Chapitre 17

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PDV : Maya

Je restai assise là, dans ce café, le silence pesant autour de moi. Les mots d'Elisa résonnaient encore dans ma tête, se mêlant à un tourbillon de pensées et d'émotions. Comment en étions-nous arrivées là ? Mon esprit essayait de trouver une explication, une raison, mais tout semblait si confus.

Je jetai un coup d'œil par la fenêtre, regardant Elisa s'éloigner d'un pas rapide, sans un regard en arrière. Un poids lourd s'installa dans ma poitrine. C'était la première fois que je me sentais si seule, si incomprise. Pendant des mois, j'avais essayé de comprendre ce qui s'était passé avec Amy, de démêler la vérité du mensonge, mais chaque tentative semblait me conduire à une impasse.

Hayden... Pourquoi ce nom revenait-il toujours, inlassablement, dans mes pensées ? Il était devenu le centre de mes doutes, de mes craintes. Mais pourquoi ? Pourquoi lui, alors qu'il n'avait jamais rien fait de suspect, du moins pas aux yeux des autres ?

Je repensai à ce jour à la fête foraine, à ce moment où il avait été incapable de répondre à une question simple. C'était peut-être un détail insignifiant pour les autres, mais pour moi, c'était comme une fissure dans une façade parfaite. Et cette fissure continuait de grandir, menaçant de tout engloutir.

Je me levai, laissant quelques pièces sur la table pour payer mon café à peine entamé. L'idée de rentrer chez moi, de me retrouver seule avec mes pensées, me glaçait. Pourtant, je ne pouvais pas rester là, dans ce café où l'air semblait maintenant trop lourd, trop oppressant.

Alors que je sortais, l'air frais du soir me frappa, m'apportant un bref soulagement. Les rues étaient presque désertes, éclairées seulement par la lueur des réverbères. Je marchai sans but précis, essayant de trouver un peu de clarté dans le chaos de mes pensées.

Les mots d'Elisa tournaient en boucle dans ma tête. « Peut-être que tu deviens paranoïaque. » Paranoïaque... Était-ce possible ? Était-ce vraiment moi qui perdais pied, qui voyais des menaces là où il n'y en avait pas ?

Mais non, je ne pouvais pas accepter cette idée. Quelque chose n'allait pas, et je le savais. Il y avait trop de coïncidences, trop de détails qui ne collaient pas. J'étais sûre de l'avoir vue...

Je tournai à un coin de rue et me retrouvai face à face avec Hayden. Il marchait dans ma direction, les mains enfoncées dans les poches, l'air perdu dans ses pensées. Mon cœur s'emballa. La vue de son visage si familier, mais en même temps si étranger, fit naître en moi un mélange de peur et de colère.

Je m'arrêtai net, incapable de décider si je devais lui parler ou non. Il leva les yeux et croisa mon regard. Un sourire léger se dessina sur ses lèvres, mais il n'atteignit pas ses yeux.

— Maya, tu vas bien ? demanda-t-il d'un ton neutre.

Je déglutis, essayant de masquer le tumulte intérieur qui me secouait.

— Oui... oui, ça va, répondis-je, ma voix trahissant ma nervosité.

Il s'approcha, et je sentis cette tension revenir, cette même sensation d'étouffement que j'avais ressentie dans le café. Je ne pouvais plus rester silencieuse.

— Hayden... ce soir là, c'était moi derrière la poubelle... lançai-je brusquement, sans même réfléchir.

Son sourire vacilla, et il me fixa avec une intensité que je ne lui connaissais pas.

— Hein mais de quoi tu parles ? demanda-t-il, feignant l'ignorance.

— Ne fais pas semblant, ce soir la... toi aussi tu m'a vue.

Il fronça les sourcils, son regard se durcissant.

— Maya, je crois que tu te fais des idées.

Cette réponse, aussi calme soit-elle, alluma une flamme de colère en moi. Comment pouvait-il nier quelque chose d'aussi évident ?

— Non ! Je sais ce que j'ai vu, Hayden. Ne me prends pas pour une folle ! ripostai-je, ma voix tremblant d'émotion.

Il poussa un soupir exaspéré, comme si cette conversation l'ennuyait.

— Écoute, Maya. Tu devrais vraiment arrêter de t'obséder avec tout ça. C'est malsain. Si tu continues, tu vas vraiment finir par te perdre.

Ces mots me frappèrent comme une gifle. Je restai là, figée, tandis qu'il continuait à me fixer avec cet air détaché, presque méprisant. Puis, sans un mot de plus, il tourna les talons et s'éloigna, me laissant seule dans la nuit.

Le vent soufflait légèrement, emportant avec lui les derniers vestiges de chaleur de la journée. Mais je ne sentais plus rien, hormis cette froideur intérieure qui s'installait peu à peu. Hayden cachait quelque chose, j'en étais certaine. Mais quoi ?

— Hayden ! criai-je, ma voix résonnant dans la rue. Tu sais, les yeux ne mentent jamais. C'est Amy qui me l'a appris.

Il s'arrêta brusquement, mais ne se retourna pas tout de suite. Je pouvais voir la tension dans ses épaules, comme si mes paroles l'avaient frappé plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Amy m'avait souvent répété cela, comme une vérité absolue. Elle disait toujours que mes yeux se perdent dans le vide que c'était comme si je voyais le monde avec des yeux plus clairs, plus honnêtes. Et maintenant, je le comprenais plus que jamais.

Lui aussi il avait ce regard.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant