CHAPITRE 37 - John

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— Je pense que cette solution fera encore doubler notre chiffre d'affaires. En fait, il s'agirait d...

Je ne l'écoute plus. Mes yeux se perdent dans le vide intersidéral de cette immense pièce qu'est mon bureau. Je devrais me concentrer sur mon travail, mais il m'est tout bonnement impossible de le faire. Cela fait quelques jours que mon cerveau semble réceptif à tous les stimuli, sauf ceux qui sont nécessaires à l'exercice de mes fonctions dans ma propre entreprise.

Je ne cesse de penser aux paroles de ma femme, qui me hantent jours et nuits depuis qu'elle a débarqué chez moi en pleine nuit.

« Tu es au courant que tu baises ta propre fille ? »

J'ai l'impression que ma tête va imploser. J'ai accumulé tellement d'informations ces derniers jours pour déceler la moindre ressemblance entre Isadora et moi, qu'elle soit physique ou psychologique, surveillé le moindre de ses faits et gestes alors que ça ne m'apporte strictement rien, que j'en ai quasiment oublié de vivre. Je ne mange presque plus, je ne parviens plus à fermer l'œil, et surtout, je me mets à boire. L'alcool semble être le seul remède à mes maux. Lorsque je plane, j'oublie ces paroles infernales.

« Que tu baises ta propre fille »

Je n'y ai pas cru. Pourtant, sa voix résonne toujours au creux de mes oreilles comme si elles me répétaient ces paroles vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Comme si elle se trouvait toujours à mes côtés, son corps contre le mien, à me molester encore et encore avec sa voix cristalline.

« Ta propre fille »

En fait, je ne sais plus quoi faire. Je suis perdu dans des hypothèses farfelues (RIP) qui ne font que m'emmener vers des voies sans issue. Comment faire pour régler cette situation sans risquer le débordement ? Je crois qu'il n'y a plus aucune solution. Constance m'a mis la tête sous l'eau et m'y maintient fermement.

— Excusez-moi, John, vous m'écoutez ? M'interpelle tout à coup la jeune blonde en mettant une pause sur son diaporama.

— Mmh ? Marmonné-je en relevant la tête dans sa direction.

La voix de la jeune femme qui m'expose ses idées, somme toute intéressantes pour notre rendement, reprend de l'ampleur. Pendant de longues minutes, j'avais l'impression d'être plongé dans un autre monde.

La tête sous l'eau, en somme.

On y revient, encore et toujours. Mais cette fois-ci, littéralement.

— Êtes-vous avec moi ? Insiste cette dernière, subjuguée par mon manque d'implication dans cette tâche.

— Oh, heu... Je suis navré, Cécile... Je suis confus...

— Vous ne vous sentez pas bien, Monsieur ? Ose-t-elle, bien qu'elle soit simplement inquiète de me voir si fatigué et soucieux ces temps-ci.

Sa bienveillance me réchauffe le cœur. En guise de réponse, je prends le temps de me frotter les yeux à plusieurs reprises. Encore une manière de me couper du monde et de ne surtout pas voir la vérité en face. Comment pourrais-je ?

Une partie de moi veut que tout ce que me dit Constance soit faux. Un ramassis de conneries provenant d'une dégénérée. Cela dit, une autre partie de moi croit dur comme fer que je suis dans la merde jusqu'au cou. Dans ce cas-ci, que devrais-je faire ?

Tout à coup, j'entends mon portable vibrer, son écran noir tourné contre le bureau. Je l'attrape et ouvre instantanément le texto. Sans surprise, c'est Isadora qui, comme chaque jour lorsqu'elle est loin de moi, a besoin de ma présence :

Isadora (texto) :

John ? Tu es encore en réunion ?

— Il ne manquait plus que ça... Songé-je dans un soupir.

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant