Tu seras mien --- M/M 🔞

Chapitre XII : D'infinies possibilités.

Quand je termine enfin ma semaine, dans la nuit de dimanche à lundi, c'est la mort dans l'âme. Je ne pourrais pas me sentir plus mal. Mr Clock n'a pas remis les pieds à L'Illusion du week-end. J'ai demandé au magicien s'il avait eu des nouvelles, mais il m'a indiqué que Mr Clock avait simplement laissé une prime pour notre entrevue de jeudi soir, aussi courte fut-elle, mais qu'il n'avait rien dit de particulier.

Je me sens horriblement mal. Depuis plusieurs jours, je ressasse l'agressivité avec laquelle je lui ai parlé. Sur le moment, il me semblait justifier d'agir comme je l'ai fait... Parce que je voulais séparer ma vie en tant que Kaïs et celle en tant que Sacha. Mais Mr Clock n'y est pour rien. Il m'a toujours largement rémunéré en tant que Kaïs, et a fait une fleur à Sacha en m'offrant le stage.

Dois-je m'y présenter, demain ? Le culot. D'y aller après ça... Cependant, si je ne m'y rends pas... La plus élémentaire politesse m'oblige à me rendre sur place pour présenter ma démission. Enfin peut-on parler de démission ? Quand on n'a pas commencé à travailler ?

En plus je n'ai passé aucun autre entretien. Si je démissionne, ça équivaut à repiquer mon année. Et là, niveau financier, ce serait catastrophique...

Je suis un idiot. Je suis un vrai idiot.

Quand mon réveil sonne à 7h le lendemain matin, la sensation de compression dans ma poitrine ne s'est pas amoindrie. Non, elle est même pire. Je me lève, fais mon petit-déjeuner. Mémé me manque. J'ai l'habitude de déjeuner avec elle, et de ses petits mots gentils avant de partir en cours. Là, je suis tout seul. Vraiment seul. Je n'ai personne à qui parler de ce qu'il se passe. Je ne peux pas dire à Ivan qui est réellement Mr Clock, il s'est trop réjoui pour moi quand je lui ai dit que j'avais obtenu le stage chez A.C., et pour l'expliquer à Alice, il faudrait aussi qu'elle sache quel genre de petits boulots je fais. Hors de question. Personne ne doit savoir.

Je mâche lentement mes céréales détrempées dans le lait. Je me coiffe devant le miroir. J'ai de petits yeux, soulignés par d'immenses cernes. Je mets ma chemise. Ma cravate. Il fait chaud aujourd'hui mais je rajoute tout de même la veste de costume. Je peux au moins bien présenter pour mon bref passage là-bas.

Je prétendrai que je ne peux pas accepter le stage parce que je dois m'occuper de mémé. C'est naze comme excuse, mais au moins si ça remonte aux oreilles d'Adrian Cadran, peut-être se dira-t-il que ça n'est pas pour l'éviter que je fais ça ? Non, aucune chance. Mais ça paraîtra plus crédible pour mes professeurs.

J'arrêterai complètement l'école cette année. Je travaillerai à plein temps à L'Illusion, en espérant que le magicien veuille bien changer mon contrat. Au pire, je ferai comme Ivan. Visiblement j'ai un minimum de succès auprès des hommes, alors pourquoi pas...

Dans le bus qui m'emmène vers la grande zone d'activité de la ville, je me tiens debout comme un zombie. Je n'ai pas pris ma mallette. À quoi bon ? Pour rester cinq minutes sur place...

Quand j'arrive devant l'immense tour qui abrite le siège social de A.C. Partnership, un soupir m'échappe. Ce que j'aurais aimé travailler là... Le bâtiment scintille de mille feux, comme pour me narguer. Tout autour, il y a un grand parc, où l'on trouve des cafés, des restaurants, des salles de sport... Je me demande si le tout appartient aussi à A.C. ? Oui, sûrement. C'est un puissant conglomérat. Ils ont des chaînes de restaurants, de café, de supermarché... Ils versent aussi dans l'automobile, dans la finance, dans l'immobilier... Il y a tellement de départements que ça donne le tournis, et moi, j'ai vexé le grand patron.

Idiot que je suis.

Je regarde la montre à mon poignet. Il est 8h37. Je suis arrivé en avance. Comme se doit de le faire tout bon stagiaire...