Chapitre V : Les grands de ce monde.

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Caïn Hillstorm était assis tout au bord de son bureau, jambes tendues, bras croisés. Adrian, debout devant lui, attendait. Il voyait le père de Sacha le toiser, et n'osait pas prononcer le moindre mot. Il était bien trop conscient qu'il méritait une telle méfiance. Si ça n'avait été qu'à cause des agissements de son père, Adrian aurait trouvé injuste d'être ainsi jugé. Mais il avait fait du mal à Sacha, et à ce sujet, il ne pouvait blâmer Alan Cadran.

Il soutenait pourtant le regard de l'homme face à lui, qui continuait de l'observer en silence, comme il l'avait fait depuis cinq minutes, depuis que la porte s'était refermée sur ses deux filles et Sacha, les empêchant d'assister à l'entretien.

Adrian, plus nerveux qu'il ne l'aurait voulu, finit par rompre le silence :

– Je suis désolé, M. Hillstorm.

L'expression de Caïn ne changea presque pas, sinon ses sourcils qui se froncèrent un peu plus.

– Vous êtes « désolé », répéta-t-il lentement.

Adrian pinça les lèvres. Il avait l'impression d'être un enfant pris sur le fait après une grosse bêtise. Il s'apprêtait à parler mais Caïn fut plus rapide :

– À quel sujet êtes-vous désolé, Adrian ? Avoir poussé mon fils à la prostitution ? L'avoir kidnappé et torturé ? L'avoir affiché devant toute la ville il y a trois mois de ça, et ainsi brisé sa crédibilité en tant qu'Hillstorm ? Ou êtes-vous désolé pour ce que votre père a fait à mon père ? Ou encore, désolé d'avoir butiné sur mes marchés depuis des années pour rendre à votre père une fortune qu'il ne méritait pas ? J'aimerais savoir de quelle partie vous êtes désolé, Adrian...

Adrian déglutit.

– Au sujet de Sacha... murmura-t-il.

Quant au reste, Caïn poussait un peu. Il n'avait pas tenu A.C. pour son père, et il n'avait rien à voir avec ce prétendu meurtre.

Caïn eut un rire sans joie.

– Je vous avais demandé de vous tenir loin de lui.

– J'ai essayé.

Caïn marqua un silence. Il se détacha du bureau et fit quelques pas dans la pièce.

– Votre propre père vous a renié.

– Nous n'avons pas de liens très forts...

– Non, Alan est ce genre d'homme... Il est un dicton que j'aime bien, Adrian. « Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin ». Alan a toujours voulu tout diriger, et il vous a poussé à prendre la relève... Maintenant que je vois vos frères à l'œuvre, je comprends pourquoi. Moi, de mon côté, j'ai toujours souhaité que ma famille travaille avec moi. Aujourd'hui, Lina est la mieux placer pour me succéder, mais je continuerai de former Laurie et Sacha pour qu'eux aussi puissent être à son niveau. Ma dernière fille ne nourrit pas un grand intérêt pour Farmaceutica, je l'accepte aussi.

Il se tut, et Adrian observa le silence. Il n'était pas certain de la raison pour laquelle Caïn se confiait ainsi à lui. C'était sans aucun doute la plus longue conversation qu'il avait jamais eut avec cet homme, que son père lui avait toujours dépeint comme un adversaire, comme un homme ambitieux et qui ne reculerait devant rien pour plus de pouvoir. Il commençait à voir de fausses notes dans ce tableau-là. Caïn était peut-être calculateur, mais au moins, il n'utilisait pas des siens pour servir ses intérêts.

– Je souhaitais simplement maintenir A.C. Partnership à flot, répondit Adrian. Je n'ai jamais fait ça pour l'argent. Je ne prétends pas avoir vécu sous un pont, mais j'ai tout donné à A.C., pour ceux qui la faisaient vivre.

Tu seras mien --- M/M 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant