Trente-troisième virage

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Trente-troisième virage.

Scandal, Lord, Jack et Virus arrivèrent dans l'entrepôt au même moment, le pas rapide et le souffle court.

— Eh bah... on dirait qu'on arrive après la fête, fit remarquer Scandal. Dire que je n'ai même pas eu le plaisir de lui planter moi-même un couteau dans le cœur...

En apercevant Knife à genoux au milieu d'une mare de sang, Virus écarquilla les yeux, puis se précipita vers lui.

— Attends ! tenta de l'arrêter Monster en se postant devant lui pour lui bloquer la route. Danger a dit qu'il n'était pas dans son état normal... !

Virus le contourna sans difficulté.

— Je sais gérer ça, rétorqua-t-il en continuant de marcher en direction du jeune homme à la chevelure rouge. J'ai l'habitude... et j'ai son calmant.

Il fouilla dans sa poche pour en sortir une seringue contenant la même drogue que Danger avait administrée à Ghost plus tôt.

— Knife..., murmura-t-il en s'approchant, doux, doux... OK ? C'est que moi.

Knife releva ses yeux sur Virus en serrant les lèvres. Ses doigts étaient toujours crispés sur le manche de ses lames.

— Tu veux bien lâcher ça pour moi ? lui demanda Virus d'une voix douce.

Knife eut un mouvement de recul qui figea Virus le temps de quelques secondes. Certes, il avait l'habitude de cette situation, mais ça ne voulait pas dire que c'était moins effrayant ou plus facile... Knife pourrait l'égorger comme il avait égorgé ce mec à tout instant s'il faisait un geste de travers ou s'il allait trop vite.

Virus ferma les yeux et tâcha de ne pas bouger jusqu'à ce que Knife cesse de le dévisager et que ses doigts se relâchent peu à peu sur le manche de ses couteaux.

Le jeune homme aux cheveux bleus combla les derniers mètres qui le séparaient de Knife, puis aussi vite qu'il le put, il planta la seringue dans son cou. Knife leva le bras comme pour le frapper, mais les effets de la drogue agirent trop vite pour lui en donner l'occasion.

Knife perdit connaissance et Virus le retint avant qu'il ne s'effondre au sol. En poussant un soupire de soulagement, il releva la tête vers Jack :

— Il a besoin d'un docteur. Maintenant.

Knife ne pouvait peut-être pas ressentir la douleur, mais ses blessures n'en étaient pas moins graves. Ce psychopathe lui avait tiré dessus à plusieurs reprises. Il allait mourir s'ils ne faisaient rien !

— On va l'amener à la clinique. Gideon est prêt à le recevoir. Scandal et Lord y ont déjà déposé Wolf avant de venir ici.

***

Dès son arrivée à la clinique du docteur Gideon, Virus accourut au chevet de son ami Wolf, l'inquiétude se lisant sur son visage.

Il trouva Wolf allongé paisiblement sur un lit. Quelques hématomes marquaient son corps et la corde avait entaillé ses poignets, mais Virus ne remarqua aucun autre signe de blessure.

— Il va bien, lui dit Lord en arrivant près de lui. J'étais dans un état bien pire quand je suis parvenu à lui échapper...

— Si quelque chose lui était arrivé, je n'aurais plus eu personne d'autre..., murmura Virus en baissant la tête.

— Je comprends... il va être OK. Et Knife va aussi s'en sortir. Gideon est bon dans ce qu'il fait. Ne t'en fais pas.

Virus secoua la tête avec un air étonné.

— Knife ? Ça m'importe peu. Ce mec me fiche la trouille.

Ce fut autour de Lord d'être étonné.

— Tu avais l'air plutôt proche de lui tout à l'heure, je me suis dis que tu avais l'air de tenir à lui...

— Pas vraiment... mais Wolf et lui sont proches – ils ont grandi ensemble –, alors je ne peux pas le laisser nous claquer entre les doigts, tu comprends ?

Le plus jeune membre des Skull's Head pinça les lèvres et hocha la tête d'un air entendu même s'il ne semblait pas à 100% convaincu.

Virus prit son mal en patience et fit les cents pas en attendant le réveil de Wolf. Les minutes défilèrent à une lenteur intersidérale et la nervosité du groupe pouvait se sentir dans toute la salle d'attente de la clinique.

Comme Gideon était occupé avec Knife qui présentait les blessures les plus graves, c'est Ghost – avec ses connaissances militaires – qui s'attelait à désinfecter et bander les blessures de Danger. Pendant toute l'opération, celui-ci affichait un sourire aussi lumineux que le soleil.

— Tu viens de te faire kidnapper et torturer... tu ne devrais pas sourire comme ça, fit-il remarquer en plissant les yeux d'un air désapprobateur.

— Comment pourrais-je ne pas sourire alors que tu joues les infirmiers sexy pour moi ? plaisanta à moitié Danger.

Ghost secoua la tête et, comme pour se venger, il serra un peu trop le bandage de Danger à la tête.

— Tu m'as soigné l'autre jour, je ne fais que te retourner la pareille. N'essaie pas d'y voir des sous-entendus ou quelconques messages cachés.

— C'est toi qui mets ces sous-entendus sur le tapis là. Tu actives mon imagination... et je paris que je ne suis pas le seul. Avoue que quand j'avais le canon de son arme dans la bouche, tu as imaginé un instant que ce puisse être autre chose...

— Erk ! Tu es dégoûtant !

Ghost termina son bandage et s'éloigna de Danger. Comment arrivait-il à faire des blagues de la sorte alors qu'il était passé si près de la mort ? Et après qu'un homme ait trouvé la mort de manière aussi violente juste sous son nez ?

— Tu es allé trop loin, là, même pour toi, ajouta Ghost en se pinçant l'arête du nez.

Le lieutenant des Skull ne savait même pas comment il tenait encore debout après une nuit aussi mouvementée. Son ex-amant était mort juste sous ses yeux sans même qu'il n'ait le temps de s'expliquer convenablement avec lui, de lui faire entendre raison... Si ça avait été un film cliché, ils auraient eu un moment pour se réconcilier et tout se serait bien terminé, mais c'était la vraie vie... Et parfois les événements s'enchaînaient sans qu'on puisse les contrôler et la mort frappait avant qu'on n'ait eu l'opportunité de dire tout ce qu'on aurait voulu. Et il allait devoir vivre avec cette culpabilité.

C'est l'adrénaline qui gardait encore Ghost en un seul morceau. À tout moment, il sentait qu'il exploserait en sanglots comme dans cet entrepôt.

Danger baissa la tête avec une expression sincèrement désolée.

— Pardon, je sais que ce doit être difficile pour toi... je voulais juste te changer les idées. Je voudrais dire de beaux mots ou avoir une pensée philosophique intelligente, mais je ne sais pas faire ce genre de choses. Malheureusement, le sport et l'humour sont les deux seuls moyens que je connaisse... et je ne suis pas opérationnel pour le sport dans l'immédiat.

Ghost se recula encore en fixant le sol.

— Je suis désolé, j'ai besoin d'être seul je crois... 

Scandal | GhostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant