Chapitre 2

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PDV : Amy

Les jours suivants, je ne pouvais pas chasser Hayden de mes pensées. Je voyais encore son visage, celui d'un ami qui s'était égaré, et je sentais une lourde responsabilité peser sur mes épaules. Il fallait que je fasse quelque chose, que je tente au moins de le ramener à la réalité avant qu'il ne soit trop tard.

Un après-midi, alors que l'école était terminée, je décidai de le suivre discrètement. Je savais où il se rendait habituellement, dans ce vieux terrain vague derrière les immeubles où traînait ce gang. J'espérais pouvoir lui parler seul à seul, loin de l'influence néfaste des autres.

Je m'approchai, mon cœur battant la chamade. Hayden était là, appuyé contre un mur, discutant avec deux gars plus âgés que lui. Je pris une profonde inspiration et m'avançai, tentant de ne pas montrer ma nervosité.

— Hayden ! appelai-je, tentant de garder ma voix ferme.

Il se tourna vers moi, visiblement surpris. Les deux autres gars s'arrêtèrent de parler, me regardant avec des yeux méfiants.

— Qu'est-ce que tu fais là, toi ? me lança l'un d'eux, un sourire narquois sur les lèvres.

— Je veux juste parler à Hayden, c'est tout, répondis-je en essayant de rester calme.

— On n'a rien à se dire, me rétorqua Hayden, évitant mon regard.

— Hayden, s'il te plaît, juste cinq minutes, insistai-je, mon cœur se serrant.

Il soupira, visiblement agacé, et fit signe aux deux autres de s'éloigner. Ils obéirent à contrecœur, me lançant des regards suspicieux avant de s'éloigner de quelques pas. Je pris cela comme une petite victoire et m'approchai de lui.

— Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il, son ton plus dur que je ne l'avais jamais entendu.

— Je veux que tu sortes de tout ça, Hayden. Ce n'est pas toi, ce n'est pas la vie que tu voulais, dis-je, cherchant ses yeux.

— Tu ne comprends rien, répondit-il sèchement. Ce n'est pas aussi simple. Tu penses que je peux juste partir comme ça ?

— Si, tu peux ! Tu es plus fort que ça, Hayden. Tu n'es pas obligé de rester ici, avec ces gens. Tu peux revenir à l'école, recommencer à zéro. Je peux t'aider !

— T'aider ? Toi ? Hayden ricana, un rire amer. T'es qu'une gamine, tu sais pas de quoi tu parles. Tu penses que la vie c'est juste l'école, les amis, et les goûters gentiment préparés par ta mère ? Réveille-toi.

— Ce n'est pas une raison pour te jeter dans un piège ! Tu te fais du mal, Hayden, tu te perds ! Je t'en prie, arrête ça avant qu'il ne soit trop tard.

— Trop tard pour quoi ? répondit-il, sa voix se durcissant. Tu crois vraiment que je peux tout arrêter maintenant, que je peux revenir en arrière ? Ces gars-là, c'est tout ce que j'ai maintenant. Ils m'ont accueilli quand j'étais seul. Et toi, t'étais où ? T'étais où quand ma grand-mère est tombée malade ? Quand j'avais besoin de quelqu'un ?

— J'étais là, Hayden ! J'ai essayé de t'aider, mais tu m'as repoussé. Je n'ai jamais cessé de m'inquiéter pour toi.

— C'est trop facile de dire ça maintenant, lâcha-t-il, le regard sombre. Mais t'étais pas là quand il fallait. T'as rien vu de ce que j'ai traversé.

Je le regardai, désemparée. Les paroles qu'il venait de prononcer étaient remplies de douleur, une douleur que je n'avais pas mesurée.

— Je... je suis désolée, murmurais-je, les larmes me montant aux yeux. Je sais que je n'ai pas été là comme il fallait, mais je veux être là maintenant.

Il secoua la tête, l'air résigné.

— C'est trop tard, murmura-t-il.

— Non ! insista-je, ma voix se brisant. Ce n'est jamais trop tard ! Si tu fais demi-tour maintenant, on peut encore réparer tout ça. Je suis prête à tout pour t'aider, Hayden, s'il te plaît...

Il garda le silence un moment, les mâchoires serrées, puis se détourna, incapable de me regarder.

— C'est fini, lâcha-t-il finalement. Y a plus rien à réparer. Tu ferais mieux de partir avant que ça se complique pour toi aussi.

Je restai plantée là, le cœur en morceaux, alors qu'il s'éloignait sans un regard en arrière. Mes mains tremblaient de frustration et de tristesse. J'avais échoué. Je n'avais pas pu le ramener, je n'avais pas pu lui faire comprendre qu'il n'était pas seul.

Je me retournai, les larmes coulant sur mes joues. Peut-être que je ne le sauverai jamais. Peut-être que tout ce que je pouvais faire, c'était prier pour qu'il trouve son chemin, même si je ne pouvais plus l'y conduire.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant