CHAPITRE 46 - Isadora, une heure plus tôt

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Je sors de la piscine lentement, laissant l'eau douce sillonner sur mon ventre, mes cuisses, mes chevilles, avant de recouvrir les carreaux de la terrasse. Il fait encore assez chaud, malgré un certain rafraîchissement depuis quelques jours. La piscine stagne encore à des températures très acceptables. Il faut dire que le jardin est très bien exposé. Le soleil y apparaît en milieu de matinée, pour ne s'en échapper qu'en toute fin de journée.

Si on m'avait dit que j'aurais un jour une vie de reine, comme celle-ci...

Je remets ma tunique puis, encore dégoulinante, saisis mon portable, et le déverrouille, espérant malgré moi trouver un message de l'homme que j'aime. Ça, c'est le point négatif de notre relation : John est du genre à s'emporter plus vite que de raison, et dès cet instant où il se braque, plus aucun dialogue n'est envisageable.

Et c'est moi la gamine, dans cette relation...

Aucune notification.

Bien sûr...

Je ne suis pas étonnée. Toutefois, je ne tente même pas de lui envoyer le moindre message, ni même de lui téléphoner. Je sais bien qu'il ne répondra pas. Je n'ai d'ailleurs pas du tout apprécié sa réaction, tout à l'heure. Je sais que la situation est compliquée, mais ça n'est pas une raison.

— Quel con...

Je crois que c'est la première fois que je me permets de l'insulter. Après tout, je crois en avoir le droit. Lorsque j'ai appris ma grossesse, j'étais aussi perdue que lui. J'ai contacté la seule personne qui pouvait me donner les conseils nécessaires, ma mère. Faite d'avoir encore un père pour en parler. Elle a eu raison de me pousser à le lui dire.

Seulement, je ne m'attendais pas à cela.

J'aurais voulu qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me dise droit dans les yeux qu'il allait être le plus heureux des pères, avant de m'embrasser en maintenant mon visage entre ses mains brûlantes. Mais ça n'a pas été le cas. C'était même tout le contraire.

Il a joué au con, et il a plutôt intérêt à se faire pardonner.

À coup de cunnilingus, pourquoi pas !

KKKKRRRRRRR

KKKKRRRR

KKKKKKRRRRRRR

(Jugez pas mes bruitages !)

C'est quoi ça ?!

Je relève la tête en direction de l'intérieur de la maison, censée être déserte. C'est certainement John qui rentre. Peut-être a-t-il déjà pris le temps de réfléchir ? Peut-être qu'il vient m'annoncer son approbation, ou peut-être qu'il m'annonce que je dois partir ? Oserait-il m'abandonner, alors qu'il m'a promis que jamais cela ne se produirait ?

— Chéri ? Appelé-je. C'est toi ?

Aucune réponse.

J'approche lentement de la baie vitrée que j'entrouvre, et pose les orteils sur le carrelage de la pièce de vie.

— Eh oh !

Toujours aucun signe de vie.

Je pénètre dans le salon, en maintenant fermement ma tunique autour de moi et en ne ménageant pas de ramener ses extrémités par-dessus ma poitrine pour la camoufler. Je tapisse la route qui me dirige vers la cuisine quand, tout a coup, je tourne la tête en direction de l'entrée, et l'aperçois :

— Mais... Constance ? L'interpellé-je sans attendre, avant qu'elle ne passe la porte d'entrée.

— Oh, Isadora !

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant