CHAPITRE 6 - Isadora

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— Ouhhhh !!! Souffle Lyse. C'était ouf, aujourd'hui !

— Oui, on a passé un bon moment, confirmé-je calmement.

— De nouvelles chaussures, de nouvelles fringues... On est parées pour la rentrée !

— Oui, on... On va faire fureur.

Je n'imagine même pas ma rentrée. En fait, tout ce que j'imagine, c'est l'instant présent. Je me vois déjà passer la porte de la maison de John et tomber sur ma mère et son regard innocent, elle qui ne se doute même pas de ce qu'il se passe sous son propre toit. Voilà pourquoi je ne parviens plus à me réjouir. Je n'en peux plus de cette situation. John m'a fait comprendre qu'il lui fallait plus de temps, sans vraiment me dire pourquoi. Je crois que Constance risque de très mal réagir. Mais après tout, est-il obligé de lui dire, pour nous ? Ne peut-il pas simplement la quitter ?

Je ne sais pas...

— Hey ! Chérie ! M'interpelle de nouveau mon amie, avec une mine inquiète.

— Mmh ?

— Ça va pas ?

Lyse pose une main sur mon épaule, mais je la recadre directement en lui indiquant la route du doigt. Je ne voudrais pas qu'elle nous tue maintenant.

Mon amie a eu son permis très récemment, et je dois dire que les sorties dans les centres commerciaux avec la voiture de sa mère ont un petit goût de reviens-y.

— Si, si. Tout va bien, je pense seulement à...

— OULALA ! Me dit rien... Tu penses à la queue de beau-papa ?!

— Mais arrête de dire ça...! La sermonné-je. Tu me gènes, là...

— T'ES SÛREMENT MOINS GÊNÉE, QUAND TU TE LA PRENDS DANS LE UC ! Gueule-t-elle.

Sans réfléchir, au moment-même où elle s'arrête devant le portail, cet même avant d'appuyer sur le bouton pour nous libérer le passage, je me tourne dans sa direction et frappe sur son crâne chevelu de toutes mes forces.

— Y'A QUE LA VÉRITÉ QUI BLESSE !!! S'esclaffe-t-elle.

— Pauvre conne, va !

Même si je suis de mauvaise humeur rien qu'à l'idée de passer ce portail, je ne peux m'empêcher de rire. Quelques secondes plus tard, alors que nous arrivons juste devant l'immense demeure de John, Lyse m'interroge :

— Et dis-moi, ça fonctionne, entre vous ?

Je crois que sans même le vouloir, mon visage s'assombrit et affiche une teinte morose.

— Ouais... On peut dire ça.

— Il y a anguille sous roche ?

— Disons simplement qu'il ne sait pas comment parler à ma mère, confirmé-je en développant mon propos.

— Du calme, ma chérie. C'est ton anniversaire dans moins d'une semaine, de toute manière.

— Le rapport ?

— La légalité, trou du cul !

J'avais oublié, j'avoue.

La simplicité avec laquelle je me suis donnée à mon beau-père m'a presque fait oublier notre différence d'âge. Je n'ai jamais bien calculé mais il me semble que nous avons presque trente ans d'écart, c'est dire. Nombreuses sont les femmes qui auraient crié au scandale, à la pédophilie, ou que sais-je. Moi, je ne vois que de l'amour. Un amour sincère, profond, inéluctable.

Qui plus est, au-delà de ça, je n'aime pas penser à mon anniversaire. Je sais que je vais avoir dix-huit ans dans peu de temps, et que c'est certainement cela que John attend patiemment. Je peux le comprendre. Toutefois, je ne peux pas être heureuse à l'idée de passer ce cap sans mon père. C'est lui, c'est toujours lui.

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant