde l'oiseau dessiné sur son avant-bras. Il n'avait pas bougé, mais il semblait plus terne. Il ne voyait pas les reflets bleutés dans le tracé sombre, même dans la pénombre, il avait toujours réussi à le distinguer, d'une petite rotation sur le côté pour en capturer le moindre petit rayon de lumière.

Rien. Pas de mouvement. L'oiseau dormait et lui se sentait encore plus mal.

Il reprit sa marche, d'un pas plus pressé.

Il traversait la grande allée jusqu'au grand hall de la salle du trône. Transpirant à grosse goutte et sentant par moment sa résistance vacillée, il se forçait à rester debout. Eveillé.

Il ne s'arrêtait que pour tenter de reprendre son souffle, avant de continuer jusqu'à souterrains. Ils descendaient les allées, les grands couloirs dont les plafonds montaient à mesure qu'il s'enfonçait dans la terre. Son pas devenait encore plus pressant, plus nerveux à mesure qu'il s'approchait et qu'il sentait le souffle puissant, brûlant, sortir des narines de la créature.

Depuis son enclos, elle attendait et elle l'appelait. Fenrir arrivait enfin devant la porte et posa sa main sur le museau de la statue de pierre. Il avait le cœur qui battait à tout rompre, fatigué par sa marche et gagné de cette terreur profonde qu'il n'arrivait pas à accepter qui ne faisait qu'augmenter.

La grande porte de pierre s'ouvrit et le grognement de la bête lui parvenait maintenant aussi bien dans la réalité que dans son esprit.

Plongé dans le noir de sa cave, faisant trembler son environnement à chaque pas qu'il faisait dans sa direction, les yeux bleus étincelants de l'animal, comme un feu incandescent et impétueux, voyait le monde comme nul autre. Le voyait lui et son âme.

Fenrir levait la tête en devinant sa silhouette gigantesque dans l'ombre. L'animal était tout proche et le lien qui les unissait vibrait de cette destinée que tous les deux subissaient. C'était ainsi dans sa famille, les Sørensen ont du sang de dragon, ils doivent se lier avec eux et les soumettre à sa volonté. Son père n'avait pas le choix à son fils, ni au jeune dragon.


« Tu es seul, grondait la voix de Glass dans son antre. Totalement seul. »


Fenrir fronçait les sourcils, son cœur continuait de percuter dans sa poitrine et il regardait à nouveau son avant-bras, l'oiseau.


« Ta sentence a été prononcé. Fen Reis* »

*Roi Fenrir


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LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant