CHAPITRE 30 - Constance, des années plus tôt

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— AAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!

J'ai mal.

J'ai tellement mal.

— PUTAIN DE BORDEEEEEEEEELLLLLLLL !!!!!!!! Gueulé-je si fort que je pourrais réveiller les morts.

Je force sur mes abdominaux, du mieux que je le peux, mais rien ne parvient à estomper mes lamentations, qui traduisent une souffrance qui m'arrache à la fois le cœur et les entrailles. Mes ongles se plantent dans le matelas, trop dur pour être confortable, tandis que je force, encore et encore, pour la faire sortir.

Je n'avais jamais connu pareille souffrance...

J'ai envie de mourir...

Mon âme s'envole peu à peu avec mon corps meurtri. Je sue à grosses gouttes, tapissant les draps de sudation collante et poisseuse. Quelques mèches de mes cheveux se logent dans ma bouche, mais je n'en ai que faire. Seul le goût de la mort m'appelle. J'aurais aimé ne jamais connaître ce moment. Pas comme ça. Pas sans avoir le choix.

Je veux que ça s'arrête.

Je veux que tout cela se termine.

Je n'en peux plus...

— OH, NON.... PAS ENCORE !!! AAAAAAAHHHHHHHHH !!!!! M'égosillé-je une énième fois, en fronçant les sourcils pour fermer les yeux le plus fort possible.

Je suis alors prise de tremblements intenses qui délogent mes cuisses de leur emplacement, mais des mains à la fois bienveillantes et fortes d'infirmières tentent de me retenir. Elles me maintiennent fermement pour ne pas que je flanche, et leurs voix me demandent de continuer de pousser.

— Ça va aller, c'est bientôt terminé, courage... Soupire alors la voix d'Arthur dans mon oreille pour m'encourager. Allez ! Courage ! Tu mets au monde notre enfant !

J'aimerais bien t'y voir, toi !

Je n'ai aucune envie de mettre au monde ce nourrisson. Il n'est pas désiré. Du moins, me concernant. J'aurais préféré crever, que supporter ce ventre rond et lourd pendant des mois, de me nourrir pour deux et m'empêcher de sortir. De ne penser qu'à la santé d'un être que je portais sans réellement en avoir envie. Aujourd'hui, je prends conscience que ce n'était qu'un pourcent de tout ce qui m'attend. Lorsqu'on a un enfant, on l'a pour la vie.

Putain...

— J'y arrive plus... Me plains-je. J'en peux plus...

Les larmes coulent de plus belle sur mes joues rouges. J'ai chaud. J'ai froid. J'ai faim. J'ai soif. Je n'ai aucune envie d'être ici. Et, dès à présent, je ne sens quasiment plus rien. Anesthésiée, ayant trop subi la souffrance, mon corps devient presque inerte. De longues minutes s'écoulent, jusqu'à ce que, finalement, on me rentre encore dedans :

— ALLEZ, MA CHÉRIE ! POUSSE !!! Me hurle Arthur, sous les ordres des infirmières et de la sage-femme qui tentent également de me raisonner. ALLEZ !!!

— SI TU CROIS QU'C'EST FACILE !!!!!!! Lui hurlé-je alors, au bout de ma vie. AHHHHHH !!! ÇA ME DÉCHIRE DE L'INTÉRIEUUUUUUUR !!!

— Maintenant, faîtes-là sortir ! Il ne faut pas qu'elle reste à l'intérieur trop longtemps ! M'encourage la sage-femme à son tour. ALLEZ ! POUSSEZ, CONSTANCE ! POUSSEZ !

Je broie la main d'Arthur à mesure que je sens la tête de mon enfant sortir de mes entrailles et étirer mon corps. Je souffre de nouveau le martyr. J'ai envie de mourir. Je ne m'étais pas assez préparée pour ça.

Non, je ne m'étais pas préparée...

J'ai vécu ces huit derniers mois à m'imaginer que c'était simplement un cauchemar, et que j'allais finir par me réveiller. Mais c'est bien réel. Je suis bien là, allongée dans ce lit d'hôpital, les jambes écartées pour donner naissance à cette fille que je n'ai jamais voulue et que j'aurais préféré avorter quand il en était encore temps.

DADDY'S GIRL - TOME 2 - The GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant