Chapitre IV : De famille en faillite.

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Ma mâchoire tombe.

Laurie continue de parler, mais sa voix me parvient comme à travers le brouillard.

Ce matin, on a appris que le plus gros et le plus ancien de ses investisseurs se retirait d'A.C. Partnership.

Il s'appelle M. Fengus. Je l'ai rencontré deux fois, du temps où j'étais stagiaire chez A.C., à des dîners. Un homme très impliqué, qui s'entendait bien avec Adrian, toujours poli. Qu'a-t-il pu se passer ? Son retrait signe sûrement la fin de l'entreprise...

Quelle sera la prochaine étape ?... Seront-ils forcés de revendre ? De licencier en masse ?

Mon cœur se serre. J'ignore complètement si Adrian est au courant. Je sais en revanche que s'il s'est plié si longtemps aux décisions de son père, c'était parce qu'il voulait précisément éviter ça. Les licenciements. Il mettait un point d'honneur à tenir à flot sa compagnie, pour protéger ses employés.

Un terrible sentiment de culpabilité m'accable. Sans moi, tout ça ne serait pas arrivé. S'ils savaient, tous, ils me haïraient... Et comment leur en vouloir ? J'ai poussé Adrian à me faire passer avant eux, des centaines de personnes...

Le visage de M. Lee me vient en tête. Il a quitté la compagnie quand Adrian est parti. Je sais qu'il a déjà retrouvé un emploi, mais là des centaines de personnes vont se retrouver au chômage, comment...

Une main touche mon bras. C'est mon père. Il se penche vers moi.

- Ne fais pas cette tête, Sacha. Ça ne veut pas dire qu'A.C. est fini, loin de là.

Je le détaille un instant. J'ai l'impression qu'il dit ça pour me rassurer, mais en même temps, il semble mécontent.

- Qu'est-ce que ça veut dire, alors ?

- Qu'ils vont chercher d'autres investisseurs, et si jamais personne ne souhaite investir, alors A.C. sera mise en vente... Et j'imagine que nous nous la disputerons avec l'alliance Cadran-Larosare.

- Mais les Cadran vont faire faillite, si...

- Ça ne fonctionne pas exactement comme ça. Il y a les fonds de l'entreprise, et les fonds propres. Rassure-toi, je pense que la famille Cadran... En dehors d'Adrian, je suppose, est encore très riche.

Voilà qui ne me rassure qu'à moitié, papa.

Je détourne les yeux. Laurie a fini de parler et Lina ajourne la réunion après avoir chargé trois de ses assistants de surveiller toute évolution du côté d'A.C. Partnership.

Je me redresse, mais j'ai l'impression d'être en mode pilote automatique.

J'ai envie de parler à Adrian. Je dois m'assurer qu'il va bien... Je suppose qu'il est au courant... Il doit forcément être au courant...

*****


Adrian reçut une giclé de café froid en plein visage et soupira. C'était la troisième fois qu'il démontait le percolateur ce mois-ci, et la troisième fois que la même chose se produisait.

Sylvia eut un éclat de rire peu charitable en passant derrière lui.

Il lui lança un regard noir avant de passer le torchon dans son cou où s'écoulait à présent le liquide. Sa chemise blanche était à présent marquée d'une large auréole marron, aussi, il s'éclipsa vers le vestiaire.

Il avait enfilé une chemise propre quand on frappa à la hâte à la porte. Sylvia déboula à l'intérieur la seconde d'après.

- Tu me poursuis jusqu'ici pour te moquer ? lança-t-il à sa sœur d'un ton irrité.

Tu seras mien --- M/M 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant