CHAPITRE 29 - Isadora

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Voilà à peine quelques jours que Constance n'est plus revenue et n'a plus donné signe de vie, et étrangement, je suis aux anges. Après tout, en y réfléchissant, il me semble que c'est tout à fait normal venant de moi, étant donné que je n'ai grandi qu'avec mon père. En fin de compte, je n'ai jamais connu ma mère et je ne m'en portais pas forcément plus mal. Lorsque j'ai fini par la rencontrer, je me suis rendu compte que c'était simplement une femme froide, méchante, une personne qui prend simplement plaisir à faire souffrir tout ce qu'il y a autour d'elle. Je n'arrive même pas à croire qu'elle est capable d'aimer.

C'est vrai, peut-on aimer une personne et la faire souffrir à ce point ?

Quoi qu'il en soit, je ne sais même pas pourquoi je me pose encore la question, puisqu'elle n'est pas revenue à la charge, et nous laisse suivre notre vie comme nous l'entendons, dans la grande demeure de John. J'avoue qu'il ne se passe pas une journée sans que nous n'ayons envie de nous unir encore, de laisser nos peaux se rencontrer, se rapprocher, se caresser, s'aimer.

Si Constance savait...

Ce début de semaine à l'université était éreintant. Cela dit, j'aime beaucoup le cursus dans lequel je me suis inscrite. Et je remercie infiniment John d'accepter de me payer mes études, sous peine de quoi je me serais retrouvée caissière ou serveuse.

Très peu pour moi.

Ce matin, je n'ai pas cours.

Ainsi, je prends mon temps dans la salle de bain. Comme John s'était déjà préparé lorsque je me suis levée, il m'a laissé le champ libre, en spécifiant que je pouvais faire tout ce que je voulais dans sa demeure, le temps qu'il ne règle quelques problèmes avec ses investisseurs par appel téléphonique.

Et c'est exactement ce que j'ai fait : dès le lever du lit, je me suis empressée de rejoindre la salle de bain et de m'enfermer en compagnie de l'immense enceinte que j'ai récupérée dans le jardin. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive en ce moment, mais après des mois et des mois sans écouter la moindre musique, peut-être n'étant simplement pas d'humeur, je me surprends maintenant à ne plus supporter le silence.

Après tout, il y a tellement de pièces dans cette demeure ! J'ai toujours l'impression de devoir avoir de la compagnie.

Et je ne parle pas d'enfants !

Oh, grand Dieu, non !

Ce matin, une certaine ardeur m'anime. Et c'est plutôt étrange, quand on sait que je n'ai pu dormir que deux ou trois heures, la nuit passée. Depuis que nous ne vivons que tous les deux, c'est généralement le nombre d'heures que nous dormons, John et moi. On peut même dire que ces deux ou trois heures de sommeil sont exceptionnelles. Il y a certaines nuits, où nous n'arrivons même pas à fermer l'œil, tant nos corps sont électrisés, lorsqu'ils sont ensemble. Quoi qu'il en soit, je prends tout mon temps pour prendre ma douche, me brosser les dents, me coiffer, me passer une crème hydratante, à la fois sur le visage et sur les jambes. Puis, j'appose juste une simple fine couche de mascara sur mes yeux pour rehausser mon regard. Quand tout à coup, mon portable émet une détonation dans la poche arrière de mon short. Je m'empresse de regarder de quoi il s'agit :

Lyse (texto) :

Yo, ma grognasse !

Dis-moi, tu es libre, là ?

— Roh... Je la vois venir, celle-là ! Grogné-je, seule dans l'immense salle d'eau.

Je tape ma réponse aussi vite que je le peux, dans laquelle je lui demande ce qu'elle souhaite réellement me demander, puis la lui envoie. Une fois fait, je recommence à danser devant le grand miroir, au-dessus du lavabo. Le rythme endiablé de la musique que j'ai choisie ce matin s'adapte parfaitement à l'ambiance estivale qui règne encore, malgré le fait que nous soyons au moins de septembre. Lyse me répond rapidement :

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant