Tu seras mien --- M/M 🔞

Chapitre IX : En recherche d'un stage.

Je voudrais n'avoir jamais JAMAIS accepté de travailler à L'Illusion.

— Et voici monsieur Adrian Cadran, notre PDG, me chuchote le secrétaire à l'oreille. C'est avec lui que vous passerez l'ultime entretien. Si tout va bien, vous deviendrez stagiaire chez A.C. Partnership dès la semaine prochaine.

Le secrétaire me souhaite bonne chance et sort de la pièce.

Je déglutis. Il n'a pas remarqué mon trouble je crois. Mes oreilles sifflent. Je n'ose plus respirer.

Le PDG a les yeux rivés sur un document. Il n'a pas encore levé la tête pour me regarder et pourtant je suis à deux doigts de faire un malaise.

Adrian Cadran, le célèbre homme d'affaire, et Mr Clock, le mystérieux client de L'Illusion, ne sont qu'une seule et même personne.

Au secours.

***

Huit heures plus tôt.

— Hé ! Sacha !

Ce mardi matin, je me suis levé du bon pied. C'est aujourd'hui que commencent les entretiens pour trouver un stage, et j'ai appris hier que parmi les entreprises pour lesquelles j'avais postulé, A.C. Partnership et Nautilus, deux monstres du monde des affaires, avaient accepté de me rencontrer pour une série d'entretiens. La première série sera avec Nautilus ce matin, puis cet après-midi je rencontrerai les représentants d'A.C.

J'ai bien sûr demandé d'autres entretiens pour les jours suivants, avec des entreprises moins prestigieuses, je ne suis pas fou. Que ce soit A.C. ou Nautilus, ils sont extrêmement exigeants. Il n'est pas garanti qu'ils veuillent de moi... D'après les professeurs, certaines années, ils n'ont pas pris de stagiaire du tout, quand personne ne leur convenait. Alors mieux vaut que je sois sûr de moi. Si je ne trouvais pas de stage, je serais bon pour repiquer cette année, et vraiment, je préfèrerais éviter de payer une nouvelle fois les frais de scolarité. Enfin, de ce côté-là, je n'ai pas trop à me plaindre pour le moment. Grâce à ce que m'a payé Mr Clock, j'ai pu rembourser une petite partie de mon emprunt étudiant, et j'ai payé d'avance pour cet avant-dernier trimestre. J'ai même une réserve pour payer les soins de mémé, je suis tranquille pour un moment. Quel bonheur, d'avoir de l'argent... Si d'ici six mois, à la suite de mon stage de fin d'étude, je parviens à trouver du travail, alors je pourrais vraiment souffler !

Autant dire que je suis dans la meilleure disposition pour passer mes entretiens.

— Sacha ? répète la personne à ma droite.

Je relève la tête, j'étais complètement ailleurs. Alice penche la tête sur le côté. C'est ma meilleure amie ici à l'école. Ma seule amie. Elle est dans la même classe que moi. Elle a aussi été sélectionnée par Nautilus et passe les entretiens ce matin comme moi. Cet après-midi, elle rencontrera les représentants de Farmaceutica. Elle a raté la sélection pour A.C., tout comme moi j'ai raté celle de Farmaceutica. Bon, elle, c'était parce qu'elle était malade le jour de la pré-sélection. Mais ce n'est pas si mal, parce que comme ça, il n'y aura que pour Nautilus que nous serons en concurrence. J'espère passer avant elle cela dit, parce qu'elle est incroyablement intelligente. Je sais que quiconque passera après elle aura l'air idiot. Je lui souris néanmoins.

— Tu stresses ? me demande-t-elle. Tu es très silencieux !

— Bah, un peu, forcément.

Nous parlons à voix basse. Dans la salle, il y a une dizaine d'autres candidats à l'air concentré, feuilletant les notes qu'ils ont prises avec eux. En les regardant je me sens nerveux, et rouvre mon calepin. J'inspire calmement. Je suis nerveux, oui. Mais c'est de la bonne nervosité.

