CHAPITRE 20 - John

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Je ramène mon amour chez nous et je remercie je ne sais qui là-haut de m'avoir permis de provoquer un simple choc physique en fonçant sur la voiture de l'autre cochon, et ainsi, d'épargner mon moteur. J'ai pris soin de couvrir Isadora avec ma veste de costume. Même s'il fait une chaleur à crever, la fatigue et le trop d'émotions lui ont valu de grelotter depuis que nous sommes partis.

Il nous a fallu faire demi-tour pour rejoindre la maison, car même si nous n'étions que peu éloignés, les bois ne permettaient pas de s'y rendre directement. Puis, une fois que nous sommes enfin arrivés à destination, je coupe le moteur et me tourne dans la direction de la jeune femme, qui braque toujours les yeux dans le vide :

— Chérie, raconte-moi.

— Il... Il est venu me chercher à la Fac, parce que... Je l'ai appelé...

— Et ?

— Il m'a emmenée là... Il est venu à l'arrière, et il m'a dit... Qu'il allait me... Me...

— J'ai compris, confirmé-je, le cœur lourd. Comment se fait-il que tu aies appelé cette énergumène ?

Isadora tourne le regard vers moi, et elle n'a même pas besoin de répondre pour que je sache exactement ce qu'il s'est produit. Je caresse doucement sa cuisse, puis sors du véhicule pour le contourner et la réceptionner. Je l'aide à sortir et enroule mon bras autour de son épaule jusqu'à la porte d'entrée de notre demeure. Une fois à l'intérieur, je constate que nous sommes seuls.

Dieu sait où elle est encore passée, celle-là.

C'est habituel, chez Constance. Elle a toujours à faire, et ne prend le temps de n'en informer personne. Quoi qu'il en soit, j'invite Isadora à s'asseoir sur la dernière marche d'escalier, qui se trouve dans la grande entrée, puis lui retire ses baskets lentement. Tous mes gestes sont d'une lenteur à peine imaginable. je ne veux pas la brusquer. La soirée a été assez difficile comme ça. Une fois fait, je m'occupe de son sac de cours, que j'accroche au gros porte-manteau, avant de revenir à elle :

— Tu peux te lever ?

— Oui...

Je l'attrape par la taille et nous montons les escaliers, marche après marche, sans nous presser. Je suis à la fois envahi par la haine et par la tristesse : Isadora semble si vulnérable, à l'heure qu'il est. Comment peut-on faire ça à une femme ? Ou à n'importe quel être sur cette terre ?

Putain...

Cette pensée abjecte me ramène à un passé que je préfèrerais oublier. Quoi qu'il m'en coûte, je me suis juré de ne plus succomber à mes mélancolies latentes. J'en ai vu des horreurs, dans ma jeunesse, et je ne souhaite plus jamais les vivre. Et par-dessus tout, je souhaite qu'Isadora en reste éloignée le plus possible.

Allez, John, du nerf !

Nous grimpons ensemble sur la dernière marche et, à cet instant, Isadora pousse un long soupir. Je l'aide à traverser le couloir, puis à rejoindre sa chambre qui abrite tant de souvenirs, et qui est devenue comme un cocon protecteur pour ce petit papillon qui a encore eu les ailes brûlées.

— Je vais t'aider à te déshabiller, stellina.

J'attrape doucement les deux extrémités de sa jupe, et m'accroupis devant elle pour la descendre jusqu'à ses chevilles. Lorsque le tissu parcourt le duvet de ses cuisses, elle a un léger mouvement de recul.

— Je ne vais pas te faire de mal, chérie... Calme-toi...

J'aurais bien aimé voir le sort réservé à l'enculé qui a osé poser les mains sur elle !

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant