CHAPITRE 14 - Isadora

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Nous roulons depuis une bonne demi-heure. Il n'y a plus que des arbres à perte de vue et une route interminable qui sillonne au travers de la forêt. Les feuilles des arbres se mettent progressivement à danser dans la brise qui se réveille, sans pour autant retirer l'atmosphère chaude de cet instant que John me fait partager. La machine ronfle à mesure que nous nous enfonçons dans les sous-bois. La nuit nous entoure de ses longs bras lugubres mais nous ne sommes pas pressés de rentrer pour autant. C'est alors que je m'adresse à mon beau-père :

— Tu me kidnappes ?

— Si seulement je pouvais, rétorque-t-il en pouffant dans sa barbe.

Rien qu'en entendant ses paroles, je serre les cuisses et sens mon bas-ventre se contracter amoureusement. Si seulement John pouvait m'enlever et m'enfermer au creux de ses bras pour m'emmener vers un monde nouveau. Si seulement il pouvait m'arracher de force à cette vie qui n'est pas la mienne, à cette mère qui n'est plus la mienne.

Si seulement...

— Si je ne te connaissais pas, je penserais que tu prépares un mauvais coup !

— Mmh mmh... Ronronne-t-il en posant une main sur ma cuisse tremblante.

La forêt est belle sous la nuit noire, simplement éclairée par les rayons de la lune. Les feuilles, la pelouse et les rochers sont muets, et les étoiles sans nombre sont témoins de mon émoi qui se met à grandir de plus belle. Bientôt, mon cœur se met à chanter un hymne à la vie lorsque je sens le véhicule ralentir. John se faufile dans un chemin adjacent en pente.

— Tu es certain que ça ira pour la voiture...? Osé-je.

— Ne t'en fais pas. Tout est goudronné, me rassure-t-il en donnant de nouveau un petit coup d'accélérateur pour nous enfoncer toujours plus loin dans les entrailles de la terre.

Nous parcourons encore quelques kilomètres. Malgré la chaleur dans l'habitacle, je ne peux m'empêcher de camoufler mes mains entre mes cuisses, plus par gêne que pour y chercher un réel confort. Je ne sais pas ce que John a dans la tête mais, ce qui est certain, c'est que c'est en lien avec mon anniversaire.

— Tu angoisses, hein... Me fait remarquer ce dernier.

— Décidément, tu me connais comme si tu m'avais faite ! Pouffé-je.

Nos regards l'un dans l'autre pétillent de malice. Cette façon que cet homme a de me regarder, de me parler, de prendre soin de moi, fait que mes sentiments grandissent encore de jour en jour, alors que je pensais avoir atteint leur apogée.

Je ferme délicatement les yeux et, sous l'écran de mes paupières, je le revois au-dessus de moi, ce soir-là. La première fois qu'il m'a fait l'amour. Lorsque mon minuscule amas de chair s'est brisé sous son passage. Lorsqu'il m'embrassait en me prenant ce que j'avais de plus cher. Je ne me suis pas trompée. Ça devait être lui.

— Nous y sommes, me coupe John dans mes pensées.

Je pousse un petit cri de surprise et, pleine d'entrain, je me redresse sur mon siège. Enfin, nous arrivons sur les lieux tant convoités par mon beau-père : au bout du chemin, j'aperçois, entre les feuilles des gigantesques arbres qui créent une voûte au-dessus de nous, un terrain qui fait face à une étendue d'eau douce. John gare ainsi le véhicule face au lac dont j'ignorais jusqu'à présent l'existence, et coupe le moteur, avant de retirer sa ceinture de sécurité. Je retire également la mienne et me tourne dans sa direction.

— Qu'est-ce qu'on fait ici ?

— Je voulais simplement te kidnapper, répond-t-il du tac au tac.

— Oh, me prends-je au jeu. Si j'avais su, je ne serais jamais montée dans votre voiture, sombre inconnu. Et... Que comptez-vous me faire ?

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant