Vingt-cinquième virage

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Vingt-cinquième virage.

Il s'était imaginé tout un tas de scénarios, mais il n'avait pas envisagé que la personne à lui ouvrir la porte puisse être Scandal lui-même.

La dernière personne qu'il voulait voir.

Il avait rejoué dans sa tête quelles pourraient être les circonstances de leurs retrouvailles, cherché les bons mots à lui dire... mais rien ne venait. Rien n'était aussi simple.

Alors en voyant la tignasse blonde du jeune homme, Ghost resta figé pendant quelques secondes. L'atmosphère était lourde et malaisante, aussi tendue qu'un élastique prêt à casser. Pourtant, l'un d'eux allait bien devoir parler le premier. Et puisque Ghost était celui à avoir merdé, il choisit de se dévouer bien qu'il ne sache pas vraiment par où commencer.

— Je comprends si tu me hais et que tu ne veux plus jamais ni me parler ni me voir. Je ne suis pas venu causer des problèmes ni te demander ton pardon... Je dois seulement parler à Monster. C'est tout.

Il déglutit et baissa les yeux pour ne pas croiser le regard de son interlocuteur. Il n'avait pas envie de lire la haine dans les yeux de son ami. C'était bien trop douloureux.

Il y eut un long silence sans que Scandal ne réponde. Même lui ne semblait pas trop savoir où remettre. Enfin, c'est Virus qui mit un terme au silence en se raclant la gorge.

— Bon... ce n'est pas tout, les gars, mais vraiment... on n'a pas toute la soirée. Détestez-vous si vous voulez, mais en attendant, y'a trois de mes amis aux prises avec Revenge, alors je...

Le nom de « Revenge » fit sortir Scandal de sa torpeur. Ses yeux s'écarquillèrent et il dévisagea Virus.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

— On a besoin d'aide. On a une bonne idée d'où Revenge se terre, mais il nous faut du renfort.

— Alors, tu sais où se terre cette enflure ?!

Il n'y avait qu'une seule chose qui puisse détourner l'attention de Scandal de la colère qu'il entretenait à l'égard de Ghost et c'était sa haine plus grande encore pour Revenge.

— Je pense savoir. Enfin, on a une chance sur trois, mais je n'ai pas le temps d'expliquer maintenant... et il faudra que je me répète à ton chef de toute façon... et j'ai la flemme. Bref, c'est pour ça qu'il nous faut plus d'effectifs. J'ai besoin de parler à Monster !

Après une très courte hésitation, Scandal finit par se décaler pour les laisser entrer dans le manoir. Même lui savait parfois ordonner les priorités.

Ghost retint sa respiration en passant près de lui. Il aurait pu couper l'air au couteau tant il y avait de tension entre eux.

— Ah et, ajouta Virus d'un ton nonchalant, j'ai du matériel informatique dans la voiture... si tu veux commencer à décharger, mais attention : c'est fragile !

À contrecœur et en rouspétant, Scandal sortit à l'extérieur pour aller récupérer le matériel, ce qui leur laissa le champ libre.

Le lieutenant des Skull était soulagé que Virus soit avec lui. Sa personnalité joyeuse et détachée permettait d'alléger l'atmosphère. Puis, il agissait de tampon entre lui et Scandal. Rien que pour ça, il le remerciait d'être là.

— Booon, alors où est-ce qu'on trouve Monster ? demanda Virus en jetant des regards partout autour de lui. Purée, c'est un vrai palace ici... !

— Ici.

La voix du chef des Skull avait résonnée depuis le fond du couloir comme il s'avançait dans leur direction.

En arrivant à leur hauteur, Monster fronça les sourcils.

— Où est Danger ?

D'instinct, le chef se doutait qu'un truc n'allait pas. Ghost semblait anxieux, le genre d'expression qu'il ne lui avait jamais vue depuis le temps qu'il le connaissait.

Il avait confié la protection de Ghost à Danger et son gang... alors voir l'ancien militaire débarqué seul ici avec le hacker de service... ce n'était pas normal.

— Il est parti retrouver Revenge, expliqua Ghost, mais cela fait plusieurs heures et il n'est pas revenu...

Monster comprit tout de suite et son expression s'assombrit.

— Vous savez où le trouver ?

— Alors en fait, intervient Virus, si on peut réinstaller mon matos informatique ici... je vais pouvoir te montrer. Mais en gros, j'ai remarqué qu'il squattait généralement les immeubles désaffectés de la ville, alors j'ai fait une carte où j'ai épinglé tous les bâtiments pouvant correspondre... et il y en a trois, dont celui où nous avons envoyé Danger et deux de nos membres. Si on pouvait envoyer une équipe à chaque emplacement, je pense qu'on peut le choper.

Monster hocha la tête.

— Scandal, Lord et Jack t'aideront à installer tout le matériel dont tu as besoin. Les Skull mettront en œuvre tout ce qui est possible pour mettre la main sur cette ordure de Revenge. Tu as ma parole.

— Merci, rétorqua Virus avec soulagement.

— Et si j'étais toi... j'irais surveiller mes gars, car ils ne sont pas du genre « délicats » avec le matériel. Aucun d'eux ne saura comment positionner et brancher tout ce bordel non plus.

Ghost pensa immédiatement que si Danger était là, il en aurait profité pour sortir une punchline salace en lien avec la « brusquerie » et le « matériel ». Il sourit tout seul en l'imaginant.

— Depuis quand est-ce que tu souris comme ça ? demanda Monster avec étonnement. Ça me fout des frissons. Tu fais flipper, mec.

Le sourire de Ghost disparut instantanément.

— Ça m'arrive de plus en plus souvent ces derniers temps...

Pendant qu'ils parlaient, le regard de Virus s'était agrandit de terreur à l'idée que son matériel informatique puisse être maltraité par les gros bras des Skull.

— Oh... j'espère que ça ne vous dérange pas, je ferais mieux d'aller jeter un coup d'œil pour qu'ils ne fassent pas n'importe quoi.

Rapidement, il tourna les talons pour aller superviser les opérations. Monster attendit qu'il soit assez loin pour entraîner Ghost à l'écart. En réalité, il avait fait exprès d'éloigner Virus. Même s'il lui faisait confiance, du moins en partie, le jeune homme demeurait un membre du gang ennemi.

— OK, raconte-moi tout. Depuis le début. 

Scandal | GhostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant