Deuxième virage

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Deuxième virage.

Tel que prédit par Danger, l'orage avait fini par éclater pendant qu'ils étaient encore sur la route. Une part de Ghost était soulagée de ne pas être resté dehors sous cette température.

— Ah. Enfin, il pleut. J'ai toujours aimé la pluie, pas toi ?

Ghost continua de fixer la route.

— Pas spécialement...

— La pluie, elle me fait penser à toi.

Cette fois, Ghost tourna la tête à la fois étonné et agacé.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— À tes yeux, s'expliqua Danger en lui jetant un bref regard. Ils ont la couleur de l'orage... et ils sont changeants, comme lui.

Les yeux de Ghost étaient pers. D'un gris bleuté, leur couleur variaient en fonction des jours et de la météo.

L'intéressé détourna immédiatement la tête comme pour éviter que Danger ne puisse voir ses yeux plus longtemps. Il se demandait quand est-ce que l'homme avait pris le temps de remarquer tout ça...

— N'importe quoi...

Danger se contenta de rire, puis la voiture ralentit. La porte d'un grand garage s'ouvrit pour les laisser passer et ils s'engouffrèrent à l'intérieur.

— On est arrivés, dit Danger en mettant le frein. Tout le monde descend.

Ghost sortit du pick-up, prenant le temps de regarder autour de lui. Le garage des Gun'n'rose était plus moderne que celui des Skull's Head. Plusieurs motos étaient alignées les unes à côté des autres. Il se demandait laquelle était celle de Danger...

— Viens, suis-moi, l'enjoignit le chef ennemi en arrivant près de lui après avoir contourné la voiture, il faut aller soigner ce bras.

Sans rien dire, Ghost lui emboîta le pas en jetant un coup d'œil derrière son épaule pour voir sa moto dans la caisse du pick-up.

— Ne t'inquiète pas, dit Danger comme s'il avait lu dans ses pensées, personne n'y touchera.

Ils grimpèrent un petit escalier qui débouchait sur un corridor. En chemin, ils croisèrent certains hommes qui lui jetèrent des regards interloqués que Ghost s'efforça d'ignorer.

Danger le conduisit dans une spacieuse cuisine aux allures industrielles.

— Assieds-toi, ordonna-t-il en désignant un tabouret près d'un îlot.

Pendant que Ghost s'exécutait, l'autre homme ouvrit une armoire sous le lavabo pour en sortir ce qui semblait être un kit de premiers secours. Il le déposa sur le comptoir et l'ouvrit pour trouver de quoi désinfecter la plaie.

— Tu peux enlever ton veston ?

— Ça fait un mal de chien, grimaça Ghost.

Il avait bien essayé sous le pont, mais chaque fois qu'il bougeait le bras, il ressentait une brûlure intense dans sa chair.

— Attend, je vais t'aider.

Ghost retira son bras non-touché, puis Danger fit glisser le tissu aussi délicatement que possible le long de son autre bras. Le lieutenant des Skull eut un mouvement de recul et dut serrer les dents, mais le veston de cuir finit par être retiré entièrement, dévoilant son haut à manches longues.

— Oh... il va falloir enlever ça aussi, dit Danger avec un air intéressé.

— Coupe le tissu, je m'en fiche.

— Comme tu voudras.

Avec un haussement d'épaules, Danger attrapa une petite paire de ciseau dans la trousse de soins et commença à couper le tissu en partant du bas.

— Hé ! s'exclama Ghost. Qu'est-ce que tu fais ?!

Plutôt que de seulement couper la manche posant problème, le chef des Gun était en train de charcuter tout son top.

— Quoi ? Il va bien falloir que tu l'enlèves pour prendre ta douche, argumenta Danger en poursuivant son œuvre.

Chaque coup de ciseau découvrait un peu plus le torse ciselé de Ghost. Les lambeaux de tissu tombèrent au sol, le dévoilant entièrement. C'était bien là la musculature d'un homme qui avait été militaire, puis policier.

— Pas mal, commenta Danger avec un sourire.

— Garde tes pensées salaces pour toi.

Danger ricana.

— Ce serait bien trop difficile en ta présence.

Tout en parlant, il attrapa une compresse stérile et déchira l'emballage avec ses dents. Puis, il appuya la compresse contre la blessure de Ghost pour stopper le saignement. Ce dernier se laissa faire sans rien dire.

— Tu t'es fait ça dans l'explosion ? l'interrogea Danger.

Il secoua la tête.

— On m'a tiré dessus.

— Ce n'était pas un très bon tireur alors. Si ça avait été moi, je ne t'aurais pas manqué comme ça.

— Au contraire. Il ne voulait pas me tuer... Scandal et Lord ont découvert ma véritable identité. Scandal a pété un plomb en l'apprenant.

— Oh... Pourquoi ne pas leur avoir dit avant ?

— Parce que je craignais justement cette réaction... et j'avais peur de les mettre en danger s'ils l'apprenaient.

Lord aurait tout dévoilé à Revenge lors de son kidnapping s'il l'avait su à ce moment-là. Ghost avait craint que les choses soient pires si Scandal et Lord connaissaient son secret.

— Je peux comprendre. Tu as pu voir Revenge et savoir pourquoi il te veut à ce point ?

— Non... j'ai dû partir avant de le confronter. Scandal aurait fini par me tirer dessus... et cette fois, il ne m'aurait pas manqué. Je ne l'ai pas vu.

— Alors... le mystère reste entier. Ne t'inquiète pas, s'il ose s'aventurer jusqu'ici, nous serons prêts à le recevoir.

Après avoir stoppé le saignement, Danger nettoya délicatement la plaie avec un linge humide, puis la peau autour avec un savon doux. Ghost s'étonnait de la douceur et de la précision de ses gestes.

Le chef du gang rival termina en enroulant un bandage autour de son biceps.

— Voilà le travail.

— ... merci..., murmura Ghost du bout des lèvres un peu à contrecœur.

Il se releva pendant que Danger rangeait la trousse et resta immobile avec un air un peu perdu. Il avait oublié qu'il n'était pas chez-lui et qu'il ne savait pas où aller.

— Heu... tu as parlé d'une douche. Tu as une chambre pour moi... ?

Danger sourit.

— Bien sûr. 

Scandal | GhostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant