CHAPITRE 50 - John

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J'ai envie de gerber.

Une énorme envie de dégueuler et de lui étaler sur la gueule.

Une envie de cracher sur son visage, et de piétiner son corps vide.

Cette femme n'a ni cerveau, ni cœur, ni âme. Elle n'est qu'une coquille vide. Une erreur de la nature qui aurait dû crever à la naissance ou dont les parents n'auraient jamais dû forniquer pour engendrer une telle infâmie. J'aurais préféré ne jamais la rencontrer, ainsi Isadora serait peut-être encore en vie à l'heure qu'il est. Je préfèrerais cela, plutôt que de la savoir juste au-dessus de nous, baignant toujours dans son sang, les membres tendus et la peau bleuâtre. En attendant, je suis dans une situation que j'aurais aimé éviter. Mon esprit divague, tandis que je me force à bouger la langue dans la bouche de l'autre catin.

Chérie, j'espère que tu ne vois pas ça...

Pourquoi faut-il que je me retrouve dans cette situation ? Je préférerais mourir sans hésiter et dans d'atroces souffrances, quitte à me faire écarteler, brûler vif, empaler, me faire enfermer dans une Vierge de Fer, me faire emmurer vivant, et j'en passe, plutôt que de l'embrasser comme ça. Sa salive nécrosée pue le vice et la haine. La mienne pue la vengeance. Aucune entente n'est possible. Pourtant, je ne pouvais pas la laisser grimper à l'étage. Pas tout de suite. Si jamais elle avait découvert le corps d'Isadora maintenant, jamais je n'aurais pu mettre mon plan à exécution. Je veux voir de mes propres yeux à quel point son âme est corrompue. Je veux faire tomber son masque de porcelaine et révéler sa vraie personne.

Oui, j'ai un plan.

Il faut juste que je le trouve.

En attendant, je décide de limiter les risques au maximum. Si elle pense que je suis de son côté, elle reprendra confiance et à ce moment-là, je pourrais frapper plus fort. Beaucoup plus fort. Là seulement, je pourrai lui faire payer le prix de la mort de notre fille.

D'ailleurs, l'est-elle réellement ?

Je m'en fiche, ça n'est pas ça qui compte, maintenant.

Je m'occuperai du problème plus tard.

Pour ne pas arranger les choses et me guider toujours plus loin dans les entrailles de la terre, là où le feu fait rage, les jambes de Constance s'enroulent comme des serpents autour de mes hanches, en ondulant de temps à autre et en forçant sur mon corps pour me rapprocher d'elle. Ses doigts s'entortillent autour de mes cheveux sombres, de telle sorte que je ne peux plus me défaire de ses baisers empoisonnés et de son étreinte repoussante. L'espace d'un instant, je me demande si je ne suis pas réellement mort dans cette salle de bain, et si je ne suis pas justement enfermé dans une des salles des abysses, torturé par les démons qui me font payer mes crimes passés. Ce serait l'ultime punition éternelle pour moi.

Aucune torture n'est pire que celle-ci.

À plusieurs reprises, Constance passe ses paumes couvertes de sudation sur ma poitrine en étirant ma chemise, découvrant ma peau moite. Pas moite d'excitation. Moite d'adrénaline. Moite de vengeance. La sueur envahit mes tempes rien qu'à m'imaginer lui tirer une balle en plein crâne et voir son sang s'écouler par l'orifice béant que j'aurais créé. Toutefois, Constance interrompt mes pensées une nouvelle fois, et le pire reste à venir : les mains de ma femme menacent de rejoindre le bas de mon dos. Postées sur mes hanches, agrippant tantôt ma ceinture, tantôt ma chemise pour tenter de la soulever, je n'ai qu'une seule et unique obsession : je ne tiens pas à ce qu'elle sente l'arme cachée à l'arrière de mon pantalon de costume. Ainsi, je saisis fermement ses poignets en les ramenant devant elle.

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant