Chapitre VI : Esquisse.

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« Pourrais-je t'emprunter une à deux heures ? »

Sa voix a résonné en moi. Comme un automate, je suis allé trouver le magicien. Je me suis entendu lui dire que Mr Clock demandait que j'aille en-haut avec lui. Le magicien a paru consterné.

« Tu es sûr que... ? »

« Oui. »

Je me suis entendu lui répondre comme si ça n'était pas moi qui parlais.

Je me tiens devant le miroir sur pied de la magnifique chambre aux tons rouges où nous nous trouvons. Il y a des roses à chaque coin de la pièce, et des pétales frais jonchent le sol, le lit, chaque surface de la pièce. Leur parfum est enivrant. Il est partout.

Les mains de Mr Clock viennent habilement défaire mon corset. Je n'ai pas demandé ce qu'il voulait, j'ai signé un chèque en blanc. Je n'ai pas parlé de prix. Il m'a demandé de venir avec lui et j'ai accepté. Je me sens un peu idiot quand mon corset tombe, et qu'il vient s'attaquer aux boutons de ma chemise. Dès que nous sommes arrivés dans la pièce, il a posé son masque. Ses yeux bleus scrutent chacun de ses gestes dans le miroir. Ma chemise tombe. Il pose doucement ses mains sur mes hanches, caresse ma peau... Vient délacer mon pantalon je lève la tête vers lui, derrière mon dos, et il sourit. Il passe une main dans mes cheveux.

- Tu as froid ? Tu as la chair de poule.

Non je n'ai pas froid. Mais je suis transi.

- Ça va...

Il recule d'un pas et me prend par la main, m'emmène jusqu'au lit. Mon pantalon tombe un peu sur mes fesses. Il me fait allonger, là, au milieu des dizaines de pétales rouges... Puis s'éloigne.

Je n'ose bouger mais je le suis du regard. Il avait une sacoche avec lui, ce soir. Il la ramasse, prend l'unique chaise de la pièce et la rapproche du lit. Là, je le vois sortir un grand carnet blanc et un fusain. Je me redresse un peu, et il me décoche un regard oblique par-dessus son cahier.

- Reste allongé.

Lentement, je me laisse retomber sur les pétales. Pourquoi est-ce que je ressens une telle déception ? J'ai honte de moi. J'ai cru que ce serait comme la dernière fois... Mais non. Cette fois, il me traite comme tous les autres. Il va juste faire mon portrait. Ivan a dit que c'était ce qu'il faisait habituellement.

Je ravale ma colère et fixe le plafond de bois vernis au-dessus de ma tête.

- Parfait... murmure-t-il.

J'entends son crayon gratter les feuilles. Quel idiot je peux faire... Ivan a dit qu'il ne touchait jamais les garçons, d'habitude. C'était exceptionnel la dernière fois. Peut-être a-t-il ressenti une brusque pulsion et qu'il n'avait pas envie de perdre de temps à courtiser quelqu'un. Un homme comme lui, riche comme il est, beau comme il est... Il plaît forcément. J'ai été un raccourci. Il n'y avait aucune raison particulière à sa chaleur du moment. Et s'il m'a choisi moi plutôt qu'un autre... Peut-être que je lui rappelais un ancien compagnon ? Si ça se trouve, il venait de rompre avec son partenaire et avait besoin de se défouler...

Le matelas s'enfonce à côté de moi. Je ne bouge pas. Je ne le regarde pas.

Sa main vient doucement encadrer mon menton, et il tourne mon visage vers lui.

- J'aime cette expression, remarque-t-il d'un air sérieux.

Mon cœur bat un peu plus vite. Mais c'est douloureux. Je me sens insignifiant. Un assoiffé à qui il lancerait un morceau de pain, sans comprendre son mal.

Il relâche mon menton et sa main vient retrouver le carnet. Il me jette de brefs coups d'œil de temps à autre. J'arrive à peine à penser, maintenant qu'il est si près.

Tu seras mien --- M/M 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant