CHAPITRE 34 - Isadora

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— Pourquoi Maman est partie...? Demandé-je encore une fois à papa, comme chaque jour, lorsque je me sens mal.

Comme chaque jour depuis que je suis assez consciente pour me rendre compte que j'ai été lâchement abandonnée. Au début, papa me disait qu'elle reviendrait peut-être, alors je patientais, passant des heures lors de mes journées sans école à guetter par la fenêtre, sans rien avoir en retour. Et un matin, il m'a tout avoué. Il a dit qu'elle était partie comme ça, du jour au lendemain, sans aucune raison apparente.

Elle me manque tellement...

Ce soir, mon estomac est si douloureux que j'aimerais m'ouvrir pour le récolter et le cajoler pour lui dire que tout ira bien. Toutefois, Papa m'aide souvent à canaliser ma tristesse. Il la fait disparaître instantanément lorsqu'il me prend dans ses bras. Je n'ai que lui. Il est toute ma vie. Mon prince. Mon roi. Et il me traite comme sa petite princesse. Il m'a également dit qu'un jour, je deviendrai une reine. La sienne.

Ce soir, nous sommes tous les deux assis sur le canapé, à regarder une émission sur la faune et la flore. J'aime beaucoup les animaux. Et puis d'ailleurs, en général, c'est ce que papa aime regarder le soir, pour se détendre après ses longues journées au travail. C'est notre petit rituel. Toutefois, ce soir, tout est différent. Ce soir, je ne parviens pas à retenir mes larmes lorsque j'aperçois, pour la énième fois, la photo de maman, sur l'étagère d'en face. Celle qui surplombe la cheminée. Celle qui reste le vestige de tant de solitude que je ne parviens pas à oublier. Ainsi, voyant que je n'arrive pas à me calmer, papa m'attrape par la taille et me soulève, avant de me déposer sur ses genoux. Je suis vraiment minuscule comparée à lui : son torse est long et large. Ses mains sont immenses. Mon tout petit corps pourrait être écrasé et réduit en mille morceaux d'une seconde à l'autre. Mais je sais qu'il m'aime. Il me le répète souvent. Et je sais que, contrairement à maman que je n'ai même pas eu le temps de connaître, lui, ne m'abandonnera jamais.

— Shhht... Calme-toi... Me somme-t-il.

Sa main, qui caresse longuement mes longs cheveux, à pour don de m'apaiser. C'est toujours comme ça : lorsque je suis triste, il me prend dans ses bras, me caresse le crâne, me bisouille, me cajole, puis je me sens mieux.

Ce soir, pour éradiquer mes peines, il continue son discours en me regardant droit dans les yeux d'un regard émeraude si doux :

— Tu sais, on n'a pas besoin de ta maman pour être heureux...

— Ah ? L'interrogé-je.

— Il y a toi, me montre-t-il en touchant mon torse du bout du doigt. Il y a moi, et nous serons toujours ensemble !

— C'est promis ? Sangloté-je.

— C' est promis !

Je continue de regarder la télévision, en me détachant enfin des prunelles hypnotisantes de mon papa, qui se détourne également de moi. Je l'aime si fort. C'est seulement au bout de quelques secondes qu'il m'interpelle de nouveau :

— Tu sais, Isadora... Hésite-t-il, avec une voix beaucoup plus grave.

— Oui ?

— Je suis certain que lorsque tu seras grande, tu lui ressembleras énormément. Mais de la meilleure manière possible. Tu ne prendras que ses qualités.

Ravie d'entendre ses délicieuses paroles, et sans pour autant détacher mes yeux des images qui défilent devant moi, à seulement quelques mètres, j'acquiesce.

—Et tu sais... Continue papa.

— Quoi ?

À cet instant, je sens une bosse sous mes cuisses, et les mains de mon père m'entourer, et son visage se plonger dans ma nuque et inspirer longuement.

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant