Scandal | Ghost

Dix-neuvième virage

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Dix-neuvième virage.

Danger allait répliquer quelque chose quand le téléphone dans sa poche vibra. Il l'attrapa aussitôt pour vérifier ses notifications quand, du coin de l'œil, il vit le visage de Ghost changer.

— Qu'est-ce que...

En baissant les yeux, Danger prit conscience qu'il avait totalement oublié de cacher l'écran de son portable et que Ghost avait pu voir son superbe fond d'écran.

— Je vais décidément te tuer ! ajouta Ghost. Efface tout de suite cette photo !!

Le chef des Gun avait mis la photographie endormie de Ghost, celle qu'il avait prise lors de la première nuit pour envoyer à Monster, en fond d'écran sur son téléphone.

— Oh... mais pourquoi ? Tu es si mignon là-dessus.

« Mignon » ? Ghost manqua de s'étouffer. Tout de suite, il se jeta sur Danger pour lui arracher le téléphone des mains, mais l'homme l'esquiva au dernier moment en levant le bras en l'air et en se décalant.

— Donne-moi ce putain de téléphone !

Ghost porta une main à sa tête en grimaçant. Il avait bougé trop brusquement et ressentait encore les effets étourdissants de la drogue qu'on lui avait injecté.

— Même si tu supprimes cette photo, j'ai des copies. Puis, qu'est-ce qui te dérange tant ? Ça n'a rien d'humiliant ou d'obscène... tu ne fais que dormir.

Le lieutenant des Skull était mortifié.

— Tu l'as mise en fond d'écran ! lui reprocha-t-il.

— Ça aurait été du gâchis de ne pas le faire.

— Tu ne peux pas photographier et mettre les gens en fond d'écran sans leur consentement !

Danger leva les bras avec un air faussement coupable.

— Oups... déjà fait.

Ghost croisa les bras. Il savait déjà qu'il ne gagnerait pas la guerre, mais ça ne l'empêchait pas d'être agacé.

— Quand est-ce que tu as pris cette photo d'ailleurs ?!

— Quand tu dormais le premier jour. Je n'ai pas pu résister.

Ghost grimaça.

— Il t'arrive de la garder dans ton pantalon parfois ?

Le chef des Gun planta ses yeux dans les siens, le faisant frissonner jusqu'à la moelle.

— Plus souvent que tu ne le crois. Si ce n'était pas le cas, je te serais déjà sauté dessus et je ne me contenterais pas d'une innocente photo...

— Fuck, abandonna Ghost en soupirant, fais-en ce que tu veux. Tu peux garder cette putain de photo si ça te fait plaisir...

Et si ça te permet de garder ta libido en laisse, ajouta-t-il dans sa tête. Il savait déjà que peu importe ce qu'il dirait, Danger ne supprimerait pas cette photo idiote de son téléphone. S'il en avait fait des copies en plus... S'il lui donnait verbalement la permission de la garder, cela lui donnait vaguement l'impression d'avoir encore un peu de contrôle sur les choses.

Mais avec Danger... avait-il vraiment le contrôle sur quoique ce soit ? Il laissait bien trop de latitude au chef ennemi... Là où il n'aurait pas hésité une seule seconde à menacer ou casser les jambes d'un autre homme aussi insistant, il laissait Danger aller de l'avant avec son rentre-dedans et ses sous-entendus à répétition... Lui-même ne savait pas trop pourquoi.

— Ça me fait très plaisir, sourit Danger avec un air triomphant tout en lisant le message texte qu'il avait reçu. C'est Virus qui m'a écrit. Il a réussi à localiser Knife et sa position s'est stabilisée, donc on tient forcément le repaire de Revenge. On va aller vérifier ça, tu viens ?

Le nom de Revenge ramena instantanément Ghost aux priorités, lui faisant bien vite oublier la photo sur le téléphone de Danger. Après tout, il avait plus important à faire que de se préoccuper du fond d'écran de son hôte.

— Je viens, répondit-il tout de suite.

— Appuie-toi sur moi si jamais tu sens que tu perds l'équilibre.

Même s'il avait voulu refaire une tentative d'évasion maintenant, il n'aurait pas été bien loin : il avait encore un peu le tournis à cause de la drogue. Danger allait vraiment lui en devoir une pour ça...

— C'est bon, je n'ai pas besoin d'aide.

Danger arqua un sourcil moqueur.

— Sûr ? Tu marches comme si tu avais pris huit bières.

Ghost le fusilla du regard.

— À qui la faute ?

— Allez, arrête de faire le fier et laisse-moi t'aider. Après tout, c'est ma faute, non ? Donc à moi d'en prendre les responsabilités.

Avant qu'il n'ait pu l'éviter, Ghost sentit la main de Danger attraper la sienne pour le guider. Comment l'homme avait-il pu à ce point tourner ses paroles en sa faveur ? Le lieutenant des Skull ne pouvait rien argumenter à cela. Puis, il sentait une pression anormalement forte sur sa main : Danger n'avait aucune intention de lui laisser la moindre chance de se dégager de son emprise.

La main de Danger était froide. Pourtant, il sentait sa peau s'enflammer et devenir bouillante.

Sans le lâcher, Danger le conduisit au salon où Virus avait poursuivit ses opérations informatiques.

— Là, dit le jeune homme aux cheveux bleus en désignant l'écran sur lequel un nouveau point rouge était apparu, c'est dans un bâtiment abandonné en bordure de la ville.

Danger lui lâcha la main pour s'approcher. Même s'il ne le touchait plus, Ghost avait encore la sensation que sa main brûlait.

— Encore ? demanda-t-il en s'avançant à son tour. La dernière fois aussi, c'était dans un bâtiment abandonné.

Quand Lord s'était fait kidnapper, Virus avait pu le localiser à l'intérieur d'une vieille usine désaffectée juste avant son explosion.

— Eh bien... on dirait que notre ami aime l'urbex, plaisanta Danger en plissant les yeux.

— Ce sont de bonnes cachettes, approuva Virus. Aucune caméra de surveillance et personne pour aller vérifier ce qui s'y passe.

Ghost remarqua que Virus évitait de croiser son regard. Avait-il des remords parce qu'il était celui à avoir fourni la drogue à Danger ?

— Hum... et tu as des nouvelles de Knife ou Wolf ? l'interrogea le chef des Gun.

Virus se mordit la lèvre et secoua la tête. Ghost pouvait deviner qu'il était inquiet même s'il tentait de le masquer.

— Toujours pas... je n'ai que la localisation de Knife...

Ghost hocha la tête avec un air grave.

— Je lui fais confiance... mais s'il ne reprend pas contact avec toi d'ici trois heures, on enverra quelqu'un le chercher.