À exactement 9h00, un premier candidat est appelé. La salle, qui était déjà plutôt silencieuse, ne dégage plus le moindre son. Le premier candidat tient à peine dix minutes. Quand il ressort, il a l'air d'être à deux doigts de pleurer. Il passe devant nous en marchant précipitamment, ne dit rien à personne. Je voudrais lui sauter dessus pour savoir ce qu'il s'est précisément passé dans cette salle, mais sous le regard perçant de l'homme qui l'a raccompagné à la porte, j'ose à peine regarder le rejeté.

Un second candidat est appelé. Il tient douze minutes. Puis une candidate. Elle tient à peine cinq minutes. Et c'est le tour d'Alice.

Je la regarde se lever, pâle comme la mort. Tous les candidats sont ressortis avec une telle expression... Je comprends que même elle, d'ordinaire si détendue, a une montée de pression dans un instant pareil.

Pendant son tour, je ne peux m'empêcher de retenir mon souffle. Les minutes défilent. Bientôt, je réalise qu'elle a dépassé le record de douze minutes. Ça ne m'étonne pas tellement. C'est une vraie tête. Je serai content pour elle si elle obtient son stage.

Au bout de trente minutes, Alice ressort. Elle a toujours le visage blême, qui tire peut-être un peu sur le verdâtre. L'homme qui l'a accueillie lui sert la main et la fait sortir par une autre porte que celle empruntée par ses prédécesseurs. Elle a dû réussir à passer la première étape ! J'essaye d'accrocher son regard pour lui sourire, mais elle ne tourne pas du tout la tête dans ma direction et quitte la salle d'attente.

Puis l'homme se tourne vers nous :

— Les candidatures sont pour le moment suspendues. Si mademoiselle Alice Laroch venait à échouer à son prochain entretien, nous vous recontacterons pour vous recevoir. Dans l'attente, une bonne journée à vous.

Un concert de protestations s'élève. L'homme prétend ne rien entendre et claque brutalement la porte de son bureau. Je suis choqué moi aussi. Quelle honte, nous sommes là depuis plus d'une heure et ils ne vont même pas nous recevoir ? C'est franchement... Quel irrespect ! Ça fait des semaines qu'on se prépare à cet entretien.

Je quitte la pièce, furieux. Ils ne prennent donc qu'un stagiaire à la fois. Je laisse aux autres de continuer à pester et de frapper à la porte du bureau de l'homme, et quitte le bâtiment. Malgré ma colère, je me dis qu'au moins, ça veut dire qu'Alice est en bonne voie pour obtenir le stage. Je sors mon vieux téléphone qui ne sert qu'à appeler et rien d'autre, et cherche Alice dans mon répertoire. J'appelle... Elle a éteint le sien. Tiens, voilà qui est curieux... J'imagine que je n'en saurai pas plus pour le moment. Peut-être lui ont-ils fait couper le téléphone par souci qu'elle ne puisse rien révéler de son entretien.

Des trois entreprises que je visais, Nautilus est la plus mystérieuse. Ils interviennent dans de nombreux domaines, c'est un important conglomérat. J'ai hâte qu'Alice me révèle tous leurs secrets !

Je passe la matinée juste à passer le temps. Je n'ai qu'une amie ici, c'est Alice, et je ne peux pas lui parler pour le moment. Je pourrais appeler Ivan, mais à cette heure matinale, il dort sûrement. Mémé aussi. À l'hôpital on lui donne des médicaments pour la douleur qui la font dormir. Je suis donc tout seul.

Je soupire et ressors mes notes sur A.C. Partnership. Puisque j'ai peut-être perdu ma chance de rejoindre Nautilus, je dois doubler les efforts pour A.C. ! Enfin... En partant du principe qu'ils m'accorderont effectivement un entretien. Ce serait vraiment affreux s'ils agissaient de la même manière que l'homme de ce matin.

Les heures défilent.

À 14h00, je suis en lice avec une trentaine d'autres candidats sélectionnés par A.C. Partnership. La première partie de l'entretien est à l'écrit. On me met un questionnaire sous les yeux.

Au fur et à mesure que je coche les cases, je me sens plus serein. J'ai tellement révisé tout ce qui avait attrait à cette entreprise !

Je me sens prêt à affronter n'importe quoi.

Enfin, n'importe quoi...