CHAPITRE 15 - John

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La nuit était à la fois torride et morne. En rentrant chez nous, je n'ai pas cessé de déblatérer des excuses toutes plus insensées les unes que les autres à ma femme pour expliquer la raison de notre absence des heures durant. Bien entendu, elle ne m'a pas cru.

Je crois que je suis nul en mensonge.

Ouais, John.

C'est l'évidence même !

Pourtant, Constance ne semblait pas vouloir creuser plus profond dans les tréfonds de mon esprit rempli de secrets. Lorsque je lui ai dit que je voulais changer les idées à Isadora qui ne semblait pas très réceptive à cette journée de fête, elle n'a pas insisté. Pourtant, sa jalousie est d'ordinaire aussi grosse que l'est sa capacité à me gonfler.

Curieux...

Je m'étire une nouvelle fois en me dirigeant vers la cuisine. Mon dos craque sous la tension atroce exercée sur toute ma colonne vertébrale et menace de me plier en deux.

— Mmh... C'est pas bon de vieillir ! Me plains-je à voix haute comme un vieillard sénile.

Une fois que j'atteins la pièce convoitée, je traverse le salon et ouvre les volets qui donnent sur notre grand jardin. Je découvre un soleil radieux et électrisant qui se reflète dans l'eau claire de la piscine.

— Magnifique...

J'aime regarder les reflets de l'eau onduler sous la lumière du jour, pour la simple et bonne raison qu'Isadora les compare souvent à mes orbes. Nous avons des souvenirs inoubliables dans cette piscine. Je crois même que c'est ici que j'ai su qu'elle me désirait pour la première fois. L'après-midi où je me suis rendu à l'évidence. Mais alors que je commençais à réellement apprécier cette nouvelle journée qui ne nous réservait que de bonnes surprises en admirant le fleuve chatoyant au milieu de la pelouse d'un vert émeraude inouï, j'entends des pas légers dans l'escalier, qui se rapprochent progressivement de moi. Je reconnais immédiatement ceux de ma femme qui s'est levée aux aurores. Ça ne lui ressemble pas.

— Bonjour, mon amour ! S'exclame-t-elle en atteignant le rez-de-chaussée.

— Bonjour...

Ma voix est rauque, comme si j'avais fumé clopes sur clopes la veille. En vérité, Isadora et moi savons très bien que j'ai simplement trop forcé sur elle, lors de nos derniers ébats.

Avant que tout parte en vrille...

Constance avance à grand pas dans ma direction, et je me prépare déjà mentalement à recevoir son baiser dégueulasse envahi par une haleine fétide qui découle de la macération de milliers de microbes dans son gosier durant la nuit. Et c'est exactement ce qu'il se produit, juste avant qu'elle ne m'adresse ces mots :

— T'as vu, je suis motivée ! S'enthousiasme-t-elle.

— Pour ?

Je ne sais même pas si j'ai réellement envie d'entendre ce qu'elle a à me confier. Je suis trop occupé à empêcher mon corps de rejeter l'unique aliment sucré que j'ai réussi à manger ce matin et à supporter sa voix cristalline de bon matin, quasiment au lever du lit.

— J'emmène Isadora en classe, ce matin. Ça lui fera plaisir ! Annonce-t-elle, comme si elle était persuadée que ce serait le cas.

— Heu... Hésité-je en ravalant ma salive plusieurs fois d'affilée. Tu en es sûre ?

— Mais bien sûr ! Confirme ma femme avec un entrain que je ne lui constate que très rarement. Ça nous fera un moment entre filles ! Et puis, ça lui évitera de prendre le bus, puis le tram... C'est tout bénéf', pour elle !

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant