LE GEAI BLEU [Skz Fanfic/TERMINEE]

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Il faisait encore sombre, l'aube n'allait pas tarder à caresser de ses rayons les cimes des grands conifères de la forêt des Quatre Cent Dieux, et déjà le garçon aux cheveux immaculés et au regard azuré comme l'eau clair d'un ruisseau parcourait l'horizon comme s'il voyait le jour pour la première fois.

C'était un matin somme toute ordinaire pour son peuple, mais pour lui, c'était le premier qui suivait le rêve annonçant sa destinée : sa réincarnation achevée, marquant sa peau de l'oiseau bleuté. Il glissait son regard sur son avant-bras, les traits noirs qui s'étaient dessinés en même temps que la voix des anciens murmurée à son esprit : Ouvres les yeux, Zaen Philis.

Chaque habitant, chaque membre son peuple connaissait cette histoire, celle des cinq divinités qui avaient abandonné leur immortalité physique pour une immortalité immatérielle, celle de l'âme qui renaissait continuellement, se réincarnant en des hommes bien vivant. Ces divinités à qui on a attribué la création du Monde, d'après les légendes que continuait de perpétuer son peuple, était à l'origine même de celle du Geai Bleu.

Cinq demi-dieux, cinq mages.

L'Elémentaire, le Guerrier, le Nécromancien, le Moine et l'Alchimiste.

Zaen Philis, Cal Lilium, Falen, Eli Kil et Om Iris.

Ou en langue commune Zephilis, Callum, Felane, Enkil et Iris.

Des noms qu'on attribuait uniquement à leurs réincarnations humaines, lorsqu'elles apparaissaient. Les manifestations étaient toujours les mêmes, un signe d'appartenance physique, héritage du sang bleu qui coulait dans les veines des anciens demi-dieux : les yeux, les cheveux, la peau ou le sang. Elles différaient d'une réincarnation à une autre mais ce qui était certain, c'est qu'elles apparaissaient dès la naissance. Pour lui, ce furent ses yeux. D'un bleu si brillant qu'on pouvait le voir dans le noir le plus obscur comme deux points lumineux, deux pierres enchanteresses aussi chaleureuses que glaciales.

Puis c'était la marque, celle de l'Oiseau. Le Geai, tatoué sur la peau. Si certains en avait fait des représentations maquillées à l'encre par des artistes populaires, celle qui constituait véritablement la trace de la réincarnation était singulière. L'encre elle-même semblait magique, noir profonde et par certains reflets, d'un bleu électrique. Le signe le plus évident, était encore que ce dernier évoluait. D'un jour à l'autre, d'une minute à l'autre, il pouvait bouger et grandir, se développer comme le seul signe évident de la nouvelle âme qui habitait son corps.

Chaque réincarnation avait son emplacement privilégier. Celui de Zephilis, se posait sur le bras. Entouré de lignes droites et géométriques. La trace de la discipline du plus puissant des demi-dieux. Zephilis, l'Elémentaire, l'âme première contrôlant les éléments : la terre, le feu, l'eau et l'air.

Cette marque, elle apparaissait à l'enfance, sans douleur, sans préavis. Lui, il l'avait remarqué il y a déjà quelques années et s'il espérait au fond de lui que les signes de la réincarnation s'arrêtaient, ce qui était aussi possible, le rêve avait fini par achever la transition.

Le dernier des signes. L'image du demi-dieu qui apparaissait pour appeler son prochain hôte.

Ouvre les yeux.

Dès cet instant, à son réveil, il savait que son prénom, celui que sa mère lui avait donné avait disparu pour celui du futur Mage du Geai Bleu. Très rapidement, il sera rejoint des autres et il lui faudra répondre à chaque appel de son âme liée. Il devra abandonner son passé pour son futur, empreint d'une responsabilité qu'il n'avait jamais espéré. Le poids se faisait si lourd qu'il se sentait écraser, n'arrivant même plus à regarder cet horizon sombre.

« Tu es déjà réveillé ? »

Derrière lui son meilleur ami se rapprochait, se frottant les yeux, après avoir senti son absence de la chambre qu'ils partageaient depuis le décès des parents du second.

« Tout va bien », il lui sourit, attendri par le plus jeune d'une année. « Va te recoucher, je reviens.

- Tu es sûr ? Tu es bizarre. Quelque chose est arrivée ?

- Rien d'important. Je voulais simplement voir le levé du jour.

- Alors pourquoi tu pleures ?

- Hein ? Oh... »

Il passait ses mains sur ses joues et les sentit effectivement humide. Il ne s'en était même pas rendu compte, il pleurait et ne comprenait pas pourquoi. Etait-ce lui ?

Son meilleur ami franchit les derniers mètres qui les séparaient alors que le soleil se levait tout doucement, que ses premiers rayons venaient enfin les éclairer et faire briller les mèches bleues du plus jeune devant lui.

« Zephilis ? »

Ouvre les yeux.

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