Chapitre IV : Folles factures.

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Un bruit inhabituel attire mon attention alors que je pénètre la maison.

- Mémé ?

Elle est lève-tôt. Son corps la fait souffrir, et elle a beaucoup de mal à rester longtemps allongée. On a dépensé des fortunes à l'hôpital pour réussir à trouver de quel mal elle souffrait, mais aucun docteur n'est capable de l'aider. Ils disent que c'est l'âge. Ces incapables... Mémé n'a que soixante-huit ans, elle n'est pas si vieille.

- Sa.. cha...

La panique monte d'un coup.

- Mémé !

Je viens de l'apercevoir, derrière la table du salon. Elle est au sol, elle a dû tomber. Je me précipite, tente de l'aider à se relever... Elle pousse un cri rauque.

- Attends mémé, ne bouge pas...

Je me précipite vers la porte et penche la tête vers la rue... Il n'est qu'à une vingtaine de mètre.

- IVAN !

Il se retourne, et presque aussitôt, se met à courir. Il a dû entendre la panique dans ma voix...


***


- C'est ma faute...

- Ne soit pas idiot Sacha, bien sûr que non, que ça n'est pas ta faute !

Je pleure sur son épaule. Sans lui, je ne sais pas ce que j'aurais fait. Il a appelé l'ambulance pendant que je tenais la main de mémé. Cette nuit la plomberie de la cuisine s'est cassée et l'eau s'est répandue partout, et mémé, en se levant dans la nuit, ne s'en était pas aperçu.

- Ça va aller. Elle est solide.

Ivan me sert doucement contre lui. Il adore mémé, lui aussi. Il l'appelle aussi mémé d'ailleurs. C'est un peu comme un frère pour moi, c'est vrai que même quand il était à l'orphelinat, il passait le plus clair de son temps chez nous. Mémé l'aurait volontiers adopté, mais nous avons toujours manqué d'argent. Elle l'aime comme s'il était son petit-fils pourtant.

- Déjà qu'elle... *snif* qu'elle avait mal partout... *snif*

Ivan ne répond pas, mais me serre un peu plus fort.

Nous restons un moment ainsi, jusqu'à-ce qu'une infirmière nous approche.

- Hum, excusez-moi... Lequel d'entre vous est Sacha ?

Je me lève aussitôt. L'infirmière a un sourire rassurant.

- Votre grand-mère va s'en tirer. Elle ne va pas pouvoir bouger pendant un moment, et va devoir rester ici sous surveillance cependant. Elle s'est cassé le bassin et à son âge, les os mettent du temps à se solidifier.

- Mais ça va aller ? Vous êtes sûre ?

- Oui, tout à fait sûre. Nous avons un léger souci cependant...

Elle a baissé la voix, et je me rapproche d'elle, inquiet.

- Votre grand-mère nous a confié sa carte bancaire pour régler la chambre pour le mois à venir, mais... Je suis au regret de vous dire que le paiement a été rejeté...

Elle semble très gênée. Je baisse les yeux moi aussi.

- Ne lui dites rien. Je réglerai. Pour combien y en a-t-il ?

Je vois ses lèvres bouger, et mon estomac fait un bond. Je me sens presque nauséeux. J'en ai pour plus de deux mois de salaire de couvrir un seul mois à l'hôpital pour mémé. Sans compter toutes les factures que nous avions en retard...

- Combien de temps devra-t-elle rester ? je demande d'une voix blanche.

- Trois à quatre mois.

De nouveau, la douche froide. Mais si je compte ce que j'ai gagné la nuit dernière... Moins les factures en retard... Les frais pour l'école... J'ai de quoi payer deux mois et demi. Il va falloir que je me serre la ceinture, mais je suis quand même rassuré. Je devrais pouvoir couvrir les frais.

- Je vais aller chercher mon argent et je reviens. Je couvrirai deux mois d'avance. Ça ira ?

Le visage de l'infirmière s'éclaire. Elle m'adresse un grand sourire.

- Vous pouvez aller lui rendre visite d'abord. Elle est réveillée et elle a hâte de vous voir !


***


À la fin de la journée, je suis épuisé. Mémé sera tranquille pour au moins deux mois. C'est déjà ça. Ivan m'a immédiatement proposé de payer aussi, pour que tout soit régler pour les quatre mois à venir, mais j'ai refusé. Ce n'est pas à lui de faire ça. Il s'est toujours débrouillé dans la vie, alors qu'il était tout seul, donc je ne peux décemment pas lui demander d'argent. Il était un peu vexé, je crois, mais il a accepté ma décision. Je lui ai quand même demandé un service. Après la nuit d'hier, plus la journée d'aujourd'hui... Je ne me sens pas d'aller travailler ce soir. Il expliquera tout au magicien. Le dimanche, c'est une soirée moins animée de toute manière. Je travaille du jeudi au dimanche, sachant que les nuits du vendredi et du samedi sont les plus longues. Je serai reposé, comme ça, lundi pour reprendre les cours. On entre dans un moment important, en plus.

Je suis en quatrième année de business studies. C'est ma dernière, après ça, je pourrais trouver un vrai travail. Quand j'ai eu dix-huit ans, j'ai bossé dans des cafés, dans des restau', et comme livreur aussi... Mémé s'était bien endettée pendant mes années de lycée, et il fallait que je l'aide à reprendre le dessus. Puis l'année suivante je me suis inscrit à l'école. J'ai toujours été bon en cours, donc malgré la césure, je n'ai pas eu de mal à m'y remettre. Les années sont passées et j'ai réussi à combiner mes études avec des jobs par ci par là. Celui à L'Illusion, c'est le mieux payé que j'ai jamais eu. Mais j'espère que je n'aurais pas toujours à faire ça. Cette semaine, on va préparer les entretiens de la semaine prochaine : les plus gros dirigeants de la ville viennent recruter des stagiaires. Si j'arrive à rejoindre une entreprise comme A.C. Partnership, ou Farmaceutica, ou Nautilus... Ce serait le rêve. Un avenir tout tracé. Plus jamais de nuit comme celle-là...

Le souvenir du regard de Mr Clock sur moi me revient brusquement en tête. J'essaye de chasser cette pensée... Je serai aussi riche que cet homme-là, peut-être, si je parviens à intégrer une de ces entreprises. Voilà, c'est pour ça que j'y pense. C'est pour ça que je me souviens de la façon qu'il a eu de me regarder pendant qu'il...

Je sens mon jean devenir un peu serré. En pensant seulement à lui... Il m'a détraqué, ce n'est pas possible... Ma main vient défaire le bouton du pantalon, et passe sous mon boxer. Je suis seul. Personne ne peut me juger...

Je me masturbe avec délectation. Je repense à ses caresses, à la façon dont il m'a touché... À ces longues heures de plaisir...

Cinq minutes plus tard, je remballe. Je mets plus longtemps à venir, d'habitude.

Il m'a complètement détraqué.

Tu seras mien --- M/M 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant