CHAPITRE 3 - Constance, deux heures plus tôt

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Plusieurs semaines sont passées depuis que j'ai appris que mon mari me trompait avec ma propre fille. J'avais pensé à tout : à une femme plus jeune vivant à quelques kilomètres d'ici, à une femme du même âge mais plus raffinée, encline à réaliser ses désirs les plus sombres.

Mais jamais je n'aurais pensé à Isadora.

Non, c'était trop gros pour être vrai.

Et pourtant...

Blottie dans ses bras, jouant un rôle, tout comme lui, je me laisse aller aux différentes vagues de souvenirs qui me reviennent en tête. Quand tout à coup, mon mari m'interrompt :

— Tiens, m'adresse John en me tendant deux de mes pilules, celles qui me font dormir.

— Je n'en ai pas envie, chéri.

On va voir si tu as prévu de la rejoindre...

— Tu devrais, chérie. Il faut que tu dormes, tu as l'air fatiguée...

Bingo.

— Tu crois ?

— Oui.

Il me tend encore les pilules et, cette fois-ci, je les saisis d'une main. Dans mon mouvement, je pose les yeux sur son alliance, couvrant une partie de son annulaire gauche.

— Chérie ? Insiste-t-il.

Il faut que je sois forte. Si je le suis, je réussirai à les détruire et à récupérer ma vie. Alors, j'attrape le verre d'eau sur ma table de chevet et le porte à mes lèvres, après avoir placé les médicaments blanchâtres dans ma bouche. Une fois le verre vide, je le pose de nouveau et fais face à John :

— Bonne nuit, mon amour.

— Bonne nuit, chérie. Fais de beaux rêves ! Me répond mon mari.

Je sais qu'il ment et qu'il essaie juste de se débarrasser de moi le plus vite possible, mais je ne lui fais aucune scène. Ça n'est pas du tout le moment. Au contraire, je lui donne un dernier baiser, puis l'abandonne. En lui tournant le dos, j'aurai plus de chance de lui faire croire à un endormissement quasi instantané. Alors, je fais tout pour me relaxer, même si je meurs d'envie de poser une bombe au centre de cette maison pour tout faire exploser.

La bombe que je leur prépare est encore plus puissante que toutes elles qui n'ont jamais pu être inventées par l'homme. Cette bombe-là, elle explosera beaucoup plus tard. Mais lorsque ce sera le moment, elle fera un désastre épouvantable.

Les minutes passent au ralenti. Le temps est beaucoup plus long lorsqu'on stagne sans une mélancolie profonde. Mais au bout d'un moment, John tente de savoir si je suis bien endormie. Il pose une main sur mon épaule et me secoue légèrement. Je me laisse faire sans réagir. Et quelques secondes plus tard, je sens le matelas s'affaisser de son côté. Il en descend et traverse la pièce.

C'est ça, rejoins ton amante !

Profites-en bien.

Ça ne durera pas.

Je perçois les craquements du plancher sous ses pas. Bientôt, il passe la porte d'entrée de notre chambre et disparaît en la refermant délicatement. C'est seulement à cet instant que je rouvre les paupières, qui sont encore larges comme deux cratères.

— Espèce de connard... Marmonné-je dans ma barbe.

Je me redresse et recrache les pilules à la volée, que je place dans un mouchoir, sur ma table de chevet.

Si tu crois me duper comme ça, John...

Je veux à tout prix surprendre leurs ébats. Je ne sais pas ce qui m'y pousse, alors que je devrais les fuir, et refuser à tout prix d'entendre leur voix en harmonie pendant qu'ils font l'amour tendrement. Mais une force invisible m'entraine dans cette pente que je ne pourrai plus remonter dans le sens inverse.

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant