C'était une des pires matinées de ma vie, et le calvaire dure encore. Ma mère me colle comme une mouche au cul d'une vache, et me pose des tonnes de questions idiotes qui n'ont pas lieu d'être. Je tente à tout prix, depuis maintenant des heures entières, de me contenir. Si ce n'était que moi, je lui dirais tout ce que j'ai sur le cœur. Or, je ne le fais pas, uniquement pour John. Après tout, je sais bien que tout lui révéler sur notre double vie ne ferait qu'apporter le chaos dans une famille déjà totalement incohérente.
Autant la jouer fine.
Quoi qu'il en soit, et bien au-delà de mon envie irrésistible d'arracher ses cheveux par poignées et de lui les faire bouffer, j'ai trouvé tout ce qu'il me fallait. J'ai, par chance, pu trouver une liste de fournitures sur le site officiel de l'université dans laquelle je vais étudier dans quelques jours, ce qui m'a permis de ne pas trop m'égarer.
Vite fait, bien fait.
Le soleil est à son zénith, maintenant, et nous avons pris le temps de manger une crêpe salée. Évidemment, c'est elle qui a payé. Je me suis empiffrée comme si je ne m'étais pas nourrie depuis une semaine. La colère donne faim. Il est dorénavant temps de rentrer, et cela me fera certainement le plus grand bien : je ne supporte plus ses sourires faussement bienveillants et sa voix cristalline qui est, soit dit en passant, la même que la mienne. Or, tout à coup, alors que je me dirigeais d'un pas décidé vers le parc près duquel nous étions arrivées plus tôt ce matin, Constance m'interpelle :
— Je t'offre un thé glacé ? Ils sont délicieux ! S'exclame cette dernière, d'un ton aussi enjoué que celui de ce matin.
— Non, je préfère rentrer.
Je continue ma route, des sacs pleins les bras, en priant pour que le taxi ne mette pas trop de temps à arriver lorsque nous l'appellerons pour venir nous récupérer. Mon objectif est clair : éviter de rester avec elle une seconde de plus, sous peine de devoir commettre un meurtre. Or, c'était sans compter sur son insistance :
— Oh, allez, Isadora !!! John n'est pas là, de toute manière !
Mais, c'est une névrose !
Je n'ai aucune idée du pourquoi ma mère me mentionne l'absence de son mari, mais ce qui est certain, c'est qu'elle ne me lâchera pas. À force de vivre avec elle, j'ai bien dû me rendre à l'évidence : Constance vit comme une vraie princesse. Et qui dit princesse, dit qu'elle fera tout pour avoir ce qu'elle souhaite.
— Mouais, finis-je par accepter, avant de saisir l'occasion de lui rentrer dedans sans le moindre scrupule. De tout manière, ce n'est pas toi qui paye.
— Mais, dis ! Isadora ! Je gère autant l'argent que John, figure-toi !
— Et tu me rappelles d'où il sort, tout cet argent ?! De SON entreprise ! Toi, tu ne fais qu'en profiter !
— Arrête.
— Est-ce que tu l'aimes vraiment, au moins ? Ajouté-je.
Un silence de mort s'installe entre nous, et prend même ses aises. Nous n'entendons plus que les véhicules motorisés qui passent et klaxonnent à intervalles réguliers. Plus que les grondements du vent dans les feuilles des arbres. Plus que ma respiration saccadée qui témoigne de mon énervement. Quant à ma mère, elle m'observe attentivement, d'un œil dubitatif. Je n'ose plus rien dire, quand tout à coup, elle rétorque par une question, après ce qui me semble être une longue réflexion intérieure :
— Est-ce que je peux te demander en quoi ça t'intéresse, Isadora ?
Phrase sarcastique.
En plus, elle m'appelle par mon prénom.
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DADDY'S GIRL - TOME 2 - The Girl
RomansaIsadora et John continuent de vivre leur amour passionnel dans le dos de Constance, en se laissant doucement ronger par les remords de ce secret trop lourd à porter, sans se douter que cette dernière est déjà au courant. Sa vengeance menace de les...