CHAPITRE 28 - Constance, des années plus tôt

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Confortablement assise sur le rebord de la baignoire, j'attends patiemment. Ma jambe tambourine sur le carrelage, sans que je ne puisse l'en empêcher. Mon angoisse est telle que je ne suis pas certaine de pouvoir tenir le choc. Les tremblements de mon cœur bouleversent tout mon être. C'est trop fort. Trop inattendu. Trop tôt.

Trop pour moi.

Je ne veux même pas croire à ce destin funeste que l'on m'a réservé. Comment peut-on me faire ça maintenant ? Comment peut-on envisager de ruiner mon existence à ce point, alors même que la flamme de mon bonheur était déjà en train de s'éteindre ? Comment ? Je tente à maintes reprises de me reprendre, de me dire qu'il existe des solutions, mais je ne suis pas seule. Je ne peux pas risquer de mettre fin à ma relation, qui va déjà mal.

L'instant suivant, patientant toujours comme si j'étais dans le couloir de la mort, je relève la tête vers le plafond et respire le plus lentement possible, le plus bruyamment possible, pour calmer mon cœur qui menace de lâcher pour de bon.

— Ça va aller... Soufflé-je en me tenant les joues dans les paumes pour créer une barrière protectrice entre mon corps et la réalité.

Je ne suis pas prête, et je ne le serai jamais. Je ne suis simplement pas faite pour cela. S'il s'avère que j'ai raison dans mes doutes, alors je ferai le nécessaire. Je me sortirai de cette galère. Par n'importe quel moyen. Pour lors, la peur de l'inconnu m'immobilise dans cette petite salle de bain qui commence à ressembler à une prison. Les ombres créées par la lumière artificielle semblent se transformer en démons aux griffes acérées, venus dévorer mon âme et arracher les anges à mon coeur. Pourtant, je dois me relever. Je n'ai pas le choix.

Allez...

Tu peux y arriver...

Il le faut !

Je tends un bras, tremblant comme une feuille en automne, en direction du rebord du lavabo, sur lequel gît l'objet qui est le responsable de ma souffrance. Lorsque je l'attrape, mon premier réflexe reste de clore les paupières pour ne pas avoir à affronter le présent et cc qu'il m'annonce. Toutefois, dans un élan de courage, je finis par y faire face. J'ouvre les yeux...
— Oh... Mon... Dieu...

Une de mes mains s'approche doucement de ma bouche, pour m'empêcher de hurler de détresse. Tout mon petit monde dégringole jusque dans les limbes du royaume d'Hadès. Rien ne pouvait me faire plus mal que le message qui s'affiche devant mes yeux.

Non...

Pitié, non...

— Non... Je ne peux pas...

Je referme de nouveau les yeux, tout en me hissant sur mes bras pour tenter de me lever. Mes jambes de coton ne me permettant pas de rester debout, je m'écroule sur le sol froid de notre salle de bain. Je reste assise là durant de longues minutes, en refusant de croire ce qu'il m'arrive. Les notifications sur mon téléphone me laissent de marbre. Les appels et les textos de Florine me restent insignifiants. J'ai l'impression de dégringoler dans le Néant, dans un endroit où aucune lumière ne pourra jamais plus entrer. Suis-je vouée à être enchaînée à cette vie ?

Pourtant, je n'ai pas le choix que de l'accepter.

Car ce n'est pas moi qui déciderai...

L'instant suivant, je parviens à me mettre debout, et effectue les quelques pas qui me séparent de la porte de la salle de bain, cette pièce en bois qui me sépare encore de mon compagnon, qui doit m'attendre sur le canapé. J'abaisse lentement la poignée, redoutant sa réaction, et lorsqu'enfin, je suis devant lui, je l'interpelle :

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant