Tu seras mien --- M/M 🔞

Chapitre XV : Une affaire de famille.

Adrian avait roulé pendant près de quarante-cinq minutes. Sacha ne lui avait presque pas adressé la parole, et il se sentait de plus en plus mal à l'aise. Le garçon se contentait de boire, et de jeter un œil à son téléphone qu'il lui avait rendu à mi-chemin.

- Je suis désolé, Sacha... Je croyais vraiment que tu m'avais trompé. Les Hillstorm sont prêts à tout pour... Enfin... Je... Pourquoi ne m'as-tu rien dit ce matin... ?

Le silence répondit à Adrian. Sacha évitait son regard.

- Je... Je sais que tu voulais aller chez ta grand-mère, mais il est 04h00 du matin... Et je veux vraiment qu'on en parle, alors est-ce que je peux t'emmener chez moi ?

- Je...

- S'il te plaît, Sacha.

Le garçon sembla hésiter, puis finit par hocher la tête. De nouveau, du coin de l'œil, Adrian vit qu'il regardait son écran de téléphone. Il avait cessé de grelotter. C'était déjà mieux.

Adrian parvint à se détendre un peu. Toujours était-il qu'il avait des problèmes. Non seulement il venait de faire subir l'enfer au garçon qu'il aimait, mais en plus, il n'était pas plus avancé concernant ses problèmes avec les Hillstorm. Il ne pouvait pas non plus dire à Sacha qu'il avait eu l'intention de laisser Caïn Hillstorm révéler ce qu'il savait à son sujet afin qu'ils puissent être officiellement ensemble, Sacha et lui... Puisque Sacha était un Hillstorm.

Il laissa échapper un soupir. Que pouvait-il faire ? Il allait perdre la compagnie. Il allait peut-être se retrouver ruiné, et il avait fait du mal à la seule personne qui importait réellement pour lui... Comment tout avait pu basculer si facilement ?

- Pour ce que ça vaut, Sacha... Je n'avais pas réellement l'intention de te faire du mal. Même si tu avais été coupable de ce dont je t'accusais... Je n'aurais jamais vraiment pu te faire de mal. Je suis désolé.

Encore une fois, seul le vrombissement de la voiture lui répondit.

Il soupira. Peut-être une fois au manoir, dans un environnement familier, les choses seraient plus faciles.

Lorsqu'ils arrivèrent en ville, tout était calme.

À cette heure-là, les rues étaient peu fréquentées.

Il prit la route de son manoir, et, arrivé à quelques mètres de son portail... Adrian plissa les yeux. Il ralentit et bientôt, s'arrêta. Un véhicule s'était garé devant son portail ? Mais que les gens pouvaient être sans gêne... !

Et d'un coup, la portière s'ouvrit, et il aperçut Sacha qui s'élançait seul dans la nuit.

- Sacha ? Sacha ! Reviens, qu'est-ce qu'il te prend !...

*****

Je cours comme un fou. Les phares de la voiture s'allument d'un coup et m'aveugle. Qu'importe, ils sont venus...

- Sacha ! Tout va bien ?... Oh mon dieu...

J'entends des pas approcher et l'instant d'après, deux bras m'entourent et je fonds en larme.

C'est Mme Hillstorm. Elle me serre contre elle en murmurant des paroles douces. Bientôt, mes trois sœurs m'entourent, elles aussi. Je pleure trop pour pouvoir distinguer leurs traits, mais je reconnais leurs voix.

- Eh bien eh bien, lance alors la voix de M. Hillstorm, dans mon dos. Cela faisait longtemps, Adrian...

Je renifle et fais volte-face. Adrian Cadran se tient face à ma famille. Il me fixe et je sens mes sœurs resserrer davantage leur étreinte autour de moi. Il détourne finalement les yeux et observe mon père.

- Caïn, le salue-t-il, la mâchoire serrée.

- Si je comprends bien, ça ne suffisait pas de faire assassiner mon père. À présent, les Cadran ont aussi décidé de s'en prendre à mon fils ?

Je sens mon cœur s'emballer. Je me retire de l'étreinte de Mme Hillstorm qui passe alors son écharpe autour de mon cou et me frotte vigoureusement le dos. J'ai recommencé à trembler et elle doit croire que j'ai froid... Mais je le sens à peine, mon attention est focalisée sur ce que M. Hillstorm vient de dire.

- Quoi ?

- Ah... Pardon Sacha, tu ne le sais peut-être pas. J'imagine que j'aurais dû te mettre au fait de toute l'histoire. Vois-tu... Le père de M. Cadran a fait assassiner mon propre père... Ton grand-père, il y a une vingtaine d'année.

Mes yeux glissent vers Adrian. Il est blême.

- C'est faux, dit-il.

Mais je sens que sa voix manque de conviction. Il fait alors un pas vers moi.

- Sacha, il faut qu'on parle.

Son regard est suppliant.

Mon père a aussi fait un pas. Il s'interpose, et sort un pistolet de sa poche qu'il braque vers le visage d'Adrian.

Il blêmit plus encore et je sens la panique m'envahir :

- Attendez !

- Reste derrière moi, Sacha. Écoutez-moi bien, Adrian. Si vous vous approchez une nouvelle fois de mon fils, je n'aurai aucune hésitation...

- Je ne veux aucun mal à Sacha, le coupe Adrian d'une voix furieuse. Je veux simplement lui parler !

- Adrian, reprend M. Hillstorm. Vous n'avez pas l'air de comprendre. Vous n'adresserez plus la parole à mon fils. Vous ne le regarderez même plus. J'avais refusé de soupçonner... votre proximité, mais je comprends à présent que c'était une erreur de ma part. Pourtant, vous devriez être content. En sachant cela, je ne peux plus utiliser ce que j'ai mis tant de temps à découvrir à votre sujet. C'est ironique, n'est-ce pas ?

- Chéri ? intervient alors Mme Hillstorm. De quoi parles-tu ?

Je me sens mortifié. M. Hillstorm me jette un regard par-dessus son épaule, l'air hésitant. Il a toujours son arme braquée vers Adrian et je retiens mon souffle.

- Je crois que la relation de Sacha et de M. Cadran dépassait un peu les limites du cadre professionnel... N'est-ce pas, Sacha ?

Je baisse les yeux. Je ne sais plus où me mettre. J'ai tellement honte... Et pourtant, je sens la main de Mme Hillstorm me caresser doucement les cheveux. Lily s'approche de moi et me prend la main, et Laurie avance d'un pas, et se met à côté de son père.

- Et il a osé le kidnapper alors que... ? Vous devriez avoir honte, M. Cadran. Tous des psychopathes dans cette famille ! On devrait l'abattre sur-le-champ ! Il serait facile de le faire passer pour de la légitime défense, non ? Regarde l'état de Sacha !

- Non !

Je n'ai pas pu m'empêcher de crier. Je me remets à trembler. Abattre Adrian ? Mon cœur s'arrête à cette idée...

- Laurie, arrête de dire des bêtises, intervient alors Lina. Tu vois bien qu'il est effrayé, alors pour une fois tais-toi.

Laurie semble prête à répliquer, mais M. Hillstorm lève une main.

- Ça suffit. Montez dans la voiture. Adrian, je vous laisse pour cette fois. Mais je vous assure, vous n'avez pas intérêt à vous approcher encore de mon fils, ou de n'importe quel membre de ma famille. Suis-je clair ?

Je jette un dernier regard à Adrian. Il me regarde, lui aussi. Je sens une infinie tristesse dans ce regard, alors que mes sœurs me poussent gentiment vers la voiture. Il finit par baisser les yeux, et, lentement, il hoche la tête.

- Parfait, jette M. Hillstorm.

Il range son arme, puis entre dans la voiture à notre suite.

Et je fonds en larmes.