— Q-q-q-u-u-u-u...
— John... M'interpelle la voix douce d'Isadora, qui pose une paume sur ma joue.
Mes muscles ne sont plus capables de diriger mes membres. Je ressemble à un cadavre, d'une telle rigidité qu'il m'est impossible d'effectuer le moindre mouvement. Je suis une statue, complètement figé dans l'instant présent. La jeune femme tente de me réveiller de mes songes, qui en réalité, sont encore pires que des cauchemars. Une tempête fait rage dans ma tête, ainsi que dans mon cœur et mes poumons, qui ne cessent de hurler leur désespoir. C'est comme si une masse noire envahissait de plus en plus tous mes organes, mes tissus, mes os, sans aucun espoir de m'en libérer. C'est pire que n'importe quelle maladie. Pire que la peste. Pire que la gangrène. Toutes les créatures obscures qui vivent à l'intérieur de moi depuis des décennies voient rapidement le jour, et obstruent toute pensée rationnelle dans mon esprit. Ces spectres cruels dévorent ma chair et font couler mon sang. Ils déchiquettent chaque partie de moi avec férocité. Ma vue assombrie s'affaiblit de seconde en seconde, encore plus rapidement que mon enveloppe charnelle ne dépérit. Bientôt, je ne serai plus qu'un squelette dont le dernier souffle de vie aura été emporté par la Grande Faucheuse.
— John... Me réclame Isadora de nouveau.
Tout est mouvant autour de moi. Je ressemble à un égaré dans le désert qui aperçoit une oasis, se battant pour aller s'y abreuver, si tant est que dans mon cas, l'eau de ce havre de paix est aussi sombre et épaisse que du goudron.
Je ne resterai pas une seconde de plus.
C'est au-dessus de mes forces.
Je tourne lentement les talons et me dirige vers la porte d'entrée de la chambre à coucher, me libérant ainsi du contact écrasant d'Isadora. Lorsque j'arrive devant la surface plane, je me raccroche au mur qui se trouve face à moi, manquant de tomber à plusieurs reprises. Mes jambes ne sont plus que du coton. Ma tête tourne, encore et encore, dans une valse macabre.
Putain, plutôt crever que de supporter tout ça...
Je n'en peux plus.
Quand est-ce que ça va s'arrêter ?
Il a fallu que ça tombe sur moi, encore une fois. Le sort s'acharne sur mon être comme sur un paria, une vile créature à éradiquer de la surface de la terre. Et pourquoi ? Parce que je suis tombé amoureux.
— Ça... Ça ne te fait p-p-p-pas plaisir ? Bredouille la jeune femme, dès l'instant où je m'apprête à la quitter. C'est ça... Hein ?
Les lèvres pincées à l'extrême, je suis toujours incapable de lui répondre. J'ai beau y mettre toute la volonté du monde, je ne peux pas.
Comment cela pourrait-il me convenir, en sachant que j'attends les résultats d'un test génétique nous concernant ? C'est impossible. Et je lui en veux.
Mais qu'est-ce que je lui en veux, putain !
Et que suis-je censé lui dire ? Je ne peux plus le lui annoncer, maintenant, elle en mourrait. Elle qui a l'air si heureuse de me présenter la vie qu'elle porte au creux de son ventre. Elle qui porte le fruit de notre amour. Elle qui a affiché un sourire si radieux lorsqu'elle me l'a annoncé pour la seconde fois, malgré la tension qui régnait entre nous. Et si je pensais que le pire avait eu lieu, j'avais tort : la jeune femme s'approche de moi et colle son torse dans mon dos, comme pour ne faire plus qu'un avec moi. Elle m'entoure de ses bras, et repose une de ses joues entre mes trapèzes.
— On va pouvoir vivre ensemble, mon amour ! S'exclame-t-elle d'une voix toujours aussi douce, pour me rassurer. Enfin... Comme un couple normal...
Comme un couple normal.
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DADDY'S GIRL - TOME 2 - The Girl
RomanceIsadora et John continuent de vivre leur amour passionnel dans le dos de Constance, en se laissant doucement ronger par les remords de ce secret trop lourd à porter, sans se douter que cette dernière est déjà au courant. Sa vengeance menace de les...