CHAPITRE 21 - Constance

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Mon amour (texto) :

Salut, Constance.

J'espère que tu te portes bien. Écoute, j'aimerais

t'inviter à dîner, ce soir. Ta fille a besoin

de te voir. Et j'avoue que moi aussi.

— Non, mais quel bâtard ! Tempêté-je en balançant mon téléphone sur le matelas avec une violence inouïe.

Le coup était tel que mon portable a bien failli passer de l'autre côté du lit et s'écraser sur le sol. Il ne manquerait plus qu'il me faille payer un nouveau cellulaire. Je suis déjà ruinée, sans John. Je frappe à maintes reprises avec les poings serrés dans l'armoire qui se trouve devant moi, puis une fois que je suis vidée, colle mon front contre le miroir. À cet instant, Florine entre dans la pièce sans retenir la porte, si bien qu'elle cogne contre la commode et résonne dans mes oreilles.

— Eh ! Je t'ai entendue crier ! Rapplique mon amie en trottinant jusqu'à mon niveau, laissant sa forte poitrine ballotter dans les airs. Qu'est-ce qu'il y a ? Un problème ?

— Regarde le message de John ! Fulminé-je en pointant du doigt le portable, écran face au matelas.

— Roooh, c'est que ça ?! Tu m'as fait peur, grosse gourde ! S'offusque mon amie, la main sur le cœur.

Florine s'éloigne de moi et attrape mon portable, avant de le déverrouiller, puis de lire le message de mon mari. Ses yeux écarquillés et larges comme des estuaires se dirigent vers moi :

— Ça pue, non ?

— Un peu, que ça pue ! Confirmé-je, avant de m'asseoir sur le fauteuil dans un coin de la chambre. Putain, manquait plus que ça.

Florine s'assied sur le lit, au centre de la pièce, en tailleur. Puis, les coudes sur les genoux, et le menton sur les paumes, elle me toise :

— Qu'est-ce que tu penses qu'ils te veulent ? J'trouve ça assez bizarre, pour tout te dire... Te dire, comme ça, qu'ils veulent te parler...

— Ils vont m'annoncer qu'ils sont ensemble.

Mon amie lève les bras et les yeux vers le ciel en guise de réponse, avant de plonger son visage dans ses mains comme ces personnages hilarants dans les cartoons. C'est alors qu'elle reprend :

— Au moins, ils te le diront en face... Quand Abel m'a quittée, il...

— Et une demande de divorce, terminé-je en la coupant net.

— Tu penses que John est déjà passé à autre chose ?

— Ça fait bien longtemps qu'il est passé à autre chose... Avoué-je. Il ne me baise plus, il s'énerve pour un rien... Parfois, j'ai même l'impression qu'il voudrait me voir morte.

— Il a toujours été un peu violent sur les bords...

— Ouais, bah là, c'est pas que sur les bords ! Dès qu'on touche à sa petite traînée, il sort de ses gonds. Je te jure, il serait prêt à tuer pour la protéger ! D'ailleurs, je n'ai pas de nouvelles de Renan, figure-toi !

— Tu penses qu'il s'en est occupé ?

— Pas lui. Des personnes à ses ordres. Je ne sais pas.

— Il irait jusque là ? M'interroge Florine, sous le choc.

— Oui. Oui, j'en suis certaine.

Un énième silence de mort envahit la pièce. Je n'ose plus rien dire. Non, je rumine. Les yeux dans le vide, j'imagine mon propre mari en train de culbuter ma pute de fille dans toutes les pièces de ma maison. Même si tout cet argent, tous ces bibelots, toutes ces fringues ne sont techniquement pas les miennes, il n'empêche que c'est moi, sa femme. C'est à moi qu'il a passé la bague au doigt.

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant